Demain je vais rencontrer ma mère

Pour moi ce retour chez mes parents symbolisait presque le retour vers eux. J'avais consacré une après-midi chez ma mère biologique. Ils m'avaient accompagnée comme pour m'y laisser, je leur revenais. Les larmes de ma mère à ce moment là signifiaient bien plus que sa peur : elles symbolisaient son soulagement que je sois de retour, que je sois là auprès d'eux, sa douleur de connaitre la souffrance que nous avions connue petits et la force qu'il fallait déployer pour tourner cette page.

Pour me dire au revoir, elle a voulu me serrer dans ses bras, j'ai reculé, je ne pouvais pas accepter de la tendresse de sa part, j'avais besoin de cette distance pour me protéger. Je voulais vite partir, vite dire au revoir et aller retrouver mes parents pour les rassurer, partir pour me vider la tête de tout ça.

Ce premier été est comme le début de ma vie, un peu comme si je n'avais pas existé avant, comme si je n'étais née le jour où mes parents ont accepté de devenir mon Père et ma Mère. Comme s' ils avaient donné une légitimité à ma vie, un sens à mon existence.Ils m'ont donné vie, car j'existe grâce à eux.

Il me semble que je suis née le jour où ils sont venus me chercher.

Je n'avais pas eu de mère jusqu'à ce que mes parents m'adoptent.

Ma souffrance était alors devenue "pansable".

Nous étions parents, nous apprenions à l'être en même temps qu'elle grandissait.

Mais la maman que je devenais était forcement liée à la petite fille que j'avais été.