Une illusion se divise en trois étapes.
Tout d’abord, les préparatifs, qui permettent d’esquisser, de laisser deviner ou d’expliquer la nature de la tentative à venir. Les accessoires sont visibles. Des volontaires appartenant au public participent parfois à ce prélude, au cours duquel le magicien dispense autant de renseignements trompeurs qu’il lui est possible.
L’exécution qui, pour susciter le spectacle de la magie, associe une vie passée à s’entraîner au don inné de comédien du prestidigitateur.
Enfin, la dernière étape, aussi appelée effet ou prestige, qui est le produit de la magie. Si l’illusionniste tire un lapin de son chapeau, l’animal, apparemment dépourvu de toute existence avant l’exécution du tour, peut être qualifié de prestige de ce tour.
J'avais atteint l'âge de mille kilomètres.
De l'autre côté de la porte, les membres de la guilde se rassemblaient pour la cérémonie qui ferait de moi un apprenti.
(incipit)
Je suis un lecteur de science-fiction, ou plus exactement de littérature spéculative : Wells, Huxley... Mais je ne me préoccupe pas beaucoup de ces questions de genre. L'important, c'est de trouver son propre matériau, originel et original. Se réclamer d'un genre, c'est aussi se contraindre à l'imitation, et c'est une mauvaise méthode. Ce qui compte, c'est l'écriture.
(interview de Télérama publiée le 11 juin 2015 http://www.telerama.fr/livre/christopher-priest-la-magie-est-pour-moi-une-metaphore-de-l-ecriture,127534.php)
Autrefois je croyais que la force des mots était garante de vérité. Qu'à condition de trouver le mot juste, il ne dépendait que d'un acte de volonté approprié que je parvinsse à consigner sous une forme affirmative tout ce qui était vrai. J'ai appris depuis que les mots n'ont d'autre valeur que celle de l'esprit qui les choisit, de sorte qu'il entre dans l'essence de toute chose d'être une forme d'imposture. Choisir trop soigneusement fait verser dans le pédantisme, ferme l'imagination à de plus larges visions, tandis que l'excès inverse équivaut à convoquer l'anarchie au sein de l'esprit.
En décrivant mon passé, j'avais voulu façonner mon futur.
Désormais j'étais coupé de toutes ces choses. C'était de ma propre volonté, et pourtant, de façon aberrante, tout cela me manquait jusqu'à me donner l'impression d'un dénuement complet. [...] mais je découvris que mes besoins n'étaient pas tournés vers l'extérieur. Le vide était en moi.
A ma grande horreur, je découvris que le synthétiseur de nourriture était fondé sur un système de filtration des égouts.
Je songeai à d'autres personnes revues au bout d'un long intervalle de temps. Il y avait toujours un premier effet de surprise, un choc interne : il a changé, elle a pris un coup de vieux. Et puis, en quelques secondes, la perception change, et l'on ne voit plus que les similitudes. L'esprit corrige, l’œil accepte ; les progrès de l'âge, les différences de vêtements, de coiffures et d'allure sont refondues par la volonté de discerner une continuité. Une voix reste la même, des maniérismes subsistent, un sens de l'humour bien spécifique ne change pas. Le poids d'une personne peut changer, pas sa taille ou son ossature. Et bientôt c'est comme si rien n'avait changé. L'esprit retrouve le passé par effacement, recréant la réalité du souvenir.
Autrefois je croyais que la force des mots était garante de vérité. Qu'à condition de trouver le mot juste, il ne dépendait que d'un acte de volonté approprié que je parvinsse à consigner sous une forme affirmative tout ce qui était vrai. J'ai appris depuis que les mots n'ont d'autre valeur que celle de l'esprit qui les choisit, de sorte qu'il entre dans l'essence de toute prose d'être une forme d'imposture.
A mesure que les jours passaient mon humeur s'assombrit. Je devins moins soucieux de mon environnement. Je restais des jours sans changer de vêtements, je cessais de me laver et de me raser et je ne me nourrissais que des aliments les plus simples et les plus pratiques. Je me réveillais tard et j'étais presque toute la journée en proie à d'atroces migraines et à des raideurs dans tout le corps. Je me sentais malade et avais l'air malade, bien que j'eusse la certitude que rien n'allait de travers sur le plan physique.