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Critique de Eric75


L'inspecteur principal Chen Cao prend des vacances, quasiment imposées par le camarade secrétaire Zhao, grosse huile pékinoise. Zhao lui demande de bénéficier à sa place d'un séjour au bord du lac Tai, dans le Centre de Wuxi destiné au repos des cadres dirigeants du Parti. Ça ne se refuse pas, et ça ressemble bien à une mission secrète commandée par Pékin (en tout cas, c'est ce que tout le monde pense, Chen Cao de disposant pas du statut qui lui permettrait de bénéficier d'un accès au Centre). Chen Cao est très vite confronté à deux problèmes : la pollution du lac en raison de la prolifération des algues vertes, décrite par Shanshan, une jeune militante écologiste rencontrée sur place, et le meurtre de Liu, le directeur de la principale usine chimique de la région, où travaille justement Shanshan.
Notre héros, s'étant fait largué par sa compagne dans les romans précédents, a tôt fait de s'amouracher de Shanshan, et lui fait la cour en cachant sa profession véritable (moins reluisante, sans doute que ce que laisse supposer son séjour à Wuxi). Ce faisant, il prend un risque : Shanshan ne fait-elle pas partie des suspects potentiels dans l'enquête pour meurtre ? On est surpris par autant de légèreté de la part de Chen Cao, qui nous avait habitués à plus de retenue orientale. Chen Cao sera amené à aider en sous-marin Huang, le jeune sergent chargé de l'enquête, qui lui voue une admiration sans borne et le compare volontiers à Sherlock Holmes.
L'intérêt de ce nouvel épisode des aventures de Chen Cao réside surtout dans sa relation avec la jolie et énigmatique Shanshan, car nous avons ici affaire à une vraie parenthèse romantique dans une série habituellement consacrée prioritairement aux enquêtes policières (même si la vie privée et sentimentale de Chen a déjà été évoquée dans les romans précédents). Pour autant, le suspense policier n'est pas totalement absent, et si les suspects restent classiques et immédiatement identifiables, bien malin celui qui aura deviné le coupable et son mobile avant la fin de l'enquête. Enfin, ce roman est l'occasion de dénoncer une dérive de la modernisation accélérée qui s'opère actuellement en Chine. La prospérité et la réussite économique ne doivent pas occulter la réalité de la pollution industrielle chinoise, nous dit Qiu Xialong, et nous ne devrions pas laisser aux générations futures le soin de trouver la solution à ce qui constitue déjà un problème de santé publique en Chine. Qiu Xialong ne va tout de même pas jusqu'à devenir un militant écologiste engagé. Tout comme Chen, il observe mais semble admettre qu'après l'idéalisme, vient le pragmatisme. Pour le bien de sa carrière, Chen, lucide, se résout à abandonner ses illusions, non seulement sur Shanshan, mais aussi dans sa capacité à aller à l'encontre du pouvoir en place.
Pour moi, Les courants fourbes du lac Tai est l'un des romans les plus aboutis de Qiu Xialong, qui donne matière à réfléchir. Dans le monde de la politique et de l'écologie, tout comme dans le monde des polars, la recherche des coupables n'est pas toujours innocente.
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