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Critique de gouelan


Quand on passe le seuil de la librairie Lepage, à Roubaix, on fait entrer un peu de soleil qui manque tant dans cette vieille ruelle. Un petit grelot vous annonce, on vous laisse déambuler au gré des aventures, parmi les romans, rangés du sol au plafond. Ici vous ne trouverez pas de « lectures Facebook », formatées pour plaire à tout le monde, en enlevant toute la magie de l'imaginaire, de l'aventure au pays des mots, de la réflexion, de la surprise, de l'émotion pure.

Yvonne aimait la culture, elle tentait de la partager avec tous les habitants de cette ville pauvre et multiculturelle, pour leur redonner des repères autres que ceux dictés par la télé et les idées préconçues, les idées courtes. Elle collectionnait les clichés photographiques, des images muettes, des secrets et des drames sans légendes.
À son décès, la librairie est au bord de la faillite, avalée par les grandes enseignes, les liseuses, la mode des lectures faciles sans réelle saveur.

Saïd écrit des listes de mots, il épèle les émotions à sa manière, il archive le temps, fait parler les morts. Il est un personnage de livres, il les côtoie comme des amis proches.

Abdel, professeur de français assis entre deux cultures a une dette envers Yvonne. Lorsqu'il était enfant, sa librairie lui a sauvé l'enfance, elle lui a offert un refuge, un lieu de voyage, d'écoute. Maintenant c'est à lui de prendre le relais, de créer du lien, de relier les gens, d'éveiller la mémoire, de la raconter en mots et en images, de l'apaiser.

La librairie est la toile de fond pour évoquer la culture qui fout le camp, la jeunesse à la dérive, les vieux et leur mémoire qui n'en finit pas de ressasser toujours les mêmes guerres. La guerre des cafés, la guerre d'Algérie, le FLN, les harkis et l'OAS. J'avoue que je n'y connais pas grand-chose à ce conflit. Mon père était soldat en Algérie mais n'en a jamais parlé. Il en a rapporté des tas de photos, certaines absolument magnifiques, d'autres très sombres. Elles racontent une histoire, avec trop de silences, de devinettes.

J'ai aimé cette belle histoire, ses personnages simples et généreux, cet atelier-librairie, où les livres sont chez eux et nous invitent à faire la paix, à penser, à devenir libre.

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