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Critique de BillDOE


Qui sont-ils ?
Ils sont ceux que nous côtoyons pendant toute notre vie sans les voir vraiment… Ils ont été et sont encore nos meilleurs alliés, participant activement à notre évolution. Ils ont été l'outil principal qui a permis à l'humanité de découvrir le feu, puis l'écriture. Ils nous accompagnent toute notre vie en agrémentant notre confort mobilier. Depuis notre naissance jusqu'à notre mort où ils nous étreignent au fond de cette fosse pour une éternité, ils sont nos plus fidèles compagnons.
Ils nous nourrissent de leurs fruits, nous protègent de la chaleur de l'été, de la froideur de l'hiver, ils nous soignent.
Ils sont le poumon de notre planète. Ils vivent en sociétés, ils communiquent entre eux grâce à la merveilleuse chimie des phéromones, langage imperceptible que nous n'entendons plus.
Ils échappent à notre graduation du temps, un jour pour nous est une seconde pour eux.
Ils nous offrent le meilleur d'eux-mêmes et qu'en faisons-nous ? Parfois de belles choses qui les magnifient et qui nous grandissent, le plus souvent des copeaux, de la fumée, un génocide. Que pensent-ils de notre comportement, lorsqu'ils nous observent du haut de leurs siècles d'efforts pour entretenir une paix végétale, une harmonie biologique, nous activer à entretenir la fureur et le chaos ?
En réponse à cette nature belliqueuse et destructrice de l'homme, Richard Powers écrit : « Tenez bon. Il suffit de tenir un ou deux siècles. Pour vous, les gars, c'est un jeu d'enfant. Il suffit de nous survivre. Alors il n'y aura plus personne pour vous emmerder. »
Evidemment, car ils étaient là avant nous et ils seront encore là après.
Qui sont-ils ? …Ce sont les arbres.
« L'arbre monde » est un panégyrique pour ce monde végétal ignoré. L'architecture de ce roman est bâti comme un arbre dont les racines sont les différentes vies de gens que rien ne prédisposait à faire se rencontrer mais dont les destinées vont s'entrecroiser pour finir par former un tronc commun, avec un philosophie environnementale et surtout la prise de conscience de la tragédie que l'homme est en train de provoquer.

Richard Powers écrit ce message d'espoir : « ce qui effraie le plus ces gens se muera un jour en miracle. Alors les gens feront ce que quatre milliards d'années les ont façonnés à faire : prendre le temps de voir ce qu'ils regardent au juste. »
Au milieu de cette cacophonie de vies fourmillantes qui s'entrecroisent il y a un sens caché qui dépasse, dont on devine le contour et va bien au-delà des intentions de l'auteur, une logique qui échappe à tout entendement humain. L'histoire se soustrait à son auteur, se dérobe, reprend sa liberté pour emmener le lecteur vers le constat de son déni de la tragédie qu'il porte en lui, sa propre disparition pour la survie du paradis duquel il a été chassé originellement. Nous sommes l'erreur dans la grande équation du Monde.
Au sortir de la lecture du roman de Richard Powers, il ne sera plus jamais possible de voir un arbre comme auparavant.
Rends-toi dans une forêt, choisis un arbre, pose tes mains sur son tronc et ralentis ta vie pour la caler sur la sienne afin d'entrer en osmose avec lui. Fait circuler tes pensées depuis les racines les plus profondes de cet auguste amphitryon jusqu'à ses feuilles les plus hautes perchées et prend conscience du monde dans lequel tu vis. Rends-lui hommage !
Traduction de Serge Chauvin.
Editions du Cherche Midi, 10/18, 738 pages.
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