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Critique de Bouvy


Je commencerai par remercier Babelio et les éditions « Envolume » pour m'avoir confié cet ouvrage dans le cadre d'une opération Masse Critique.

Je ne vais pas passer mon temps à écrire un résumé. Juste expliquer que l'auteur nous plonge dans un univers onirique, peut-être futuriste mais plutôt dans un monde parallèle qui n'existe que dans son imagination. Si le thème développer est centré sur l'intelligence artificielle, les cyborgs, la technologie robotique, nous avons vite tendance à classer ce livre dans la science-fiction. Mais l'histoire est intemporelle, le monde ne fait aucune référence à des évènements historiques connus mais l'auteur en crée de nouveaux, qui pourraient venir du futur. Mais les références géographiques aussi ne correspondent en rien à ce que nous connaissons sur notre belle planète. Donc, soit nous sommes dans un hypothétique futur mais il est plus simple de penser que nous sommes dans un autre monde. Même les unités de temps, de distances n'ont rien de commun avec celles qui nous sont familières. L'auteur invente aussi les prénoms, installe un monde politique inconnu, une architecture invraisemblable. La faune aussi n'a rien de commun avec ce que nous connaissons, si ce n'est le chien du héros. Un peu à la manière de Boris Vian, l'auteur invente des mots, des objets, des personnages. Mais le comparer à Boris Vian, ce serait comme comparer Jacques Brel et Stromae. Tous deux ont du talent, des convictions, des engagements mais chacun a son univers, son époque. L'auteur nous montre une imagination débordante. Au début du livre, n'ayant pas de repère lié à notre univers, nous sommes un peu dans la confusion. Mais, rapidement, habitué aux nouvelles normes de ce nouveau monde, nous bénéficions d'une lecture fluide. le style est riche, poétique, vraiment agréable à lire. le fond est complexe. Il aborde l'égalité entre les minorités, l'exploitation des homme sur les machines. Les « Numéroyïdes », machines créées par l'homme pour servir l'homme, sont de plus en plus ressemblantes aux humains. Elles vivent mais ne sont que des programmes. Enfin, c'est ce que croient encore les humains de plus en plus, elles se fondent dans la masse, vivent en appartement, ressentent en elles la vie. Elles réclament de pouvoir ressentir des émotions. Les dieux et les déesses auraient peut-être créé les humains qui eux-mêmes, négligeant leurs créateurs, ont à leur tour créé les Numéroyïdes qui, à leur tour, veulent devenir humains, à l'image de leur créateurs.

Pour ce récit, plusieurs personnages sont les narrateurs. Parfois, les chapitres commencent même par le personnage qui parle de lui à la troisième personne du singulier, comme s'il s'observait de l'extérieur. Ce n'est pas vraiment déroutant, que du contraire, cela clarifie l'action. L'auteur joue à la fois sur le mystique, l'ésotérisme, la technologie pour arriver à ses fins. Nous sommes dans un véritable thriller mêlant le fantastique et la philosophie. Les amours interdits, entre personnes réputées ne pas être de la même espèce ou condition. Une monarchie qui ne semble ni absolue ni constitutionnelle. Des droits et des passe-droits, des privilèges, tant pour les humains que pour certains numéroyïdes, suivant non pas leur fortunes, mais des points sociaux. Une forme de capitalisme réinventé. Donc, au travers d'un monde parallèle, l'auteur, dans un conte moderne, nous livre une critique acide et éclairée de notre société, où le paraître, l'ambition, l'envie de confort, nous rend misanthrope, profondément égoïste et par ignorance, agissant contre notre propre espèce. Il y a aussi ce plaidoyer contre le racisme. Les numéroyïdes deviennent humains mais les humains les considèrent comme des êtres inférieurs, des non droits, des asservis.

Bref, ce livre, une fois entamé, je n'ai eu qu'une envie, le poursuivre, me plonger dedans. Entraîné dans les délires de l'auteur, dans ses passions, dans cette vison d'un monde qui n'est pas le nôtre et qui, pourtant, lui ressemble tant par ses défauts et ses travers. Je tairai mon avis sur la fin, qui finalement, n'est peut-être qu'un recommencement, subtil, à peine percevable. J'ai vraiment apprécié la lecture de ce roman complètement atypique.
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