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EAN : 9782070364428
243 pages
Gallimard (14/09/1973)
3.91/5   104 notes
Résumé :
L'oeil inconsciemment gris-bleu, la molletière galamment embobinée avec inconscience, le soldat Brû promenait naïvement avec lui tout ce qu'il fallait pour plaire à une demoiselle ni tout à fait jeune ni tout à fait demoiselle. Il ne savait pas. Julia pinça le bras de sa soeur Chantal et dit : - Le v'là. Tapies derrière un entassement brut de bobines et de boutons, elles le regardèrent passer, muettes.
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« Le dimanche de la vie », publié en 1952, est le roman le plus philosophique de Raymond Queneau, le titre étant emprunté à une expression de Hegel citée lors d'un de ses cours sur l'esthétique, au sujet de la peinture flamande du XVIIème siècle.
Queneau se sert de la « Phénoménologie de l'esprit » pour illustrer une histoire finalement assez banale mais aux personnages au caractère bien trempé.

Julia Ségovie, commerçante d'un certain âge, s'éprend d'un jeune soldat (Valentin Brû) dont elle ignore à même le nom et fera tout pour retrouver la trace et se marier avec. Elle finira par arriver à ses fins et vivra avec jusqu'à la mobilisation militaire de celui-ci.

L'évolution du protagoniste Valentin Brû se passe en trois étapes dans ce qui est une sorte de cheminement initiatique. Tout d'abord, il est inconscient de lui-même et donc c'est pour cette raison qu'il n'apparaît pas dans le registre de l'armée. Il obtient une existence à partir du moment où Julia porte un regard sur lui mais ne restant pourtant qu'un jouet entre ses mains, ne faisant qu'obéir à tous ses désirs selon la dialectique maitre-esclave de Hegel. Puis, Valentin commence à apprendre le métier de commerçant et passe à l'étape de l'auto-conscience. Dans la dernière partie du roman, il arrive enfin à une sorte de sagesse ainsi qu'à une connaissance de l'humanité et du monde et c'est pour cette raison qu'il passe presque pour un prophète, car il parvient à prédire l'imminence de la guerre alors que personne n'y croit vraiment. Ces trois étapes peuvent également se situer à un niveau social : le simple soldat inconscient devient un mari, devient un commerçant et ensuite part faire la guerre.

Il y a également cette fascination angoissante du temps qui passe, Valentin n'arrêtant pas de scruter les aiguilles de l'horloge, cherchant à surveiller le temps s'écoulant inexorablement.

Le style de Raymond Queneau, facilement reconnaissable, est toujours aussi plaisant et agréable à lire, n'oubliant jamais de verser dans le second degré malgré l'actualité sulfureuse de l'époque à laquelle se situe l'histoire du livre.
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Queneau j'ai lu il y a fort longtemps c'est avec plaisir que je le retrouve avec ce petit roman. J' apprécie le style déjanté de l'auteur, les personnages un peu loufoques, ainsi que l'ambiance en générale.
C'est un langage qui prête à sourire, et donne de l'humour à l'histoire, même si parfois ça semble un peu tiré par les cheveux, on adhère pour le spectacle qui se joue entre les pages.
Si vous avez envie d'une parenthèse détente, humour, burlesque, lisez un Queneau.
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Ce Roman a été ecrit en 1952.
Une ombre plate (*) _Valentin Brù _ est épousée par une commercante  quadra décidée :Julie Botrula.... épouse Brù, donc.
D'abord inconsistant, ce" soldat de 2eme classe au 10eme dépôt des isolés coloniaux" est libéré... car non inscrit dans les effectifs. Il prend peu a peu consistance en héritant du magasin de cadres de sa belle mère. La tache de vendeur lui convient.. Psychologue, à l'écoute de ses clients et voisins de quartier, l'activité périclite avec la proximité de la guerre.... Qu'il est le seul à annoncer . Une voyante s'installe et prédit- avec bonheur- l'inverse.
Valentin devient tres autonome intellectuellement, mais le couple parait se compléter parfaitement au point de ne former qu'un seul individu... tres psychologue.
Ces personnages semblent à rapprocher de leurs prédécesseurs du roman "le chiendent" écrit en 1933. Leur consistance se renforce avec l'avancée des événements. Ici la sagesse contemplative, associée à l'entretien de bons rapports de voisinage, et de comptoir ! participe au succes de notre voyante, que l'on devine ubiquitaire.
Le style de Raymond Queneau est affirmé et bien établi : alternances sans transitions du présent au passé simple, expressions orales ou racourcis phonétiques conversationnels. Tout est en place pour nous promener dans ce petit monde qui nous fait raisonner juste ? en tout cas selon notre passifiste et empatique "héros ". Lequel, philosophe, choisit comme ideal le chevalier de la barre "il pouvait s'agir d'un Mars enchaîné et il lui parut aussitôt que nul dieu ne pouvait mieux convenir à sa religion personnelle."
Donc, avec cette lecture, je ne peux que vous conseiller de découvrir le premier grand roman de Queneau _ très abouti, étrange , onirique_ : "le chiendent" .
(*) cf le chiendent -1933
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J'avais oublié à quel point Queneau était drôle ! Invention de mots, situations ubuesques, natation dans l'absurde tout en restant dans un univers très terre-à-terre... Ce roman m'a rappelé Zazie dans le métro (là aussi quelques pérégrinations parisiennes), mais avait aussi quelque chose de sensible et de cruel dans la description d'un couple improbable et bancal.
Une chouette lecture !
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oui un petit moment amusant
mais trop long léger ennui nous gagne ...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Alors Valentin a entrepris de lire. Mais quoi ? Et comment ? Attendre le client le nez dans un journal, ça la fout mal. Le nez dans un livre, c'est encore plus étrange. Valentin adopte une solution connue : glisser l'ouvrage ou la publication dans une chemise portant écrit en belle ronde ce mot : Factures. Encore faut-il ne pas trop se laisser absorber par la lecture. A supposer qu'il y ait là une solution de la question du comment, reste encore la question du quoi. Valentin ne se sent attiré par rien de spécial. Il y a les livres nouveaux recommandés par les gazettes mais ils coûtent des prix assez élevés allant jusqu'à des douze quinze francs. Il y a les auteurs anciens, ceux-là on peut facilement les trouver à la bibliothèque municipale, mais ils sont si nombreux. Par lesquels commencer ? Descendre les siècles ou remonter les générations ? Valentin adopte une méthode concrète : il choisit les plus proches, c'est-à-dire ceux qui ont une rue dans le douzième arrondissement : Charles Baudelaire, Taine, Diderot, Ledru-Rollin, par exemple. La bibliothèque municipale du douzième arrondissement ne possède malheureusement aucun ouvrage de Ledru-Rollin ; cet échec décourage Valentin. Entre-temps, il a trouvé autre chose : il va préparer son baccalauréat.
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Le temps qui passe, lui, n'est ni beau ni laid, toujours pareil. Peut-être quelquefois pleut-il des secondes, ou bien le soleil de quatre heures retient-il quelques minutes comme des chevaux cabrés. Le passé ne conserve peut-être pas toujours la belle ordonnance que donnent au présent l'horloge, et l'avenir accourt peut-être en pagaye, chaque moment se bousculant pour se faire, le premier, débiter en tranches. Et peut-être y a-t-il du charme ou de l'horreur, de la grâce ou de l'abjection, dans les mouvements convulsifs de ce qui va être et de ce qui a été.
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-Ton mariage ne tiendra pas debout.
Julia dévisagea sa soeur, puis la dépoitrina et enfin la déjamba. Elle lui dit :
- Tu me trouves moche ?
- Non, non tu tiens le coup. Mais vingt, vingt-cinq ans de différence, c'est quelque chose. (...)
-Réponds-moi : tu me trouves déglinguée ?
- Pas du tout.
- Ma frimousse ?
- ça va.
- Mes totoches ?
- ça tient.
- Mes gambettes ?
- Au quai.
- Alors ?
- C'est pas seulement le physique qui compte, dit Chantal, c'est le moral.
- Oh, oh, dit Julia, où as-tu pêcher une bourdante pareille ?
- Cherche pas, je l'ai trouvée toute seule.
- Alors, explique voir.
Chantal faisait allusion aux moeurs des hommes, des hommes mariés, et singulièrement à celles du sien, Paul Boulingra : l'alcoolisme buté, la tabagie autistique, la paresse sexuelle, la médiocrité financière, la lourdeur sentimentale. Seulement voilà, Julia trouvait que sa soeur avait été particulièrement mal servie en la personne de son Popol. Elle cita des types qui ne buvaient que de l'eau comme le mari à la Trendelino, qui ne fumaient comme celui de la Foucolle, qui braisaient à houilles rehaussées comme celui de la Panigère, qui gagnaient largement leur vie comme celui de la Parpillon et qui pouvaient avoir pour leur épouse de délicates attentions comme celui de la Foucolle, déjà cité. Sans compter ceux qui savent remettre un plomb, porter les paquets, conduire la voiture, baisser les yeux lorsqu'ils croisent une pute. Julia pensait bien que son militaire serait de cette espèce, et elle en sourit de plaisir. Ce qui agaça Chantal.
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Un fossoyeur vint leur demander s'ils allaient encore rester longtemps là. C'etait pas qu'elle les gênait, la famille les fossoyeurs, mais c'était l'heure d'aller déjeuner et ils finiraient de le remplir seulement après la soupe, les fossoyeurs le trou.
_ Prenez votre temps, mes braves, dit Paul. C'est très bien comme ça ! y en a suffisamment pour qu'il re-sorte pas.
Tout le monde rit poliment de cette bien-bonne.
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Sérieuse comme l’aiguille d’horloge, celle qui marque les minutes. Celle qui marque les heures est plus marrante, elle est rondouillarde, elle s’en fait pas, elle attrape toujours l’autre au tournant.
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Vidéo de Raymond Queneau
Avec Hervé le Tellier, Chiara Mezzalama, Martin Rueff et des lectures par Emmanuel Noblet.
Pour la première fois, nous avons décidé d'étendre l'exercice du grand entretien façon Oh les beaux jours ! à une figure de la littérature aujourd'hui disparue, l'immense écrivain italien Italo Calvino (1923-1985), dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. Né à Cuba, Calvino grandit dans une Italie fasciste et intègre les brigades Garibaldi en 1943. Cette expérience de résistance au nazisme sera présente dans son premier roman, le Sentier des nids d'araignée. Intellectuel engagé, auteur d'une oeuvre prolifique traduite dans le monde entier, qui emprunta tout d'abord au néoréalisme avant de se tourner vers le récit fantastique et le conte philosophique, Italo Calvino était aussi passionné par les sciences. Compagnon de route de nombreux écrivains – Queneau, Perec, Barthes… – il s'installe à Paris en 1967 et devient membre de l'Oulipo en 1973. Il puise alors dans ce courant littéraire prônant la littérature sous contrainte une créativité multiforme, qui donnera naissance à Si par une nuit d'hiver un voyageur. Pour évoquer ce compagnonnage, il était donc naturel de convier un Oulipien, de surcroît fin connaisseur de son oeuvre, Hervé le Tellier, qui se livrera à un exercice d'admiration en règle. Sur le plateau également, Martin Rueff, à qui l'on doit l'excellente retraduction en français de plusieurs romans de Calvino, dont sa célèbre trilogie, Nos ancêtres, et l'écrivaine Chiara Mezzaluma, qui apportera un regard italien sur cette oeuvre majeure traduite dans le monde entier.
Animée par Fabio Gambaro (journaliste et lui-même auteur d'un livre sur Calvino), en compagnie d'auteurs passionnés, cette rencontre vous fera entrer dans l'univers d'un écrivain hors du commun, entre réalisme et fantaisie, humour et philosophie, à travers la projection et l'écoute de documents d'archives. Un voyage dans les mondes imaginaires de l'auteur de Monsieur Palomar et des Villes invisibles, dont des extraits seront lus sur scène par le comédien Emmanuel Noblet.
Une table ronde animée par Fabio Gambaro et enregistrée en public le 27 mai 2023 au Mucem, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
À lire (bibliographie sélective) : — Italo Calvino, « Les Villes invisibles », traduit de l'italien par Martin Rueff, coll. « du monde entier », Gallimard, 2019. — Italo Calvino, « Nos ancêtres », traduit de l'italien par Martin Rueff, coll. « du monde entier », Gallimard, 2018. — Italo Calvino, « Si par une nuit d'hiver un voyageur », traduit de l'italien par Martin Rueff, Folio/Gallimard, 2015. — Hervé le Tellier, « L'Anomalie », Gallimard, 2020 (prix Goncourt 2020). — Chiara Mezzalama, « Après la pluie », traduit de l'italien par Léa Drouet, Mercure de France, 2022.
En coréalisation avec le Mucem et en partenariat avec l'Institut culturel italien de Marseille.
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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