Action ou vérité ?

Il ne voulait pas qu’elle se méprenne. Elle était très jolie, ça oui, mais la perspective de devenir son ami le comblait déjà sans qu’il n’envisage plus.

Elle avait beau s’imposer en célibataire endurcie et sans enfant, son opinion se révélait souvent des plus justes et ses suggestions, mesurées. Elle ne devait pas faire de Jimmy un enfant roi, et s’il devait se faire réprimander pour quelque raison que ce soit, l’épargner ne lui rendrait pas service.

Il est des rêves dont on ne se souvient pas et des cauchemars qui nous hantent toute une vie. Tout comme il existe des rêves qui s’ancrent dans notre mémoire irréversiblement et des cauchemars qui s’évaporent dans les limbes dans lesquels ils nous ont enfermés le temps d’une nuit.

Certains silences trahissent de plus grandes vérités que le plus argumenté des discours… Il serait peut-être temps de vous réconcilier avec votre passé, Monsieur Gauthier. Peu importe dans quel camp vous vous trouviez, ce n’est pas à votre fils de payer pour vos erreurs.

Je ne peux rien faire pour les autres, et vous non plus. Reste que je peux faire changer mon fils. Mais pas vous. J’en reviens donc à ma question de tout à l’heure : en quoi votre intervention va changer quoi que ce soit là-dedans ?

Il n’avait pas su comment interpréter son air embarrassé quand il avait joué la carte de la sincérité.Est-ce qu’elle l’avait cru et s’était sentie humiliée, ou est-ce qu’elle le prenait pour un menteur et craignait qu’il n’insiste ? Il l’ignorait, et ce n’est pas ce qui le préoccupait à l’instant.

Il ne voulait pas pleurer. Ni devant elle, ni devant qui que ce soit d’autre. Pas même devant son propre reflet qui ne comptait plus le nombre de larmes qu’il avait déversé dans le secret.

La science dit qu’un regard ne pèse rien. Jimmy affirmait le contraire. Ses yeux ne quittèrent pas le sol de toute sa traversée et pourtant, il les sentait. Tous. Bien avant que les gifles derrière la tête et les tapes dans les épaules ne viennent lui confirmer qu’il se tramait quelque chose d’étrange.

Il ignorait ce qui l’empêchait réellement de porter plainte, maintenant que les représailles de Charly ne pouvaient plus l’atteindre. La honte ? Possible. L’exposition de sa lâcheté en public ? Plus que probable. La peur qu’on le traite de menteur ? Évidemment ! Personne n’avait jamais vu Charly en pleine action. Personne ne le connaissait aussi bien que Jimmy…

Aujourd’hui « harcèlement » c’est un mot fourre-tout ! Dès qu’un gosse ne supporte pas une blague, il va chouiner qu’on s’en prend à lui. Ce que l’autre greluche t’a raconté, à mon avis, ça ne va pas plus loin que ça, des plaisanteries entre gamins.