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Critique de marko59


Ce roman a la force de ces récits archaïsants de tradition orale qui chantent la beauté et le mystère de la nature en même temps qu'une humanité des premiers âges, même transposés, entre pulsions de vie et de mort face à cette "grande peur", sorte de menace sourde, imprécise, magnétique (la montagne chez Ramuz me fait penser au Hanging Rock aborigène du film de Peter Weir), qui aurait le visage de la divinité comme du démon mais plutôt en tant que métaphore de la vie et d'une fin redoutée.

Superstition, doute, révolte ou acceptation animant les différents protagonistes face à la prophétie du vieux rebouteux Anzevui qui annonce la disparition définitive du soleil (comme anticipation de sa propre mort en quelque sorte). Dans « Le cheval de Turin » de Bela Tarr les paysans attendaient la fin du monde jusqu'à l'obscurité complète. Ici chacun s'anime de sa foi, de sa colère ou de son amour pour refuser la fatalité et faire revenir la lumière vitale du soleil. de fait si Anzevui doit mourir et 2 ou 3 personnages se perdre ou disparaître, on assiste surtout à une effervescence, au réveil d'une communauté emportée d'abord par la quête prométhéenne de Cyprien Métrailler (le plus beau passage du roman) puis par le rire et l'amour de la vie d'Isabelle. Et si j'ai parfois regretté les passages plus concrets ou quotidiens (les transactions financières par exemple) pourtant nécessaires, j'ai aimé l'intensité qui émane de ces hommes et femmes à la serpe et de leur rapport au monde âpre et fascinant qui les entoure. Un monde comme suspendu au-dessus du vide entre la terre et le soleil. Et tout cela sans lyrisme romantique. On est dans une écriture qui serait comme de la glaise qui révèle la simplicité et le mystère de ces vies.
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