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Critique de CDemassieux


Si vous pensez que la poésie de Prévert est « une effroyable omelette manquée », allez manger des vers ailleurs ! Sinon, soyez les bienvenus à table !

Prévert, l'homme qui murmurait à la vie, depuis l'arbre jusqu'à l'enfant, en passant par le dromadaire qui n'est pas un chameau. Un enfant forcément du Paradis, son Paradis à lui, cet enfant de Paradis parti le 11 avril 1977, « les quatre vers en l'air », aussi tranquillement que « le Fusillé » mais moins violemment tout de même, ce qui ne veut rien dire, je sais : « Un homme est là par terre comme un enfant dormant. »

Lire Prévert c'est un voyage. Mais un voyage pas de tout repos, où le rêve a rendez-vous avec le cauchemar qui raconte les petites horreurs humaines :
« Mais jamais plus elle n'ouvrira la fenêtre / la porte d'un wagon plombé / une fois pour toutes s'est refermée sur elle / et le soleil vainement / essaye d'oublier ces choses. » Les choses en question ce sont les déportations sous l'Occupation…

Prévert aime le bonheur mais il n'est pas niais. Ce qui fait toute la tendresse de sa poésie, cherchant l'amour comme on chercherait des champignons. Une tendresse surréaliste, impressionniste, impressionnante et impressionnée : « le lézard de l'amour / s'est enfui encore une fois / Et m'a laissé sa queue entre les doigts / C'est bien Fait / J'avais voulu le garder pour moi. »

Histoires, c'est un carnaval d'animaux à deux ou quatre pattes, certes, mais un carnaval d'absurdités oniriques, d'humour cynique, de mots magiques…aussi. Ce qui me fait dire qu'à lui seul Prévert est une invitation à ne pas complètement désespérer des hommes ; et des femmes aussi, mais dans une moindre mesure.

Surtout, ce qui se lit ici : « C'est la voix d'un chagrin tout neuf / La voix de l'amour mort ou vif / La voix d'un pauvre fugitif. » La voix d'un amoureux éconduit par la dureté de la vie.

Alors fuyons, pour un temps seulement, avec Prévert et oublions le reste, pour un temps seulement. Imaginons-le en « bonhomme de neige / Avec une pipe en bois » et transformons-nous en maison pour que : « Dans une petite maison / il entre sans frapper »…




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