Ce qui m'a le plus gêné au début de ce roman, c'est son style, qui est fait de très longues phrases au vocabulaire précieux et peut-être même prétentieux. Et puis au fil de la lecture on s'habitue à ce rythme qui a sûrement à voir avec le propos principal du récit, et je l'admets, il y a plus d'érudition que de prétention dans ce vocabulaire si soutenu. le narrateur se souvient d'une journée, où, de retour d'un voyage en long-courrier, il s'était assoupi sur le banc public d'un parc parisien, victime du jet-lag. Dans ce demi-sommeil le lecteur suit ses pensées qui tournent souvent autour d'un sujet obsessionnel : le temps qui passe. Effectivement, en progressant dans le récit on apprend que ce personnage a la lubie d'objets comme les horloges, les montres ou les pendules. On apprend aussi son âge, son métier (« brocanteur-détective privé »), on apprend qu'il a un rendez-vous ... Informations distillées au long de ses digressions somnolentes sur les hirondelles et les martinets qui font le printemps, sur les paquebots transatlantiques, Google-Earth, les podcasts radio ... Et aussi sur des souvenirs ; d'enfance particulièrement : Les quarts d'écu que confectionnait sa grand-mère - Sa Madeleine de
Proust à lui, or quand on partage une madeleine de
Proust, il arrive ce qui doit arriver ... Mais je n'en dis pas plus sur le terme de l'histoire - Un passage m'a notamment touché, celui des oublies, ces biscuits qui étaient vendus dans les rues au XVIIème siècles et que l'on a « oubliés » sauf dans les vieux dictionnaires comme le Richelet de 1680 (voir mes livres en cours). le style, finalement m'a conquis, on y perçoit la jubilation d'écrire de
Christophe Pradeau, c'est son originalité, sinon son identité. Comme dans tous les romans intimistes il y a une grosse part d'autobiographie (le Limousin natal de l'auteur, l'amour des livres : il enseigne la littérature ...). Je pense aussi que d'une certaine façon c'est un texte sur le bonheur sans le dire. Une belle et riche découverte donc qui vaut pour moi 4*. Allez salut.
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