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Critique de gerardmuller


Le Diable au corps/Raymond Radiguet
Raymond Radiguet est né en 1903 et mort en 1923 d'une fièvre typhoïde.
D'un talent très précoce, il n'a eu le temps d'écrire que deux romans, celui-ci et « le bal du comte d'Orgel », deux oeuvres ayant connu un grand succès populaire et les louanges de la critique.
Sans que ce roman soit strictement autobiographique, il s'est inspiré de sa propre expérience cependant. En effet, bon élève choisissant dès onze ans de faire l'école buissonnière, le jeune Raymond déjà grand lecteur de la bibliothèque familiale, rencontre Alice sa voisine, jeune femme qui vient de se marier. Il a alors 14 ans. Nous sommes en 1917 et le mari est au front.
Dans une langue remarquable par sa justesse et sa rigueur et un respect total de la concordance des temps, Radiguet nous dépeint la découverte de l'amour fou par son jeune héros, un adolescent bon élève, égoïste, calculateur froid, veule, manipulateur et capricieux, auprès de Marthe, son ainée de trois ans, une jeune femme récemment mariée et dont le mari est parti combattre dans les tranchées.
« À l'école, ma facilité, véritable paresse, me faisait prendre pour un bon élève. »
le jeune homme hors de toute morale et sans souci du scandale, dominé par un ego démesuré vit cet amour en toute insouciance et inconscience, établissant facilement avec la jeune et douce Marthe une relation de soumission-domination.
« J'étais ivre de passion. Marthe était à moi ; ce n'est pas moi qui l'avais dit, c'était elle. Je pouvais toucher sa figure, embrasser ses yeux, ses bras, l'habiller, l'abîmer, à ma guise. Dans mon délire, je la mordais aux endroits où sa peau était nue, pour que sa mère la soupçonnât d'avoir un amant…Marthe disait : « Oui, mords-moi, marque-moi, je voudrais que tout le monde sache. » J'aurais voulu pouvoir embrasser ses seins. Je n'osais pas le lui demander, pensant qu'elle saurait les offrir elle-même, comme ses lèvres…Marthe, nue sous un peignoir, attendait que je revinsse de mes cours de dessin, étendue devant la cheminée où brûlait toujours l'olivier de ses beaux-parents. »
Un adolescent aussi très lucide malgré la passion qui l'anime :
« Hélas ! j'étais trop sensible à la jeunesse pour ne pas envisager que je me détacherais de Marthe, le jour où sa jeunesse se fanerait, et que s'épanouirait la mienne. »
« À la force d'orienter Marthe dans un sens qui me convenait, je la façonnais peu à peu à mon image…J'épuisais ma force nerveuse en lâcheté, en audace, éreinté par les mille contradictions de mon âge aux prises avec une aventure d'homme. »
Une histoire qui ne peut que finir tragiquement.
Je relis ce roman magnifique et cruel bien des décennies après sa découverte après avoir vu en son temps le magnifique film avec Gérard Philipe.
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