AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de read_to_be_wild


« - Sais-tu, continua Lars Levi, qu'en same du Nord il existe plus de deux cents mots pour désigner la neige et la glace?
Il ne laissa à personne une chance de répondre.
- Par exemple, poursuivit-il, il y a un mot magnifique, dans le dialecte du Nord, pour désigner le moment où la neige tombe si fort qu'on ne voit plus la limite entre ciel et terre. Pour parler de la neige à ce moment très précis.
- Borga, dit Willa, avec la prononciation douce des Lapons. Et quand la neige est fraîche et posée sur les petites branches des arbres, on appelle ça rikvit. »

Le silence des tambours, Hanna Pylväinen @editionspaulsen @hannapyl #paldhiver

Il y a d'abord ce son tenu, qui enfle, gonfle, se déploie, à travers la vallée, contre les montagnes… le son s'envole comme un joik, il vient se réverbérer contre les façades des maisons, continu, profond, dense… et puis plus rien, le son recule, se dissout, le silence s'installe… le silence des tambours!

Ce roman, c'est l'histoire du Grand Nord, le choc des cultures entre les samis et les colons, la vie rangée du troupeau mené par le pasteur et celle, nomade, des éleveurs qui mènent leur troupeaux de rennes. C'est une belle présentation du peuple Sami, comme une immersion dans leur mode de vie, leurs us et coutumes…

« Quand on chante, c'est pour raconter quelque chose, expliqua Biettar d'une voix douce en regardant la fillette qui avait imité le chant sámi. le joik, c'est pareil. Ça peut parter d'une montagne, d'une personne. Certains joik existent depuis des siècles. On peut continuer à faire vivre une personne à travers le joik des siècles plus tard. »

C'est aussi une plongée historique dans la Laponie du XIXe siècle, à la rencontre du pasteur Laestadius, instigateur d'un mouvement de renouveau luthérien, du roi Oskar Ier qui s'oppose au Tsar de Russie, des frontières et territoires de l'époque…

« Les relation ente éleveurs de rennes et colons étaient gérées par la Couronne, qui suivait tous ses citoyens par l'intermédiaire de l'Eglise d'Etat, c'est-à-dire de toutes les églises, de sorte que chaque personne, Sámi comme colon, était enregistrée à sa naissance et à sa mort comme paroissien de l'Église, et que tout mariage en dehors de l'Église était proscrit. L'Église était indissociable de la Couronne, et ses pasteurs ne représentaient pas seulement les bras de Dieu mais aussi les bras de la loi. L'alliance de l'Église et de la loi était d'autant plus sensible que la collecte des impôts avait lieu les jours saints. Venir à l'église était alors une obligation sous peine de recevoir une amende pour absentéisme. »

Dans ce roman, la nature est belle, sauvage et libre, et l'on rêve de s'y plonger à corps perdu comme les Samis…

« Son seul désir, à ce moment-là, avait été de galoper avec les rennes, de voir battre leurs longs cils blancs. de sentir le pas furtif du renard, de regarder le furet pêcher sur le rivage. Et les huîtriers aux pattes orange, toujours en groupe, se chamaillant, inclinant le bec. Il avait eu envie de fumer, de boire du café, sans personne autour; rien que le silence d'une cascade ou le babil d'un ruisseau de montagne. »

… ou comme Willa, fille du pasteur, qui cache une âme farouche et intrépide derrière son apparence sage et rangée, Willa qui aime aussi s'immerger dans la nature, marcher dans le froid, s'aventurer au-delà du village…

Willa, c'est l'héroïne de ce roman, non pas un point de rupture mais un point de suspension… à vous de découvrir comment à travers ce roman dont l'intrigue gonfle enfle, tourbillonne, comme le son du tambour, jusqu'à l'explosion!

« Même de la neige, des flammes peuvent surgir.»

Si vous êtes prêts pour l'aventure, dites « cus cus » et les rennes vous emporteront, à bord de votre traîneau, aux confins du monde sami qui mérite la découverte!
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}