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Critique de OctaveDebrey


Tout commence avec l'amertume des clémentines, puis vient l'odeur des brioches après cuisson, celles des épices prêtes à êtres saupoudrées, l'artichaut frit, les crêpes au sucre, le cabillaud à la béchamel, le dégoût des hamburgers, la découverte du cheesecake, la première forêt noire...

Karolina Ramqvist choisit donc la nourriture pour se raconter, ses madeleines de Proust et tous les souvenirs qui gravitent autour.

Le plaisir en grandissant, après avoir observé sa grand-mère puis sa mère cuisiner, de prendre le tablier à son tour et s'y essayer.
Mais bien sûr, lorsque l'on souhaite recréer les plats préférés de notre enfance, même en suivant la recette à la lettre, bien, c'est la frustration qui souvent s'impose : le goût n'y est pas !

Il est pourtant si bon de retrouver la sensation de plénitude fournie par ce goût surgit du passé, avec l'explosion de souvenirs qui l'entoure et se trouvent ravivés le temps d'une bouchée. Manger c'est un peu parfois comme feuilleter un album photo.

Manger à toute vitesse, prendre son temps, avec ou sans couteau, dans un lieu particulier, il y a mille et une façons de manger un même aliment, chacun s'en édifiant son propre rituel.

L'autrice retrace ainsi toute une culture culinaire, une enfance au sein d'une sororité indéfectible qui la lie à sa mère et sa grand-mère, terrorisée par peur de l'abandon de la première et la mort de la seconde.
Elle évoque également une relation lointaine avec son père avec qui elle tente de renouer des liens, et donc le voir cuisiner change ainsi la perception dictée par les aprioris.

Les plats et la manière de les percevoir évoluent donc au fil du récit, contenant le bon comme le mauvais ; ils sont un héritage comme ils sont révélateurs de troubles intérieurs.

Un récit délicieux, qui oscille entre l'autobiographie, le roman et l'essai, qui donne autant envie de cuisiner que de manger, tout en étant aussi intéressant que touchant dans le lien familial lié à un besoin vital qui tisse.
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