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Critique de chrysalde


Après Solange Fasquelle, une autre autrice tombée en déshérence. le livre a été publié en 1973.

Le premier chapitre nous décrit la terrasse des Bernardini à la façon d'un peintre qui décortiquerait son travail pour le faire voir à ses élèves juste en l'évoquant avec des mots. C'est beau comme une toile de Théo van Rysselberghe.

Six très vieilles dames respectueuses y sont assises, occupées à boire une tisane et à bavarder jusqu'à ce que le soir tombe.

La narratrice les connait bien, elle est la fille de l'une d'entre elles. le passé que sa mère lui livre par bribes ne suffit pas à composer la trame de plusieurs existences. Alors elle brode autour des morceaux de vie qu'elle connait, elle remplit les vides pour nous proposer cette histoire. Les vieilles la fascinent, peut-être parce qu'elles sont au seuil de la mort, peut-être aussi parce qu'elles préfigurent l'inéluctable destin de chacun de nous.

Elle se concentre sur Laure, actuelle maitresse de la maison Bernardini.

Qui est-elle ? A-t-elle été une jeune fille apparemment tendre et naïve qui ourdissait des plans pour s'approprier le nom, et la fortune des Bernardini ?

Ou n'était-elle que droiture et honnêteté, manipulée par la famille Bernardini pour être une épouse respectable et effacée, donnant ainsi à Paul la possibilité de continuer à vivre une vie de débauche sous couvert d'homme marié, père de famille ?

En d'incessants aller-retour entre le passé, la jeunesse de Laure, son mariage, la naissance des enfants, le décès de sa belle-mère, les frasques de son mari et le présent, la vieille dame veuve maîtresse de maison, on découvre trois-quart de siècle d'existence et tout un microcosme bourgeois début de 20ème siècle.

Si on devait analyser ce texte à l'aune de notre époque on dirait que Laure est un transfuge de classe. Elle a su s'imposer auprès d'un mari finalement mou et plus enclin à courir la gueuze qu'à gérer ses biens. Elle a su se rendre indispensable auprès de sa belle-mère. le fait d'avoir donné deux descendants mâles à la famille l'a assisse indiscutablement comme la maitresse de maison et de facto, la belle-mère décédée, elle devient reine au royaume des Bernardini. La petite fille de commerçants du village a fait du chemin.

Mais que se passait-il une fois la lourde porte de la demeure refermée ? Qui choisissait, qui manipulait ?
La narratrice propose plusieurs options, précisant : tout ceci n'est que suppositions.

J'ai trouvé ce procédé d'écriture très intéressant, très impliquant. J'avais à chaque fois une idée de déroulement mais rarement celle choisie par l'autrice.

C'est un petit bijou de perversité, de cynisme, je n'ai eu aucune difficulté à imaginer Laure et Thérèse intriguant afin tout d'abord d'atteindre un certain niveau dans la société et ensuite d'arriver à le garder.
Un roman qui mérite vraiment d'être remis au goût du jour pour les nostalgiques de Vipère au poing, de Thérèse Desqueyroux.
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