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Critique de Kathleene


Complexe et puissant, sont les deux qualificatifs que j'attribuerais à ce livre.

Complexe de par la forme d'écriture de l'auteur où les métaphores se succèdent les unes aux autres, au point de se demander, lors de la lecture d'une phrase "simple", où se trouve l'image...

Complexe, car il s'agit d'une lecture exigeante autant par le fond que par la forme. La fin du récit m'a permis de comprendre ce que signifiait ces minis paragraphes intercalés dans l'histoire, incursions qui m'ont pourtant dérangée pendant ma lecture, car je n'arrivais pas à comprendre leur présence, en dehors du fait qu'il correspondait au ressenti de Peter Els. Au vu des domaines auxquels s'intéresse Richard Powers, j'aurais dû me douter de leur signification.

Complexe, car il fait appel à une culture musicale et à des connaissances musicologiques que je ne possède malheureusement pas.

Complexe au vu des sentiments ressentis par Peter Els qui aspire à des choses simples, comme la profondeur et la puissance de la musique, la magie de la science, et le bonheur de vivre avec sa fille et sa femme.

Un génie qui n'a malheureusement pas la possibilité de vivre ses passions comme il l'entendrait. A la science, il a préféré la musique comme fil conducteur de son existence. Celle là même qui se retrouve gâchée par l'abandon de cette femme qui a su pourtant lui témoigner tant de patience, et l'éloignement de sa fille si chère à son coeur quand il fait de la musique son choix de vie.

Musique qui n'aurait dû être qu'un passe-temps au profit d'une carrière scientifique à laquelle il aspirait au fond de lui.

Musique qui l'a pourtant dévoré, le prenant aux tripes, l'enveloppant complètement là où même le silence est porteur de sensations uniques.

Musique à laquelle il s'est entièrement donné afin qu'elle puisse l'assaillir et lui restituer cette indescriptible beauté qu'il ne trouvera nulle part ailleurs.

Musique qui l'amène à des extrémités comportementales qu'il n'aurait jamais imaginé. Car au fond de lui , tous ses actes ne sont que le reflet de sa recherche ininterrompue et infinie de la sublimation musicale, alliée à une soif de connaissance insatiable dans ses domaines de prédilection que sont la science et les nouvelles technologies.

Cette puissance destructrice de la musique va l'amener sur des territoires dangereux qu'il n'a pas su contourner, car il n'en n'avait plus la possibilité. Cette passion ravageuse, qui est ancrée au plus profond de lui est à la fois sa félicité et sa perte.

Puissance que l'on retrouve dans l'écriture de Richard Powers qui, malgré les difficultés rencontrées quant à la compréhension du texte, a su réveiller en moi la petite corde musicale qui vibre et transforme la musique en sensations physiques, au rythme des notes égrenées.

La description de la création du "Quatuor pour la fin du temps" d'Olivier Messiaen et de sa représentation donnée au stalag en 1941, est tout simplement remarquable et émouvante. Au coeur de la détresse des prisonniers, des conditions de vie terribles qu'ils doivent affronter, cet épisode décrit à quel point la musique peut magnifier des émotions et créer un espace temps qui permet d'exclure toute l'horreur du présent vécu.


Au delà des mots, il ressort de cette histoire des sensations fortes et intenses, que seule, peut-être, la musique peut offrir et que Richard Powers à su faire partager.


Livre lu dans le cadre de Masse Critique.
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