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Critique de fabienne2909


« La loi, c'est toi ».

Telle est la légende d'une vidéo contenue dans un message Whatsapp que reçoivent un jour plusieurs centaines de milliers d'Italiens. Dans ladite vidéo, la diatribe contre une justice qui n'est plus capable de la rendre, à force de corruption et d'inefficacité, par un homme masqué, qui sera rapidement surnommé le Dentiste. Pourquoi ce sobriquet ? Pour illustrer ses propos, il a enlevé un homme coupable de pédophilie mais acquitté pour vice de procédure, dont il a arraché toutes les dents à vif avant de les donner à la dernière victime de celui-ci… et propose aux destinataires du message Whatsapp de voter dans les trois heures s'ils veulent qu'il exécute l'homme ou le sauver. Les médias s'emballent évidemment pour l'affaire, et la tension avec les forces de police, directement attaquées, monte rapidement. Un contexte donc plutôt tendu pour une course contre la mort entre la police et le Dentiste, menée par les enquêtrices sardes Mara Rais et Eva Croce, que l'on avait déjà rencontrées dans le précédent roman de l'auteur, « L'île des âmes ».

J'avais adoré ce premier volume, et j'ai retrouvé avec le même plaisir les deux enquêtrices de choc dans une nouvelle aventure aussi gore que la précédente, mais différente cette fois-ci : la spiritualité nurraghe et le magnétisme propre à la Sardaigne sont délaissées cette fois-ci par l'auteur au profit d'une réflexion morale sur la part sombre de l'homme, renforcée par les réseaux sociaux, qui souvent fait ressortir le pire et fait s'interroger le lecteur en lui faisant se demander s'il aurait voté, et pour quelle solution. Outre cette fragilité morale, fruit d'une époque un peu instable, la télé trash, probablement celle de la Rai même si elle n'est pas nommée, est aussi critiquée pour sa capacité à aller toujours plus loin dans le pire pour faire toujours plus d'audimat et de fric.

Piergiorgio Pulixi arrive ainsi à créer une intrigue plutôt originale, qui m'a tenue en haleine du début à la fin, et pleine de fausses routes, puisque je me suis mise à soupçonner des personnages, et pas d'autres (aurais-je pu être enquêtrice ? Pas sûr…), entretenant savamment ses rebondissements, qui tombent toujours au bon moment. Ses deux héroïnes principales, Mara Rais et Eva Croce, ont également cheminé dans leur vie, dans leur psychologie, et font vraiment un bon tandem complémentaire (outre les étincelles causée par les frictions finalement affectueuse entre ces deux enquêtrice, l'une toujours tirée à quatre épingles mais au langage de charretier sarde, et l'autre au look rebelle, au bord du précipice en raison de son histoire traumatisante), dynamisé par l'irruption d'un nouveau personnage, le vice-questeur Vito Strega, le criminologue prodige et beau gosse (on remerciera l'auteur de ne pas être tombé, même si à un moment ça a été un peu limite, dans la romance malvenue), qui me semble être appelé à rester dans le paysage, un nouvel épisode de la série ayant été publié en Italie au printemps 2022. J'ai hâte que Gallmeister le fasse paraître en France !
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