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Critique de SophieChalandre


Au moment où paraît le Discours de la méthode de Descartes, le missionnaire jésuite portugais Cristovão Ferreira, alors au Japon, rédige en 1637, en une soixantaine de pages, un règlement de compte frontal avec la religion catholique qu'il qualifie de "pure invention". Il faut noter que ce brûlot antichrétien aurait été écrit après une séance de torture par l'inquisition japonaise pour encourager notre malheureux jésuite à sa conversion au bouddhisme zen.

Il n'empêche, ce mémoire très argumenté concentre tous les thèmes que les futurs penseurs de l'athéisme reprendront : Dieu n'a pas créé le monde puisque le monde n'a pas été créé et l'immortalité de l'âme est une imposture puisqu'elle est d'ordre matériel. Marchant dans les pas d'Erasme, il nie l'autorité d'un Pape richissime et cupide qui sanctifie les grandes conquêtes d'un catholicisme impérialiste, quand le peuple vit dans la misère, et en profite pour dénoncer les indulgences qui permettent de racheter les péchés en payant argent comptant.
L'apostat Cristovão Ferreira récuse également tous les arrières-mondes, paradis et enfer, ainsi que la culpabilité inventée face au péché originel. Tout y passe : la fable de la virginité de Marie, la stupidité des sacrements, la fiction de la résurrection du Christ aussi irrationnelle que stupide.
Cristovão Ferreira oppose au christianisme le bon usage de la raison. C'est violent, rationnel et inattendu pour l'époque (première moitié du 17ème siècle) alors que les penseurs libertins au même moment n'osent pas formuler clairement un quelconque athéisme mais réfléchissent plutôt à une foi tolérante et raisonnable.

Deux solutions : soit l'inquisition japonaise lui avait asséné une torture inédite redoutablement efficace, soit le jésuite Ferreira, érudit et éclairé, cultivait depuis longtemps un scepticisme plus que certain pour la foi chrétienne.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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