AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cancie


Cancie
16 septembre 2019
Le roman débute dans une basilique genevoise où un dernier hommage va être rendu au chef d'orchestre de l'OSR (Orchestre de la Suisse romande), à la renommée internationale. Sa fille Ariane Claessens, pianiste émérite, contrairement à ce qu'on attend d'elle, ne va pas entamer la marche funèbre traditionnelle en mémoire de son père, mais le concerto pour violon N°1 Opus 77 de Chostakovitch, Opus qui va rythmer la vie de cette famille et également le roman, avec ses cinq mouvements : Nocturne, Scherzo, Passacaille, Cadence et Burlesque.
C'est elle la narratrice et elle va nous conter l'histoire de ces Claessens, cette (sa) famille qui a la musique dans le sang. À travers ses souvenirs, elle nous fait vivre la rencontre de ses parents. Comment Claessens, nommé ainsi tout au long du roman, alors pianiste, de passage à Tel-Aviv pour y donner le concerto pour piano de Tchaïkovski, rencontre la classe d'art lyrique de l'Académie de musique et va remarquer cette jeune soprano, au vibrato exceptionnel : Yaël. Ils vont tomber follement amoureux.
Claessens deviendra rapidement un chef d'orchestre réputé. Si sa fille, la belle Ariane est reconnue également dans le monde entier pour ses talents de pianiste, c'est David son frère aîné, jeune violoniste très prometteur qui lors du prestigieux concours "Reine Elisabeth" pouvant lancer sa carrière, va commettre l'inimaginable. C'est cet évènement et cette rupture qui vont être la trame de ce roman.
L'auteur a su ménager de belle manière un suspense autour de ce fait et lorsqu'il va le décrire, en nous faisant revivre cette finale où David doit interpréter cet OPus 77 de Chostakovitch sous la direction de son père, c'est vraiment un moment magnifique et sublime que j'ai vécu sans pour autant être une mélomane avertie. J'ai été bouleversée par la manière dont Alexis Ragougneau a su faire passer un souffle de beauté et nous faire vibrer en totale harmonie avec ce musicien. Avoir entrelacé la vie de Chostakovitch, ce compositeur, jouet de Staline "écartelé entre la terreur et la répression" et l'interprétation de son Opus 77 par David m'a fait ressentir de façon éblouissante et véridique cette musique.
Ce livre où la tension est palpable du début à la fin tient à la fois du roman noir, du roman psychologique et du roman d'amour, amour tellement pur entre le frère et la soeur : "nous étions là, David et moi, comme toujours, comme depuis l'enfance, nous protégeant mutuellement de l'orage. le frère et la soeur, yeux fermés, blottis l'un contre l'autre, jouant avec les notes comme avec la pluie martelant le toit de notre refuge secret, de notre grotte." C'est aussi un livre sur l'incommunicabilité entre les êtres et tous ces sentiments sont rendus très justement, très finement et souvent avec beaucoup de sensualité. de fort belles pages d'ailleurs décrivent les mains et leur pouvoir, des passages émouvants sur le toucher.
Si, dans Opus 77, l'auteur excelle à nous faire partager son amour pour la musique classique, il n'hésite pas à écrire : " Dans le monde de la musique classique, il y a ceux qu'on appelle les connaisseurs. Si l'on veut faire carrière, il est indispensable de les caresser dans le sens du poil. Ce sont eux qui décident du sort des solistes en déterminant ce qui relève du bon et du mauvais goût. "
Si je n'ai pas été conquise dès le début, cela n'a pas tardé car l'intensité va crescendo et j'ai vite été happée, bousculée pour finir conquise par ce roman puissant et intense.
Un roman de la rentrée littéraire que je recommande chaleureusement et je remercie vivement les éditions Viviane Hamy et Masse critique de Babelio pour me l'avoir fait découvrir !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1215



Ont apprécié cette critique (105)voir plus




{* *}