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Critique de athirsata


« Sodome et Gomorrhe », voilà un titre sulfureux pour bien peu de choses aujourd'hui, qu'est-ce qu'on y apprends? Que le vieillissant Baron de Charlus, aristocrate mondain, "inverti" selon l'expression de l'époque pour désigner les homosexuels, s'adonne à ses turpitudes et ses galanteries avec son giletier Jupien et son musicien Morel, ses deux dernières conquêtes. Je ne sais pas sur quel personnage d'époque s'est inspiré Marcel Proust pour évoquer cet aristocrate mondain, maquillé, qui aujourd'hui, loin des préjugés de sa famille, aurait fait son "coming out".
Quant au narrateur, voyeur par accident, pâle compagnon d'Albertine, dont il est atteint d'une jalousie maladive alors qu'il est incapable de d'entamer une relation physique avec elle. Il décrit leur seul contact comme un aveu de désintérêt : Un baiser avec la langue que lui octroie Albertine qu'il décrit comme une expérience étonnante pour lui, sans aucun sentiment amoureux ni échauffement physique. de quoi est-il jaloux? de l'intérêt que lui porte son ami Saint-Loup dont il redoute une aventure, d'une suspicion de lesbianisme de la part d'Albertine qui connait un couple de femme « inverties », d'une remarque du Docteur Cottard, qui lui fait imaginer qu'Albertine ayant dansée avec son amie Andrée, se seraient frôlées les seins d'un peu trop près…et donc lui aurait cachée son côté « invertie ». Les angoisses du narrateur me semblent plus liées à son incapacité sexuelle à s'engager auprès d'une jolie femme, fût-elle Albertine dont il apprécie la compagnie et la beauté qui réhausse son prestige. Son déni est tel qu'il fait passer Albertine pour une cousine dans les salons de madame Verdurin… La pauvre et gentille Albertine, dont il moque les expressions à son gout trop populaire, elle qui attend patiemment les désirs de son pygmalion sans jamais désespérer. Dernier caprice, il emmène Albertine à Paris, (ils font chambre à part et leur rapport sont tout aussi platonique) pour l'éloigner du couple de lesbienne dont il imagine des penchants à Albertine…
Le texte ne s'en tient pas seulement à ces considérations, il y a toujours les rapports humains, les jalousies, les promenades en auto, les considérations des uns et des autres sur l'affaire Dreyfus, et le temps qui passe inexorablement sur les diners et les salons, à l'heure ou l'on se reçoit entre gens du même monde à défaut d'autres distractions. Combray devenu un peu douloureux au narrateur depuis le décès de sa grand-mère, le temps qui passe sur tous les personnages qui les rend si fragile et si délicieux, déjà engloutis par le temps qui est passé depuis si longtemps. Je pense à l'Invention de Morel de Bioy Casares ou les personnages depuis longtemps disparus, laissent leur image, leur vie, revivre lorsque la marée motrice enclenche les moteurs qui déclenchent la même éternel enregistrement.
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