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Critique de katicha


Il y a quelquefois des choses si belles qu'on ressent de la douleur à les admirer. A mes yeux, ce roman en fait partie.
Il y a parfois des instants de grâce qui s'éternisent, la beauté du monde alentour qui nous possède, et la vie qui peut s'arrêter. Aux yeux de Robin, c'est ce qui a le plus de prix. Parce que Robin a 9 ans, parce que Robin est autiste, parce que Robin est orphelin de mère.
Et tout le reste, le grouillement des gens, le bruit, la vacuité des actes quotidiens, tout cela fait obstacle à la vraie vie, au plaisir de contempler l'eau qui coule, les reflets du soleil, les étoiles là-haut.
Les étoiles, Théo les connaît bien. Et pour garder le contact avec son fils, autant que pour faire avancer ses recherches d'astrobiologie, il raconte la vie telle qu'elle doit être ailleurs; tous les soirs, les planètes viennent bercer l'enfant, un petit moment de communion paternelle qui ne comble pas le deuil, qui ne répare pas les colères et les drames du jour, mais un petit moment de grâce malgré tout. de sidération.
Le vacarme du monde, toutefois, ne se laisse pas oublier aussi facilement. le vacarme des forêts qu'on abat, des politiques insensées, des idées reçues ou des conventions sociales absurdes. Et un jour, Théo doit choisir: s'il ne se décide pas à faire "soigner" son fils, pour qu'il rentre dans le moule , pour qu'il cohabite avec les autres élèves dans la plus stricte normalité (comprenez = apathie) les services sociaux s'en occuperont.
La camisole chimique qu'on impose aux enfants autistes semble intolérable à ce père, perdu, éperdument triste. Aussi, afin d'échapper à cette menace, Théo se décide-t-il à retourner chez un ami de sa défunte femme, un neurologue qui expérimente depuis quelques années une méthode révolutionnaire consistant à tempérer ses propres émotions par celles des autres, préalablement enregistrées dans une machine . Une sorte de rééducation émotionnelle, qui va puiser ailleurs ce qui nous fait défaut: le "neurofeedback". D'ailleurs, avant de mourir, la maman de Robin avait procédé à des enregistrements pour tester le dispositif...

Je ne vous raconterai pas la suite, parce que ce serait injuste de vous priver d'une découverte aussi puissante, aussi bouleversante. Je dirai juste un mot concernant le personnage de l'enfant: entre autres beautés de cette histoire, j'ai apprécié l'attention de l'auteur pour les comportements autistiques et pour la PENSÉE autistique , ce qui est rarissime. Robin est un véritable personnage, pas un faire-valoir, pas juste un élément du récit. Richard Powers connaît bien ce dont il parle, et il en parle bien.
Merci à lui.
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