AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pavlik


Un très grand moment de SF !

Le roman démarre par un incipit marquant : "j'avais atteint l'âge de 1000 km"...Et l'on comprend d'emblée que des problèmes d'espace temps vont se poser. Mais attention, ne pas s'attendre à un récit de hard SF (où alors pas dans l'acceptation classique du terme)

Christopher Priest imagine une ville en perpétuel mouvement, qui se déplace sur des rails en direction de l'optimum. L'optimum est par nature inatteignable car, s'il est fixe, le sol, lui, ne cesse de bouger. Il est le point qui garantit à la ville et ses habitants de demeurer dans des conditions de vie terrestres. Quel est ce monde étrange, en forme d'hyperbole, qui manifeste de curieuse distorsions de l'espace-temps ? Vous ne le saurez que dans l'ultime partie du livre...La société de la Ville (ou Terre) est très rigide et très structurée. Au nom de la nécessité de survivre, le système des guildes maintient le plus possible les habitants dans l'ignorance de la réalité qui les entoure. Il existe 6 guildes majeures : les Bâtisseurs de Pont, les Voies (responsable du démontage et remontage des rails), la Traction (en charge des treuils qui font avancer la ville), les Topographes du Futur (en charge de cartographier la route à suivre pour ne pas trop s'éloigner de l'optimum), les Echanges (chargés des rapports avec les tooks, les autochtones) et la Milice (la sécurité). le conseil des Navigateurs est l'autorité suprême qui régit l'ensemble. On suit le parcours d'Helward Mann, depuis son intronisation chez les Futurs jusqu'à un âge avancé. C'est autant son évolution que celle de la ville qui sont le fil rouge de l'histoire....

"Le Monde Inverti" est un roman très aboutit, sur la forme comme sur le fond, et constitue, pour moi, un classique du genre. Non seulement l'évocation de la ville, dans ses rapports sociaux et politiques, est une totale réussite, et en fait un petit monde en soi, mais encore l'évolution d'Helward Mann, dans sa découverte de la réalité, ou à travers ses problèmes personnels, est tout à fait crédible et tangible. Par ailleurs, l'auteur prend bien soin de ménager le suspens jusqu'au bout et de nous balader sur des fausses pistes. Enfin, "le Monde Inverti" présente également de nombreuses résonances et réflexions avec les sciences humaines, et du point de vue de l'histoire du genre SF, il est tout à fait intéressant et révélateur de son époque de rédaction (les 70's) qui marque une évolution par rapport aux années 1950, davantage inspirées par les sciences dures. Chacun y trouvera midi à sa porte, mais il est difficile de passer à côté des questionnements sur la nature de l'instruction des générations futures, en rapport avec le maintient du système en place, également sur les contingences extérieures, qui semblent être les seules à même de faire bouger les structures sociales ou encore sur la nature même de la réalité : qu'elle est-elle ? Comment se construit-elle ? Et comment change-t-elle ? Comment la percevoir objectivement et est-ce seulement possible ? Vous l'aurez noté, de la philo à la physique quantique il n'y a qu"un pas et Christopher Priest réussit parfaitement à réaliser la quadrature du cercle !

Pour conclure, "le Monde Inverti" est pour moi un gros coup de coeur, un roman tout à fait saisissant et captivant à tout de point de vue. Comme le souligne Finitysend, il fait partie de ces oeuvres idéales pour découvrir le genre par la grande porte.
Commenter  J’apprécie          727



Ont apprécié cette critique (64)voir plus




{* *}