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Critique de Sachenka


La lecture du roman Les villages de Dieu constitue tout un électrochoc. Âmes sensibles, vous êtes prévenues. Ça raconte l'histoire de Célia et, à travers elle, celle de son pays, Haïti. La république haïtienne ne l'a pas facile, depuis plusieurs décennies. Et il semble que les choses soient pires depuis le tremblement de terre de 2010. Et, à voir comment tourne le monde, je ne crois pas que la situation là-bas s'améliore sous peu. Dans ce roman, on retrouve de la misère humaine, beaucoup de misère humaine. D'ailleurs, le roman s'ouvre sur la protagoniste Célia qui découvre sa grand-mère morte. Cette dernière est chanceuse, elle a pu quitter ce monde dans la paix. Beaucoup d'autres n'ont pas cette chance et expirent sous les balles. C'est ainsi que périront plusieurs autres personnages de ce roman. C'est que la vie est dure, dans les cités haïtiennes.

« Je ne pouvais m'empêcher de penser à la générosité qui résistait à la très grande violence, la misère et l'indifférence qui existait dans la Cité. Féfé faisait partie de ceux qui aidaient, avec les moyens dont elle disposait, c'est ce qui permettait que tienne encore cet échafaudage fragile sur lequel on ajoutait chaque jour de la frustration et du désespoir. » (p. 139)

C'est ça, Haïti. Des gens qui survivent de jour en jour avec le peu dont ils disposent. Toutefois, pour plusieurs, ce n'est pas assez. Dans tous les cas, ce n'est pas une vie.

« Les gens étaient insensibles au délabrement généralisé, au chaos qui occupait chaque centimètre. Au fond, eux aussi ils étaient en ruine, autant que l'environnement dans lequel ils vivaient. » (p. 139)

La misère est à chaque coin de rue, presque dans chaque chaumière.

« Les femmes frappaient leurs enfants, leurs maris les frappaient, les petits se cognaient dessus, les voisins s'en mettaient plein la gueule au moindre prétexte ; des cris sortaient de partout et s'amoncelaient au-dessus de nos têtes de gros nuages annonciateurs de catastrophes diverses, de petites fins du monde, de ruptures. » (p. 191)

Devant l'échec des politiciens, le gouvernement qui ne fonctionne plus comme il le devrait, les infrastructures qui tombent en ruines, que faire? C'est alors que des chefs de gangs prennent le contrôle de quartier, soi-disant pour assurer la sécurité, la protection des habitants, mais c'est surtout une façon de faire de l'argent et, pour des garçons désabusés, agressifs et remplis d'hormones, une manière d'exercer un certain contrôle sur sa vie. Seulement, quand cela tourne à l'arbitraire et à la violence, ouf! Même la police n'ose plus pénétrer dans ces repères de brigands. Quand j'entends parler aux informations de quartiers sensibles, mêmes dans nos pays soi-disant riches, je me dis qu'il ne suffit que d'une catastrophe ou deux pour que la situation dégénère.

Tout ceci étant dit, la lecture des Villages de Dieu, de toute cette misère humaine ne fut pas trop pénible. Peut-être parce que la protagoniste, même si elle vit au milieu de tout cela, ne semble pas autant affectée. Elle observe mais ne se mêle pas trop. Elle se contente de documenter, de publier sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, grâce à cela, elle augmente son nombre d'abonnés, attire l'attention de fournisseurs et améliore sa situation. le roman se termine sur une lueur d'espoir. du moins, pour Célia. Je ne mise pas sur le sort de la république haïtienne, du moins, pas dans un futur proche. Dans tous les cas, ce roman porte à la réflexion et, peut-être, à l'action. Comment aider?
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