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Critique de horline


Dans la veine dystopique, Palimpseste n'a a priori rien de révolutionnaire, on retrouve la plupart des figures imposées du genre, à savoir une vision exaspérée de l'actualité envisagée avec une dose de surréalisme.

On n'évolue donc pas dans un cadre baroque de science-fiction, mais sous un régime politique perverti au nom fortement évocatoire : le national consumérisme, vraisemblablement un avatar de l'ultra-capitalisme dans lequel le fonctionnement social est atrophié par le consumérisme. Allié à une dérive sécuritaire construite sur l'usage dévoyé de la rhétorique de l'ennemi, le régime a installé un chaos existentiel chez les individus, un effondrement de la pensée critique puisque même les mots ont été supplantés par les images et le numérique. Dans cette ère que l'on pourrait qualifier de post-lettrée, les livres sont devenus des reliques d'un monde ancien, de bien faible poids face à la réécriture du passé, le contrôle du présent et la surveillance de l'avenir.
On retrouve donc dans Palimpseste des personnages tout à la fois dysfonctionnels, apathiques, enragés, ne trouvant d'échappatoire que dans des modèles extrêmes. C'est sombre, très sombre, mortifère même, mais cela n'empêche pas l'auteur d'exhumer à quelque occasion de l'humour, noir bien sûr.
Malgré tout, des volutes de lumière parviennent à éclairer la lecture parce que sous le vernis dystopique, un thème qui ne s'impose pas de manière impérieuse rend le livre captivant : la relation affective entre un jeune homme et son père. D'abord camouflée par l'indifférence fonctionnelle du fils, elle se manifeste subrepticement au fur et à mesure que celui-ci enquête sur ce père absent. le texte est implacable, il a quelque chose de désincarné, mais c'est par la voie intimiste qu'il atteint une belle dimension à travers une relation confisquée, empêchée par les dérives du régime. Avec le redéploiement de l'histoire familiale on discerne une forme de prise de conscience, certes lente à éclore.

Difficile d'échapper à l'envie d'établir une filiation entre Palimpseste et des oeuvres telles que 1984 ou La ballade de Lila K. Mais la légère mise en abyme dans la technique d'écriture donne un rythme particulier au récit. Si j'ai éprouvé quelques réticences face à la narration compacte sans respiration, elles se sont progressivement dissipées lorsque cette histoire s'est révélée plus profonde qu'il y paraît.
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