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Critique de EvlyneLeraut


Poignant, indispensable, « Les garçons de l'amour » est un récit témoignage. le partage émouvant d'un auteur : Ghazi Rabihavi né en Iran, contant ce qui vibre en lui. Ce souffle infini d'un exil forcé. Les tourments qui s'agrippent tels des racines dans sa chair la plus vive. On ressent avant tout, cette force intrinsèque, cette écriture déployée qui dévie les mirages. Juste, absolument plaquée dans le réel sombre des interdits en Iran. « Les garçons de l'amour » est contemporain, criant de vérité, de détresse et d'impossibilité. le partage sensible de ce qui fut, est et sera. Rien n'est glissé sous le tapis des silences, pas un doute, pas un non-dit. La clarté est vive et le souffle de ce grand livre est brûlant, vif et implacable. Djamil est iranien. Seul fils d'un père Hajji qui espère pour ce dernier un avenir brillant, conventionnel, dans cette cour empreinte de politique, de savoirs. Djamil est rêveur, se veut danseur. Romantique, intègre, il pressent chez son père l'antihéros. Djamil va rencontrer Nadji, fragile, illettré, beau comme la plénitude. Pur comme l'eau de source malgré un passé douteux, ombres persistantes. Ces deux garçons vont s'aimer d'un amour fou. Briser les barrières, en brassées de tendresse, de rencontres cachées. Se toucher sans LE dire, faire silence et accorder au charnel cette chance des retrouvailles relevées, conquises. Les heures dans une cabane abritée des vents chauds, des regards noirs, des craintes d'être roués de coups. Ils vont surmonter les épreuves. Affronter les hypocrisies d'un pays intolérant. Ces mêmes qui violent les jeunes garçons par lâcheté, par cruauté et par désir. « Je pensais qu'il exagérait son angoisse, mais plus tard je compris qu'il avait raison. Nous étions entrés dans un jeu dangereux. » L'Iran est un pays manichéen. Beau et tourmenté. Riche et pauvre de coeur. Les hommes sont des vautours, des intégristes de la violence et de l'intolérance. Et pourtant ! on ressent la tiédeur des voilages chauds (les insoumis) la solidarité des éveillés, les rires hauts et les sourires en coin, furtifs et apaisants. Deux hommes dans ce pays en proie à la révolution islamique, aux évènements implacables trouveront-ils la sérénité ? La vie est fragile et incertaine, ployée sous les craintes d'une mise à mort. Comment l'amour peut-il s'abreuver sous l'homophobie stagnante ? Que vont devenir ces garçons des abîmes, ces garçons pluie et solitude ? L'endurance est une bataille. Les bombes pleuvent. Les crimes lancinants, Les attentats multiples dévorants les salles de cinéma, brisant le violon mythique. Qui est qui dans cette répression ? Fuir. Quitter ce pays aimé, exil des éperdus, des fusillés d'amour, des pendus d'espérance. On l'aime pourtant ce pays qui imagine ses enfants sans visage, sans parfum, musique et rêve pour les filles. La terre résiste, cherche de l'air pour survivre. Djamill et Nadji fuient, décrochent la lune et pensent survivre ailleurs. Ils s'échappent. Piégés en plein désert. Esclaves, leurs rêves en étoile, écorchés vifs sur les murailles oppressantes et sanglantes. Enfants des sables, des déserts, des thés à la menthe et des caresses heureuses, salvatrices, regards éperdus trouveront-ils la paix ? Cette liberté vitale pour s'aimer en pleine lumière ? « Les enfants de l'amour » est plus qu'une histoire véridique. C'est la voix de Ghazi Rabihavi qui telle une larme conte la vie de ces garçons. On entend Nadji jouer du violon, Djamil danser sur les frontières européennes. C'est également le cri de l'Histoire de l'Iran, dont on entend les échos aujourd'hui encore. Jeunes garçons aimez-vous ! Ce livre est précieux, c'est une pièce à conviction, une louange pour tous les garçons de l'amour et de la mort. Traduit du persan et présenté par Christophe Balaÿ. Lisez plusieurs fois la postface. Ce livre méritant, courageux, est un cri en pleine nuit, une nécessité. Publié par les majeures Editions Serge Safran.
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