AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de nadejda


J'ai désiré lire ce nouveau livre de Sophie PUJAS car j'avais beaucoup aimé dans la collection l'un et l'autre "Z. M", qui permettait, par une approche enveloppante et douce, faite de petits textes, succession de touches légères, la rencontre avec le peintre discret et bouleversant qu'était Zoran Music.
Avec "Ce qu'il reste de nuit" j'ai retrouvé la même approche que pour Zoran Music, au moins pour ce qui est de la forme fragmentaire. Car les éclats, réunis pour faire partager cette nouvelle rencontre avec un artiste comme Lokiss, résonnent cette fois comme des cris ou frappent comme des coups sur un punching-ball.
Sophie Pujas sait restituer et partager la singularité de Lokiss à travers le temps et les lieux qui ont vu naître et se développer, dans les années 80, cet art des graffitis sur les murs de nos villes. Un mouvement qui avait pris naissance, une dizaine d'années auparavant à New-York.
Elle nous fait suivre son parcours éclaté, nous emmène au coeur de la fusion, dans le noyau de la création grâce à une écriture poétique qui parvient à en épouser la violence et à nous en communiquer la force et l'intransigeance.
Du Big Bang originel de ses quinze ans où l'entraîne "une idée, ...une détonation. Qui happe sa victime dans les replis de ses déflagrations.
...son explosion intime tient en un mot très simple : graffiti."
"(...) Tagguer.
Sa nouvelle évidence" après le skate au Trocadéro,"son mouvant royaume, son prolongement."

Tout au long de son parcours Lokiss suivra ainsi une suite d'évidences qui s'imposent soudainement à lui. Il n'est pas homme à se laisser enfermer. Il sait aussi prendre le large, disparaître entre deux explosions. Quand les graffitis se normalisent, il expérimentera d'autres domaines quitte à se tromper.
"Il peint des créatures en fusion, explosion, qui tentent de s'échapper des toiles.
Le silence est parfois cette paix gagnée au terme d'un cri, cet instant de suspension, d'apesanteur avant les vastes catastrophes. le fragile équilibre du chaos.
Avec la peinture, il retrouve le vertige d'autrefois, celui de l'imparfait, de l'urgence, de l'erreur.
L'erreur et l'échec sont deux réalités fort distinctes.
"Il s'agit toujours de basculer vers la zone d'inconfort,d'étrangeté, de danger. Ce moment où l'on chute vers ce que l'on ignore et qui prend vie." p 66

C'est passionnant et étourdissant de suivre ainsi le parcours d'un homme traversé par une "Énergie impossible à contenir dans un projet unique, cavalcade de pensées toujours en mouvement." Merci à l'auteur pour cette découverte d'un artiste qui nous rend notre "intranquillité", un artiste qui nous montre que
"À son plus grandiose, la nature n'a rien de délicat.
Elle chatoie, flamboie, explose.
Elle époustoufle et ne se laisse admirer qu'à celui qui l'a affrontée au plus périlleux de lui-même." p 94

Merci à Babelio et aux Éditions Buchet Chastel qui m'ont offert avec ce livre une brûlante découverte.



Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}