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Critique de Floccus


« Tout ça le calmait, enfant, que des histoires tellement palpitantes se terminent finalement bien. » (233)

Je ne suis pas bon public pour ce genre de thriller musclé où l’action prime. Mais je ne demande qu’à tomber sur une pépite…

Le démarrage, axé sur les sens : sons, sensations tactiles, odeurs, se répondant en écho entre Gabriel et Liz, a une certaine tenue. « Ça sent la crotte de chien et la terre humide », « une odeur de poutres vermoulues frappe ses narines ». Marc Raabe joue de l’odorat de sa lectrice pour la plonger dans l’ambiance. Il se tient au plus près du corps de ses personnages. Il est aussi généreux en images. Pas toujours très fines, mais qui remplissent leur office sur notre imagination : Le commissaire « gratte son crâne chauve, puis se passe la main dessus comme s’il devait se flatter le cerveau ainsi qu’un chien qu’on caresse. »

J’ai commencé à froncer les sourcils à l’apparition de la psychiatrie, des électrochocs… le mot « schizophrénie » n’a évidemment pas tardé à suivre… « Encore ! » me suis-je écriée, lassée. Mais si le duel entre le psychiatre sadique et Gabriel est peu crédible et frise le ridicule vengeur, l’auteur finit pas moduler ses propos dans un effort louable. La schizophrénie de Gabriel devient un « état de stress post-traumatique et […] une perturbation schizoïde de la personnalité ». On envisage qu’il puisse y avoir des psychiatres compétents…

Je n’ai été que moyennement tenue en haleine. Le déroulement aurait pu être plus concentré. Pendant une grande partie du livre, le mystère ne tient que sur peu d’éléments, les cacahuètes distillées ne sont pas assez satisfaisantes pour redonner ponctuellement un regain d’énergie et de tension. L’imbrication finale des éléments est intéressante. On ne regrette pas d’être venu jusque-là. L’ultime confrontation, baroque et gothique reste vraisemblable, presque amusante dans son esprit série B, même si elle traîne en longueur et que j’en ai survolé la plus grande partie.

Un thriller maîtrisé, aux personnages bien campés, bien que basé sur des éléments mille fois vus – seul contre tous, on ne peut compter que sur soi-même, une amnésie, un russe glacial, un combat ultime entre le bien et le mal. Olivia de Lamberterie se désolait, au Masque et la Plume, que les polars parlent tous de femmes enceintes éventrées, je commence à comprendre pourquoi (espérons que la suite de la sélection du Prix du Meilleur Polar des Lecteurs de Points ne lui donne pas raison…)

(Petite note : tout au long du roman, les personnages s’obstinent à hocher la tête pour dire « non » – erreur de traduction ? On hoche la tête pour dire « oui », et on la secoue pour dire « non », en général)

[Lu dans le cadre du Prix du Meilleur Polar des Lecteurs de Points 2015]
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