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Critique de Rodin_Marcel


Rankin Ian (1960-) – "La mort dans l'âme" traduit de l'anglais (Ecosse) par Edith Ochs– Ed. du rocher, Gallimard/folio policier, 2004 – ISBN 2-07-030089-7 – 608p. – Titre original : "Deads souls"

Un roman policier qui résiste à la re-lecture ne peut être que bien construit.
Ce roman (épais de plus de six cents pages) fut publié en langue originale en 1999, par un auteur qui n'en était pas à son coup d'essai, puisqu'il s'agit ici de la "sixième enquête de l'inspecteur Rebus à paraître dans la collection FolioPolicier" (quatrième de couverture).

Avec talent, Ian Rankin mélange non seulement trois ou quatre intrigues mais également de courtes scènes qui en disent long sur les quartiers démunis d'Edimbourg, le fonctionnement des institutions écossaises, ou d'autres caractéristiques des sociétés occidentales.
Ainsi par exemple du rôle de certains avocats retournant l'accusation contre la police lors d'un procès (pp. 107-120), phénomène qui est aujourd'hui devenu quasiment la norme dans tout procès – les bavasseuses et bavasseurs se voyant, en France, largement encouragés par un leader politique clamant "la police tue" (Mélanchon), sans oublier la démolition systématique des preuves accumulées (p. 589).
Ou encore de la scène des pauvres fillettes que leurs mères exhibent dans des concours dits de beauté (pp. 240-242).
Le récit contient même une illustration des si nobles moyens mis en oeuvre pour organiser l'entre-soi des bobos citadins dans les hyper-centres urbains et l'exclusion des banlieusards (p. 483) : les écolos bobos français ont depuis trouvé l'arme imparable de la vignette "crit'air" permettant la circulation de leurs chers SUV rutilants doublée de l'exclusion des vieilles bagnoles des banlieusards...
Plus terrible encore, l'évocation des prêtres pédophiles et des gens qui savaient (pp. 542-547), ici évoqués dès 1999, qui ne finit par être l'objet en France d'une enquête approfondie de la CIASE que vingt ans plus tard.

Par ailleurs, le récit est parsemé de nombreuses évocations d'Edimbourg avec sa banlieue industrielle ruinée, ce que l'on appelle si justement aujourd'hui "les territoires perdus de la République", un phénomène qui ne fait que s'aggraver au fil des décennies, sempiternel objet de grandiloquentes déclarations des politiques de tout bord au moment des élections, pour être relégués dans l'oubli juste après (exemple pp. 388-390).

Un roman qui donne envie d'en lire d'autres du même auteur.

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