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Critique de GuillaumeTM


« Le dimanche de la vie », publié en 1952, est le roman le plus philosophique de Raymond Queneau, le titre étant emprunté à une expression de Hegel citée lors d'un de ses cours sur l'esthétique, au sujet de la peinture flamande du XVIIème siècle.
Queneau se sert de la « Phénoménologie de l'esprit » pour illustrer une histoire finalement assez banale mais aux personnages au caractère bien trempé.

Julia Ségovie, commerçante d'un certain âge, s'éprend d'un jeune soldat (Valentin Brû) dont elle ignore à même le nom et fera tout pour retrouver la trace et se marier avec. Elle finira par arriver à ses fins et vivra avec jusqu'à la mobilisation militaire de celui-ci.

L'évolution du protagoniste Valentin Brû se passe en trois étapes dans ce qui est une sorte de cheminement initiatique. Tout d'abord, il est inconscient de lui-même et donc c'est pour cette raison qu'il n'apparaît pas dans le registre de l'armée. Il obtient une existence à partir du moment où Julia porte un regard sur lui mais ne restant pourtant qu'un jouet entre ses mains, ne faisant qu'obéir à tous ses désirs selon la dialectique maitre-esclave de Hegel. Puis, Valentin commence à apprendre le métier de commerçant et passe à l'étape de l'auto-conscience. Dans la dernière partie du roman, il arrive enfin à une sorte de sagesse ainsi qu'à une connaissance de l'humanité et du monde et c'est pour cette raison qu'il passe presque pour un prophète, car il parvient à prédire l'imminence de la guerre alors que personne n'y croit vraiment. Ces trois étapes peuvent également se situer à un niveau social : le simple soldat inconscient devient un mari, devient un commerçant et ensuite part faire la guerre.

Il y a également cette fascination angoissante du temps qui passe, Valentin n'arrêtant pas de scruter les aiguilles de l'horloge, cherchant à surveiller le temps s'écoulant inexorablement.

Le style de Raymond Queneau, facilement reconnaissable, est toujours aussi plaisant et agréable à lire, n'oubliant jamais de verser dans le second degré malgré l'actualité sulfureuse de l'époque à laquelle se situe l'histoire du livre.
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