J'ai choisi cette édition sur Babelio qui sépare les histoires des Bridgerton alors que j'ai l'intégrale, car je ne souhaitais pas enchainer de suite avec celle d'Anthony. La raison est simple : je ressors mitigée de cette lecture, la moitié du roman a été très agréable mais l'autre moitié m'a refroidie.
Commençons par ce que j'ai le plus apprécié : la plume. Si certains l'ont jugé trop simpliste, pour ma part, j'ai trouvé qu'elle était fluide et le vocabulaire employé correspondait globalement bien au XIXe, sans qu'il n'y ait de longueurs. Les nombreuses joutes verbales m'ont fait sourire, et la pointe d'humour m'a définitivement séduite. J'ai souvent ri, les situations sont cocasses et les relations entre certains membres de la famille Bridgerton prêtent à sourire. Sans oublier, les articles du journal à scandale de la mystérieuse Miss Whistledown, présents à chaque début de chapitre contribuent à cette ambiance légère, tout en subtilité. Il me tarde de connaitre son identité, qui à mon humble avis, réserve bien des surprises.
Il est vrai que j'ai pu apercevoir quelques anachronismes, notamment avec Colin qui s'ennuyait à Paris, alors qu'il y était en vacances, on peut difficilement croire que Paris en pleine guerre napoléonienne soit un lieu de vacances ou d'ennuis. Il en est de même avec les phrases répétitives du genre « je vais t'étrangler » « je vais te tuer » qui sonnent trop modernes et peu cohérentes à la haute société britannique, certes les Bridgerton se veulent modernes, mais il ne faut pas non plus en abuser au risque de paraitre incohérent. Cela dit, ça ne m'a pas dérangée au point que mon appréciation en soit impactée. J'ai également beaucoup aimé les Bridgerton, surtout Violet, la matriarche et Colin, ce sont les deux personnages qui m'ont le plus plu. Même si tout n'est pas parfait, je pense à Anthony que je trouvais excessif dans son comportement envers sa soeur, je reste impatiente de découvrir les histoires de chaque membre de cette famille.
En ce qui concerne la romance, je suis un peu plus réservée. Au départ, j'ai été absorbée par Simon – le Duc de Hastings – son histoire m'a touchée, il a un passé difficile qui a laissé en lui des traumatismes, son évolution est donc intéressante. Quant à Daphné, son côté espiègle et naïf la rendait attachante. J'ai trouvé la dynamique du couple, certes un peu prévisible, mais divertissante. J'aimais suivre cette romance parsemée d'embuches, puisque Simon est le meilleur ami du frère ainé de Daphné et surtout, Simon refuse mariage et enfants alors que c'est le rêve de Daphné. En bref, rien n'est simple et c'est très addictif, il m'était impossible de lâcher le livre. Seulement, à mesure que l'histoire progressait, certaines scènes ont terni mon engouement. La volonté de Daphné à vouloir à tout prix un enfant, lui fait adopter un comportement détestable et problématique. le consentement est ici piétiné, impossible pour moi d'y faire abstraction, ça m'a gâché la lecture. Ce n'est pas tant l'acte qui me pose problème, enfin si, il m'a dégoutée, mais l'autrice a le droit de vouloir que certaines scènes se déroulent ainsi dans son histoire. En revanche, c'est le fait que ça ne soit pas remis en cause qui me pose un souci. A aucun moment, ce que fait Daphné n'est condamné, pire encore, elle est décrite comme la victime et c'est Simon qui passe pour le méchant et se remet en question. Ce choix de la part de l'autrice m'est incompréhensible. C'est pourtant lui la victime, rappelons que Daphné a abusé de lui alors qu'il était à moitié endormi et ivre, dans le seul but d'obtenir un enfant, malgré son refus d'en avoir. Certes, Daphné opère une sorte de remise en question à la fin, mais ça arrive bien trop tard pour que ça soit crédible et « pardonnable ». Son attitude a juste été écoeurante et immorale, rien ne peut l'effacer. Et comme si cela ne suffisait pas, l'épilogue conclu la romance avec trop de facilité, de rapidité et de niaiserie. C'est typiquement le genre de d'épilogue que je n'aime pas. Je n'ai pas compris encore une fois ce choix. J'ai eu cette sensation que Daphné avait eue ce qu'elle voulait et que les traumatismes de Simon ont été balayés d'un revers de la main, ça ne collait pas avec la construction de son personnage.Je ne dis pas qu'une évolution était impossible, mais l'on passe d'un extrême à l'autre, ça manquait à mes yeux de réalisme.
En bref, la romance se voulait divertissante et addictive (du moins jusqu'à la moitié du roman), j'ai apprécié la plupart des personnages et la plume pleine d'humour. Cependant, la problématique autour du consentement et les actes de Daphné ont gâché mon plaisir. Je suis la première déçue, car si l'histoire n'avait pas pris ce tournant, j'aurais passé un excellent moment. Je vais attendre avant de poursuivre avec l'histoire d'Anthony, j'espère ne pas y retrouver les mêmes défauts, sans cela, je pense que mon aventure s'arrêtera avec les Bridgerton, malgré les qualités que j'ai pu y relever.
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