(...) le whisky était le seul psychanalyste qu'il était prêt à se payer.
C'était tout le problème avec les monstres. Ils avaient l'air comme tout le monde.
Les auteurs de sévices sexuels rendaient Rebus malade. On ne pouvait les guérir ni les changer. Ils ne s'arrêtaient jamais. Et quand on les rendait à la société civile, le naturel revenait au galop. Ils voulaient tout contrôler, n'avaient aucune force de caractère, bref, ils étaient épouvantables. On aurait dit des camés résistant au sevrage. Il n'existait pas de drogue de substitution et la psychothérapie semblait sans effet. Ils voyaient la faiblesse et devaient l'exploiter; ils voyaient l'innocence et devaient la souiller. Rebus en avait plein le dos de ces ordures.
Rebus se sentait isolé, mais avec à peu près autant de dignité qu'un chimpanzé.
Poussant la porte du pub, il sentit une bouffée de chaleur et l’odeur de la fumée lui monter au visage. Les clopes étaient inutiles à l’Ox : respirer l’air ambiant revenait à griller un paquet entier.
Il avait essayé de monter à cheval une fois exactement, ce qui lui avait mis la peau des cuisses à vif au point qu'il s'était promis que désormais, ses seuls contacts avec la plus noble conquête de l'homme se limiteraient à l'achat d'un ticket de PMU.
Rebus imagina un renversement des rôles, avec les cages remplies de gamins que zieutaient des animaux en promenade, et qui gambadaient et piaillaient, ravis d’attirer l’attention. Sauf que les animaux ne partageaient pas la curiosité des hommes. Toute manifestation d’agilité ou de tendresse les laisserait indifférents, ils ne remarqueraient pas qu’ici on jouait et que, là, quelqu’un s’était égratigné le genou. Les animaux ne construiraient pas de zoos, car ils n’en auraient pas l’usage. Rebus se demanda pourquoi les humains en avaient besoin.
Au cinéma, rien n'est impossible. Dans la vraie vie... dans la vraie vie, ça finit toujours par déconner.
En rentrant à Saint-Leonard avec Siobhan Clake après une urgence, Rebus fit un détour par New Town. clarke savait ne pas poser de questions : il lui dirait ce qu'il avait en tête quand il en aurait envie et pas avant.
Les gens savaient… mais n’en avaient rien à cirer.