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Critique de Eskalion


Daniel Quiros, n'a certes pas encore la réputation des grands auteurs de romans noirs que nous a offert une Amérique latine féconde en la matière, mais il fait assurément partie de cette nouvelle génération d'écrivains prometteurs qui commencent à faire entendre leur petite musique et qui tracent lentement mais surement leur chemin vers une reconnaissance littéraire pérenne.

D'autant que Daniel Quiros apporte avec sa plume un éclairage sur un des pays encore peu visités par la littérature en générale, et le roman noir en particulier, celui du Costa Rica.

Nous avons tous de ce pays une image idyllique. Un des très rares états au monde à n'avoir pas d'armée, et mondialement reconnu pour sa politique de protection devfc l'environnement, privilégiant l'éco-tourisme et les énergies renouvelables pour assurer son développement.

Mais derrière la carte postale en papier glacé, se cache une tout autre réalité que Daniel Quiros avait commencé à explorer dans son premier livre, et qu'il poursuit ici avec « Pluie des ombres ».

Dans « un été rouge » le lecteur avait fait la connaissance de Don Chepe, ancien guérillero sandiniste refugié au Costa Rica, et qui s'était retrouvé au prise avec une sombre histoire politique emprunte des relents du passé, celles des dictatures sud-américaines et des guérillas marxistes.

Ici, nous le retrouvons à nouveau pour une aventure tout aussi périlleuse que la première, et qui met à fleur de peau les maux de ce pays vendu comme idyllique.

Tout commence par le corps mutilé d'un homme que l'on retrouve près d'une école. Pour les habitants du coin, un règlement de compte de plus entre narcotrafiquants, ou une dispute qui a mal tournée comme il en arrive fréquemment par ici.

de fait, la police ne pousse pas ses investigations au-delà de identification de la victime, d'autant plus qu'il s'agit d'un Nica, un immigré du Nicaragua.
Mais Don Chepe, lui, connaissait bien ce garçon. Un jeune homme besogneux, fils de Maria, une de ses connaissances qui a une époque venait faire quelques heures de ménage chez lui. Et le jeune homme n'avait rien d'un dealer.

Alors il va reprendre l'enquête à son nom, aidé par son ami Gato. Une enquête qui va le conduire à s'intéresser de près à la vie d'Antonio, la victime.

Progressivement Don Chepe , va s'aventurer derrière ce rideau de pluie permanente derrière lequel le pays s'estompe en cette époque de l'année, où les ombres d'une autre réalité beaucoup plus sombre se dissimulent au regard de l'état de droit et à la justice, grouillante de malfaisance.

Daniel Quiros nous dresse alors un portrait de ce Costa Rica bien loin de celui fantasmé par les touristes occidentaux. Celui d'un pays gangrené par le racisme envers ces « Nicas » fuyant un Nicaragua pas encore remis de sa guerre civile et venu profiter de cet Eldorado à leur porte.

Un pays pourri par la violence qui imprègne la société, dealée par le trafic de drogue, tournée vers les étrangers d'abord, mais qui touche aussi les plus faibles et les plus démunis.

Un pays contaminé enfin par la corruption à tous les étages, de la police à l'administration, où le fric a raison des lois et règlements et où même ce qui fait la fierté du pays est prétexte à blanchiment d'argent.

L'auteur dépeint parfaitement ce paradoxe costaricien avec une plume habile et féroce, où l'idéal de ce petit pays reste un miroir aux alouettes pour le plus grand nombre de ses habitants.

Assurément David Quiros, démontre tout son talent pour nous raconter une histoire bien loin de celle que nombre de bobos occidentaux, d'écolos du dimanche, ou d'utopistes naïfs souhaiteraient se voir raconter. le Costa Rica est un pays comme les autres aux prises avec ses propres démons.

Et c'est là tout le talent de David Quiros que de nous ramener à la réalité des choses.
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