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Critique de BurjBabil


Merci à Babelio et aux éditions Seuil pour me proposer de lire et de donner un avis sur ce roman finlandais.
L'objet en lui-même est agréable, le titre en relief de la tranche est du plus bel effet ainsi que la couverture qui fait penser à une composition d'algues.
J'avoue avoir eu un peu de mal au début de l'ouvrage avec la langue finnoise ou sa traduction qui donne un phrasé parfois déconcertant. Exemple : « Les gars de notre pays, ils ne doivent pas savoir que faire le plein la nuit n'a qu'une seule conséquence : la merde vole plus loin que le javelot ».
Mais, comme toujours avec la littérature, on s'y habitue, on rentre dans le rythme particulier de la langue, on trouve nous-même la ponctuation qui nous sied le mieux…
Alors l'histoire peut dérouler son intrigue.
Celle-ci est articulée autour de la mémoire d'un accident et des traces qu'il a laissées dans la communauté kvène dans laquelle retourne l'héroïne, Aapa, ou Auruura selon qui la nomme, car chaque personne, chaque chose a plusieurs noms… Tout comme il y a plusieurs vérités, plusieurs versions d'un même évènement, plusieurs manières de présenter une même parole… Soyons honnêtes : on ne connaitra pas LA vérité de l'accident de 1959, celui-ci restera dans la brume glaciale de l'océan arctique, l'auteur ne nous fera pas le plaisir de cette narration là…
Il reste donc l'ambiance, le décor, les questionnements. Si je résume mon ressenti, je dirais que c'est un roman impressionniste en noir et blanc. Par petites touches d'odeurs, d'images, de sons, elle essaie de faire ressentir l'ambiance tellement particulière de ces zones de latitude extrême, ou les nuits et les jours s'étirent et disparaissent.
Mais comme c'est à travers le filtre des émotions de l'héroïne, on ne comprend pas toujours très bien les situations, les rapports entre les habitants, et on n'imagine que très partiellement la vie des habitants et saisonniers vivant là-bas.
Bien sûr, le fond de l'histoire est également écologique et met en scène rétrospectivement des préoccupations environnementales qui existaient apparemment dans les années soixante-dix ou quatre-vingts au moment du début de l'exploitation des gisements de pétrole de la mer du Nord et qui résonnent aujourd'hui avec l'actualité de l'extraction des hydrocarbures. Car avec les températures qui s'élèvent dans ces latitudes, c'est l'exploitation du sous-sol de l'océan (de moins en moins) glacial arctique qui est concerné. le programme de recherche sur les ressources pétrolières de l'Arctique de l'USGS (United States Geological Survey), a estimé les réserves non découvertes à 90 milliards de barils pour le pétrole, 1,669 billion de barils pour le gaz naturel et 44 milliards de barils de gaz naturel liquide, pour l'essentiel en mer…Notre civilisation énergivore a encore de beaux jours devant elle, au grand dam des baleines qui sont finalement les tristes victimes de ce roman puisque l'auteure nous explique via son héroïne que l'exploitation sous-marine de pétrole semble provoquer de graves conséquences sur leur santé…
C'est finalement ces mammifères marins que l'on comprend le mieux dans ce roman d'ambiance qui s'inscrit dans la veine contemporaine des préoccupations écologiques dans une zone assez peu connue de notre petite planète.
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