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sur 110 notes
Un court roman qui se situe dans la ville la plus pauvre de France,
Roubaix...pétrie de chômage et de misère. Au milieu de ce décor, une libraire passionnée, Yvonne, vient de décéder, en cédant sa librairie à un de ses clients, Abdel Duponchelle, jeune professeur, qui se laisse prendre au jeu, même si il découvre très vite qu'une librairie, " ça créé des dettes" mais ça créé aussi des liens, des échanges, de la solidarité...

Et voilà notre jeune enseignant, transformé en "apprenti libraire",entouré de quelques habitués et amis de la librairie, qui viennent lui prêter main forte !
En s'attelant au travail: trouver des financements pour "redresser "la librairie, faire l'inventaire du stock, mettre en ligne les épuisés et introuvables, etc. Abdel va tomber sur les "archives dangereuses"
d'Yvonne !

Dangereuses, car en fouillant dans la multitude de clichés pris par Yvonne dans les années 60, c'est tout un pan de la guerre d'Algérie qui ressurgit entre partisans du FLN, harkis et OAS...

Découverte d'évènements que je méconnaissais....

Un texte prenant, émouvant, attachant à plus d'un titre sur l'un des plus beaux métiers: celui de Libraire, médiateur, acteur des échanges dans une ville.... d'autres thématiques, comme cette France multiculturelle, riche de ses différences, portée par la solidarité et l'entraide...

Il est aussi question en arrière-plan de la misère urbaine, de l'illettrisme mais également de la disparition des libraires de quartier au profit des grandes surfaces, des liseuses, des ventes impersonnelles, où le conseil du libraire, les contacts, les échanges s'évaporent....ou deviennent superflus !!

Mais pas de défaitisme, ni de pessimisme dans les lignes de Michel Quint... la petite équipe comme notre apprenti libraire sont bien décidés à faire vivre la librairie d'Yvonne...
"Les libraires ont une responsabilité civile, à eux de refuser la démagogie et le profit facile, pas possible de jouer les Ponce-Pilate !" (p. 79)
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Voici un texte court, généreux, solidaire, attachant, prenant, à l'écriture dense, séductrice, élégante, pétrie d'humanité!
L'auteur nous montre au travers d'une galerie de personnages tels que Saïd, Rosa, Abdel, Rita que reprendre une librairie dans la ville la plus pauvre de France où perdurent misère et chômage c'est possible.....
Comment? Grâce à l'entraide, à la convivialité, la bonne volonté, le dépassement de tous les préjugés, la richesse littéraire et la culture par la transmission.....
Yvonne, la libraire vient de décéder.
Le jeune professeur Abdel, l'arabe blond, entré en littérature, malgré le rejet, la honte et le racisme, grâce à ses succès scolaires, accepte la succession, s'attelle au travail gigantesque de refinancement, fait des inventaires, se mue en apprenti libraire ...
Cet ouvrage brosse et condense avec bonheur des thèmes qui me sont chers: celui de libraire indépendant, médiateur culturel important, acteur puissant de la lutte contre l'illettrisme, une France multiculturelle
portée par la richesse de ses différences, lien fort d'entraide et de solidarité, enfin la lente disparition des librairies de quartiers au profit de bien tristes grandes surfaces, et autres liseuses.........
Ce texte généreux fait du bien, donne un vrai plaisir littéraire.
Pour l'auteur , le livre à l'évidence est un outil efficace d'entraide, de transmission et de partage !
Je laisse aux futurs lecteurs le pan de la guerre d'Algérie que je connais moins bien!
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J'aime l'écriture de Michel Quint. Certaines de ses phrases me trouent l'âme et me transpercent le coeur. Je suis submergée par la puissance de ses mots. Et que dire de ses personnages, sinon qu'ils sont sublimes d'humanité.

Des petites gens touchées par l'Histoire de près ou de loin, essaient de vivre, de se construire ou de se retrouver. Au coeur de Roubaix, cité jadis prospère grâce à ses industries textiles, une petite librairie et sa propriétaire se meurent. Ce n'était pas seulement un lieu pour la lecture, c'était aussi un lieu d'espoir, d'entraide. Alors quoi ? Faut-il tout laisser tomber et baisser les bras ? N'y aurait-il personne pour relever le défi ? Abdel Duponchelle, né de parents aux cultures différentes mais unis par l'amour, est désigné d'office légataire universel. C'est grâce à Yvonne, la libraire, qu'il est entré en littérature, lui l'Arabe blond, rejeté par les uns et par les autres. C'est grâce à Yvonne qu'il est maintenant professeur agrégé de lettres. Mais reprendre une librairie au bord de la faillite quand tout se meurt autour de soi, quand la culture est dictée par des émissions de télévision débilitantes, quand le chômage rode, quand le racisme est latent ainsi que la haine, est-ce bien raisonnable ? "Ici penser est une faute, un oubli de l'instinct de survie."

Dans ce petit livre, Michel Quint fait encore une fois mouche. Peu de pages mais des thèmes essentiels : guerre d'Algérie, ville en perdition, cohabitation difficile, illettrisme, racisme... Michel Quint n'en finit pas de revenir au passé pour expliquer le présent.

Qui est-on sans les autres ? Et pourquoi au lieu de s'entretuer, on ne s'entraiderait pas ? Illusion, naïveté, utopie ? J'm'en fous, moi je veux y croire. Moi, j'veux du bonheur. J'veux des belles histoires, de la solidarité, du rire, des larmes de joie. J'veux des histoires d'hommes et de femmes qui luttent pour s'en sortir, qui refusent la fatalité, qui croient en l'avenir et surtout qui croient aux autres.

Alors, des mots de Michel Quint, j'en veux encore l



Un grand merci à Babelio et aux éditions Phébus pour ce beau partage.

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Quand on passe le seuil de la librairie Lepage, à Roubaix, on fait entrer un peu de soleil qui manque tant dans cette vieille ruelle. Un petit grelot vous annonce, on vous laisse déambuler au gré des aventures, parmi les romans, rangés du sol au plafond. Ici vous ne trouverez pas de « lectures Facebook », formatées pour plaire à tout le monde, en enlevant toute la magie de l'imaginaire, de l'aventure au pays des mots, de la réflexion, de la surprise, de l'émotion pure.

Yvonne aimait la culture, elle tentait de la partager avec tous les habitants de cette ville pauvre et multiculturelle, pour leur redonner des repères autres que ceux dictés par la télé et les idées préconçues, les idées courtes. Elle collectionnait les clichés photographiques, des images muettes, des secrets et des drames sans légendes.
À son décès, la librairie est au bord de la faillite, avalée par les grandes enseignes, les liseuses, la mode des lectures faciles sans réelle saveur.

Saïd écrit des listes de mots, il épèle les émotions à sa manière, il archive le temps, fait parler les morts. Il est un personnage de livres, il les côtoie comme des amis proches.

Abdel, professeur de français assis entre deux cultures a une dette envers Yvonne. Lorsqu'il était enfant, sa librairie lui a sauvé l'enfance, elle lui a offert un refuge, un lieu de voyage, d'écoute. Maintenant c'est à lui de prendre le relais, de créer du lien, de relier les gens, d'éveiller la mémoire, de la raconter en mots et en images, de l'apaiser.

La librairie est la toile de fond pour évoquer la culture qui fout le camp, la jeunesse à la dérive, les vieux et leur mémoire qui n'en finit pas de ressasser toujours les mêmes guerres. La guerre des cafés, la guerre d'Algérie, le FLN, les harkis et l'OAS. J'avoue que je n'y connais pas grand-chose à ce conflit. Mon père était soldat en Algérie mais n'en a jamais parlé. Il en a rapporté des tas de photos, certaines absolument magnifiques, d'autres très sombres. Elles racontent une histoire, avec trop de silences, de devinettes.

J'ai aimé cette belle histoire, ses personnages simples et généreux, cet atelier-librairie, où les livres sont chez eux et nous invitent à faire la paix, à penser, à devenir libre.

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Mauvaise nouvelle : Yvonne, la libraire de quartier est morte. Et voilà Abdel, Saïd, Zita ou encore Zerouane tout retournés. Car c'était une brave femme Yvonne, le coeur sur la main.
Et avec sa disparition, c'est maintenant l'histoire d'un quartier de Roubaix qui risque de s'éteindre. La petite librairie, déjà fort malade, est poussée vers le cimetière des petits commerces par la grosse artillerie de guerre commerciale de la vente à grande échelle bien impersonnelle. À moins que nos bonnes âmes ne se retroussent les manches pour la résurrection de la boutique. Et Abdel Duponchelle, l'orphelin, l'Arabe blond devenu prof de lettres et amoureux des livres grâce à Yvonne, va relever le défi, aidé par les fidèles de la défunte libraire.
Mais faire le tri dans les archives fera ressurgir le passé, les douloureux souvenirs des années 60. Ce passé que certains souhaitaient oublier, ce passé que d'autres s'étaient imaginé sous le plus bel angle, ce passé qui met à jour un présent bâti sur des non-dits, mensonges ou contre-vérités.

Ce roman n'est pas sans rappeler Avec des mains cruelles du même auteur qui utilise les mêmes codes : un décès, des archives, un triangle amoureux, une enquête sur un passé flou et L Histoire en trame de fond (ici la guerre d'Algérie) qui sert à rabibocher les ennemis d'autrefois et réveiller la belle humanité qui sommeille en chacun. Mais quand dans le premier, la confusion et l'irréalisme de certaines situations régnaient en maître, le style est ici largement simplifié. Ouf. Car j'ai craint un temps de retrouver ce fouillis historique qui m'avait fort déplu. Alors, certes il y a toujours de quoi se perdre dans les méandres de ce combat pour l'indépendance de l'Algérie. Entre MNA, FLN, OAS, messalistes ou harkis, nous sommes parfois noyés dans ce torrent de combattants. D'autant que Michel Quint ne s'embarrasse pas à expliquer les tenants et aboutissants de ce conflit, là n'étant pas son objectif. Finalement quelque soit le camp choisi et les convictions d'antan, comme dans toute guerre, tous les coups bas étaient permis, et on retiendra simplement que personne n'est sorti indemne.

Sa plume s'attarde sur les séquelles et les stigmates d'après-guerre, toujours présents quelques cinquante ans plus tard. En laissant la place aux émotions, aux larmes, aux regrets, à la colère encore parfois. Mais la sensibilité et la générosité d'Abdel, tout à son amour des livres, de son prochain, dominent le récit. de solides liens se nouent alors, guérissant les blessures du passé.
Toujours dans l'économie de mots, mais au style incisif, l'auteur parvient en peu de pages à faire de ses protagonistes une famille, unie, soudée. Avec Roubaix et sa misère sociale en toile de fond, l'heure est à l'entraide et la réconciliation. Apaise le temps renoue avec la tolérance, l'amitié. Place enfin à la noble richesse de cette France multiculturelle.

Babelio et Phébus, soyez remerciés de ce généreux envoi. Michel, sois béni pour ce puissant récit porteur d'espoir sur la bienveillance humaine.


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"Apaise le temps " quel beau titre !
Cette lecture m'a été offerte par Babelio et les éditions Libretto et je les en remercie très sincèrement !

J'ai lu ce livre rapidement tout d'abord parce qu'il est court côté nombre de page et parce qu'en peu de pages néanmoins Michel Quint nous brosse les portraits de différents personnages qui transitent ou ont transité dans cette librairie du centre de la ville de Roubaix.

Si au départ j'ai été un peu décontenancée par certaines tournures de phrases (je n'arrive pas à déterminer ce qui m'a parfois gênée, comme si je n'arrivais pas à comprendre la structure de la phrase et que ça heurtait parfois mon rythme de lecture …) , ce livre a réussi à me plonger dans cette ville tout en faisant connaissance avec certains de ses habitants.

Il y a cette librairie qui a vu tant de personnes et d'histoires. Elle est un héritage, que cette dame, Yvonne, va léguer à Abdel, fils d'une Oranaise et d'un roubaisien.

Ce jeune professeur l'est devenu un peu et même peut être beaucoup grâce à Yvonne et sa librairie.

La libraire est là, un testament du passé de ses propriétaires car il y a non seulement les livres mais aussi des photos, des négatifs et des articles de presse, témoins du passé troublé des propriétaires …

Michel Quint va dans ce petit livre nous parler de beaucoup de choses. de la guerre d'Algérie, de toutes les répercutions sur les habitants de Roubaix.

Il y a le passé et ses dommages collatéraux qui résonnent encore à travers les personnages actuels du livre et il y a aussi le présent avec une belle réflexion sur comment avancer sans les stigmates du passé.

De plus, Michel Quint en profite pour distiller un message à destination des lecteurs quant à l'utilisation des plateformes d'internet ou/ et grosses structures culturelles qui mettent à mal les belles choses d'un bon commerce de proximité, d'une belle librairie où l'humain est l'essentiel par les échanges et la richesse humaine qu'ils peuvent générer.

On a même les sentiments qui s'invitent au coeur de ce livre, avec la tempétueuse Rosa, l'assistante sociale qui travaille dans le même établissement qu'Abdel et qui elle aussi à des liens avec cette librairie et également Zita.

Une lecture que j'ai appréciée avec le seul bémol de certaines tournures de phrases qui m'ont un peu désorientées.

Sinon, poussez la porte de cette librairie, je suis bien sûre que vous apprécierez de découvrir tous les gens qu'elle réunit pour enfin apaiser le temps !
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Un vrai coup de coeur ! J'attendais avec impatience de recevoir ce livre et j'ai eu raison.Merci aux éditions Phébus et à Babelio.

Lire le dernier livre de Michel Quint, pour moi qui aime beaucoup cet auteur, c'était d'avance un plaisir.La première de couverture présente une photo- des façades de maisons en briques et leurs toits- qui nous fait entrer d'ores et déjà dans l'histoire du livre: celle de Roubaix, dans le Nord natal de l'auteur.

Comme dans ses autres livres, l'humain est au coeur de tout.L'humain dans ce qu'il a de dérisoire, de désespéré mais aussi de fort, d'intense.

Abdel Duponchelle, le personnage principal, est de par son prénom et son nom , le symbole même d'une France multi-raciale, son père ayant rencontré sa mère à Oran. Il a connu dès son plus jeune âge la librairie de quartier d'Yvonne, qu'elle a reprise à la suite de ses parents, les Lepage.L'auteur écrit: "Abdel est entré pour la première fois entre les murailles de bouquins vers ses cinq ans avec une soif de lecture à avaler tout Balzac sans rien y comprendre." A présent, il est professeur de lettres dans un lycée de Roubaix.

Et voilà qu'Yvonne meurt brusquement, lui léguant sa librairie.Legs peu réjouissant car le commerce était proche du dépôt de bilan.Pourtant, il l'accepte."Fidélité à la mémoire des Lepage, à leur oeuvre d'accueil, dette humaine envers Yvonne, militantisme culturel et social pour le maintien des librairies de quartier, ou orgueil de gamin écartelé,vengeance de bougnoule blond comme on l'insultait au collège ?"

En tout cas, à partir de là, le roman prend un autre aspect: celui de la découverte, dans les cartons des souvenirs d'Yvonne, d'un passé toujours douloureux, celui de l'indépendance algérienne, des conflits entre groupes politiques, des morts programmées.

Entre compromissions des uns, vengeance des autres, et le poids à porter pour la jeune génération, le roman présente surtout des personnages infiniment attachants: Saïd, le vieil algérien,fier d'avoir appris à lire avec Georges Lesage, le père d'Yvonne.Rosa, l'assistante sociale du lycée, sauvage et déchirée,liée de façon inattendue aux Lepage, et dont Abdel est amoureux.Zita, l'albanaise, ex-employée d'Yvonne, qui ne supporte pas son nouveau travail pour une librairie en ligne de grande distribution.Un monde " d'usurpateurs, de marchands de livres qui nient l'imaginaire , la poétique", selon Abdel.

Ce petit monde qui s'entraide , en milieu hostile, Roubaix étant fort sinistrée, en proie au chômage et à la misère sociale, ( je confirme, ma belle-fille, professeur des écoles, y enseigne) fait chaud au coeur et réconforte.
Et réussit à sortir peu à peu la librairie des ombres du passé et du sursis du présent.A apaiser le temps...

" Relier, c'est bien, ça parle des gens et des livres qu'on relie, qu'on relit". Ce qui est sûr, c'est que Michel Quint m'a reliée à son histoire, m'a émue, m'a confortée dans l'idée que le livre est avant tout partage, fusion, transmission.Merci à lui.
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Roubaix, dans une petite rue à l'ombre de l'hôtel de ville. La mort brutale d'Yvonne, libraire de son métier, laisse un vide dans les coeurs de ses fidèles clients. Car ses clients, c'est un peu, beaucoup même, sa famille. La preuve, elle lègue tout à Abdel, jeune prof de lettres qu'elle a connu enfant et à qui la librairie servait de bibliothèque. Un cadeau empoisonné ? Avec l'aide de fidèles, Abdel relève le défi. L'entraide et la solidarité, le don de soi au service des autres, c'était aussi les moteurs de la vie d'Yvonne. Alors, pourquoi pas lui ?

C'est en rangeant l'appartement attenant à la librairie qu'Abdel découvre les archives photographiques d'Yvonne, archives qui s'arrêtent en 1962. Abdel touche du doigt un épisode de l'histoire qui reste encore assez tabou : l'après- indépendance de l'Algérie, l'immigration, le racisme, les tensions et les courants politiques divergents.

Apaise le temps est un court roman de Michel Quint. L'auteur nous fait faire une fois encore un retour sur le passé, dans ce Roubaix qui connut son heure de gloire et qui n'en finit plus de décliner. A l'Histoire, il mêle habilement la vie quotidienne des protagonistes, et c'est à mon sens ce qui fait toute l'intensité de ce roman. Les personnages ont tous un passé et une histoire à raconter, l'écriture est fine, même s'il faut rester concentrée sur sa lecture, sous peine de perdre le fil.

Le temps apaise-t-il les blessures ? le passé est-il un poids pour les générations futures ? Est-il au contraire une force ? A-t-on besoin de tout savoir pour se construire ? Ce sont des questions que l'on peut se poser en lisant Apaise le temps.
Seul bémol : en ce qui me concerne, je connais finalement assez mal cet épisode de l'histoire de France. En savoir plus m'aurait sans aucun doute aidé à appréhender toutes les subtilités des thèmes abordés.

Merci aux éditions Phébus et à Babelio pour cette découverte.
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Suffoquée par l'émotion,sonnée par ce court roman , je n'ai qu'une envie celle de vous inciter à découvrir le dernier écrit de Michel Quint. Court roman, longue nouvelle? Qu'importe ! C'est beau, juste, poignant , plein d'espoir , cela nous parle de la vie de tous , du patrimoine humain de notre belle France, de ce qu'il ne faut certes pas oublier mais aussi de comment avancer , comment continuer, créer des liens entre tous , "relier" les uns aux autres ces solitudes inacceptables et malheureusement trop souvent acceptées!
Roubaix. Ce matin là, quand Abdel Duponchelle pousse la porte de la librairie "Livres" tenue par Yvonne Lepage depuis le décès de son père Georges en 1962 et de sa mère Julie en 1968, pas besoin de lui dire quoi que se soit ... Yvonne est décédée , c'est Zita qui vient de la trouver assise devant son ordinateur. A sa grande surprise, c'est lui qui hérite de la librairie en réalité qui hérite du passif abyssal de la librairie. le notaire lui conseille même de renoncer à l'héritage mais voilà Yvonne, pour Abdel, c'est tout , c'est son enfance, le monde du livre, le monde de la connaissance , la littérature passerelle incontournable entre tous. Alors il décide de relever le défi et commence avec l'aide de Zita, Saïd et de Rosa , l'assistante scolaire du collège, il s'attaque aux multiples cartons pleins des photos prises par Yvonne avant qu'elle n'arrête et ne reprenne la librairie . Ces photos datent toutes d 'avant 1962, à travers elles revivent les années noires de la guerre d'Algérie, ses règlements de compte entre FLN , MNA sans oublier l'OAS....
.... Michel Quint nous parle de Roubaix, de sa ville, de ses habitants ,de leur destin souvent chaotique, de leurs difficultés à vivre ou à survivre mais avec une telle empathie , une telle envie de voir bouger les choses, de voir les gens se tendre la main que je ne voudrais retenir de ce roman bouleversant que son titre lumineux Apaise le temps.
Merci aux éditions Phébus et à Babelio pour cette découverte
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Abdel Duponchelle hérite de la librairie tenue jusque-là par Yvonne, 75 ans, morte d'un AVC. Contre toute attente et malgré les conseils du notaire, cet « Arabe blond », agrégé de lettres et enseignant dans un lycée, accepte cet héritage ruineux… La librairie est au bord de la faillite, mais Abdel se sent redevable envers Yvonne qui, depuis toujours, lui prête des livres et l'aide avec bienveillance. Georges et Julie, les parents d'Yvonne qu'Abdel n'a pas connus, aidaient déjà les immigrés dans cette ville de Roubaix pas encore complètement sinistrée. Ils aidaient à l'alphabétisation, prenaient soin des déshérités, gagnaient la confiance des laissés-pour-compte par leur gentillesse et leur dévouement. Mais quelle idée d'avoir accepté cet héritage ! Maintenant, il faut faire le tri parmi tout ce qui traîne à la librairie et dans l'appartement d'Yvonne : le stock, mais aussi les vêtements, et surtout les cartons de photos qui datent d'avant 1963, date à laquelle Georges a été tué dans une fusillade à l'intérieur d'un café. Yvonne n'a plus jamais pris de photos après ça…
***
Dans Apaise le temps, sorte de fable loin de toute vraisemblance, Michel Quint met en scène des personnages improbables dans un décor assez misérabiliste, mais en prenant parti pour l'optimisme. La vilénie de certains est contrebalancée par la bonté et le sens du partage des autres. le carton des photos prises par Yvonne au début des années 60 permet à Michel Quint d'aborder un sujet que pour ma part je ne connaissais pas du tout : le mouvement indépendantiste algérien était déchiré par des guerres internes impliquant deux factions, FLN et MNA. Il sera aussi question du sort des harkis et de la méfiance, voire de la haine, qu'ils suscitent, comme de l'OAS et de l'implication de certains Français dans le conflit, quelle que soit l'idéologie qu'ils épousent. Tout cela est abordé très brièvement, à peine effleuré, et c'est dommage. Il n'était sans doute pas possible de développer sans casser l'ambiance résolument optimiste et la foi en la bonté de l'homme que veut mettre en avant l'auteur. Et puis il y a l'écriture de Michel Quint, un vrai plaisir jamais démenti : un narrateur à la première personne qui ne se montre que deux ou trois fois, un style souvent haché qui réussit à rester fluide, des mots rares et bienvenus, sans doute quelques régionalismes séduisants, et çà et là, un soupçon d'humour, par exemple, des libraires qui s'appellent Lepage… Un bon moment de lecture.
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