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Critique de Dionysos89


Il fut un temps où les éditions L'Atalante avaient davantage la possibilité de faire du polar parmi leurs collections. Les occasions sont plus rares actuellement, mais il n'empêche qu'ils ont réédité un court roman de Jean-Bernard Pouy paru chez eux en 1996 et qui attire l'oeil.

À la façon d'un thriller haletant (et pour cause, puisque le héros a le souffle court tout du long), il met en scène la grise solitude du cycliste échappé. Un cycliste anonyme réussit à prendre la poudre d'escampette et à s'extirper du peloton lors d'une étape du Tour de France ; son but est de faire vivre l'étape du jour, voire de la gagner, ce qui semble compliqué car il n'a pas le profil du baroudeur. Et pourtant, il va crapahuter en tête de l'étape pendant un bon bout de temps. Mais à quoi peut bien penser un homme seul lancé devant une meute ? Comment occuper ces moments d'intense réflexion où chaque effort serait à calculer au plus juste ?
Jean-Bernard Pouy s'est amusé à calquer son texte et son style sur les efforts produits par le protagoniste. Cette technique se voit déjà concrètement, puisque le texte a tantôt des phrases très brèves, tantôt des phrases très longues, singeant la respiration d'un athlète en plein effort. Cela est d'autant plus mis en avant que le cycliste enchaîne sur des rythmes changeants les petits vallons, les faux-plats montants ou descendants et les interminables lignes droites. Vu la relative brièveté du roman, il n'y a pas d'ennui à avoir en suivant ce petit Lilian au destin touchant.
Finalement, l'auteur essaie quand même de nous montrer que cette échappée solitaire est un peu plus qu'une simple solitude face à la masse. À la suite du titre (54x13), le récit attaque sur un grand braquet en enchaînant les références données par le cycliste et les règles tacites qui régissent normalement un peloton, notamment celui du Tour de France ; toutefois, rapidement, l'auteur narre avant tout l'histoire à la fois classique et atypique d'un prolétaire de la route : trop seul face à l'élite, en proie aux pires pressions et qui dévoile son intimité alors qu'il est en plein effort. Ainsi, l'intérêt se déplace progressivement vers les souvenirs et les états d'âme de l'échappé. Pas d'inquiétude malgré tout, sans mettre du fantastique ou du polar dans cet ouvrage, l'auteur glisse en approchant de la fin quelques aspects plus intrigants qu'une simple évocation cycliste.

Jean-Bernard Pouy fait donc du Pouy : c'est court, c'est cinglant et c'est sanguin. Si, en plus, le fait cycliste vous passionne comme moi, alors banco !

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