Ce livre n'est pas un recueil de poésies, et les
poèmes qu'il contient ne sont pas poétiques au sens habituel. C'est un jeu d'écriture d'une rare élégance, comme un codage informatique ou une équation mathématique peuvent être élégants quand ils sont courts, originaux et efficaces. Dix sonnets, dont les quatorze lignes sont méticuleusement découpées, suffisent à produire
cent mille milliards de poèmes, comme démontré par
Queneau dans la préface.
À la satisfaction de composer son propre
poème, s'ajoute le plaisir tactile que procure l'objet lui-même : on ouvre l'éventail de petits papiers, on choisit une première ligne, on la maintient avec un doigt tout en explorant les possibilités de la deuxième ligne, et ainsi de suite ; et à la fin on se retrouve avec un poème complet maintenu des deux mains, les doigts dans des positions alambiquées, comme dans un jeu d'enfant.
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