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Critique de Zephirine


Si vous aimez les grands espaces arctiques et leurs paysages de neige, si vous n'êtes pas insensibles à l'histoire du XXe siècle, alors partez à la découverte de ce premier roman tout-à-fait étonnant de la finlandaise Petra Rautiainen. L'intrigue mêle seconde guerre mondiale en Laponie, mystère d'une disparition, neige et nuit polaire et culture samie. Dépaysement assuré.
Tout commence en 1947, lorsque Inkeri Linddqvist arrive à Enontekiö. Journaliste et photographe, elle s'intéresse à la reconstruction de la région détruite par la guerre, mais sa motivation première c'est la recherche de la trace de son mari disparu dans un camp de prisonniers.
Finlandais et samis vivent côte à côte, et ils ont comme point commun de ne pas s'épancher sur ce terrible et trouble passé qui a bouleversé le pays. Grâce à Bigga-Marja, la journaliste va découvrir la culture sami. Les Samis, (et non les lapons, terme péjoratif) sont un peuple autochtone, à l'origine nomade, qui vivent dans le nord de la Finlande, de la Suède, de la Norvège et une partie de la Russie.
L'originalité de ce roman, c'est d'alterner deux périodes et deux voix différentes. La première est issue d'un journal écrit par un soldat finlandais envoyé comme interprète au centre pénitentiaire d'Inari en février 1944. La seconde raconte l'arrivée et l'installation d'Inkeri à Enontekiö en 1947. En slalomant entre deux époques, deux histoires, se construit peu à peu le puzzle de ce mystère qui entoure ce camp de prisonniers pas comme les autres et qui n'a jamais figuré sur les cartes. Que s'y passait-il vraiment ? Et que sont devenus ses gardiens et ses prisonniers à la fin du conflit ? Il y avait une femme parmi eux, Saara, mais qui était-elle exactement ? Olavi, qui l'a connue, dit qu'elle était « Une guérisseuse, une noaidi. Elle était saigneuse et infirmière dans les camps »
Inkeri va être confrontée à la chappe de silence des habitants, à commencer par Olavi, son colocataire, qui semble cacher des choses, comme cette photo prise dans le camp de prisonniers et qu'il tente de dissimuler dans les fondations de la nouvelle église.
« Pour bien mentir, il faut rester aussi proche que possible de la vérité, Olavi le savait »

On se prend d'affection pour Inkeri et son combat difficile pour connaitre la vérité. Rattrapée par son passé et ses années africaines aux côtés de son mari, elle tente, parfois avec maladresse de se lier avec les samis. Elle veut faire connaitre leur culture et, contrairement à ses contemporains, n'a pas d'opinion négative à leur égard.
L'intrigue se met en place petit-à-petit, et, au fur et à mesure que le mystère s'éclaircit, on découvre la vraie personnalité des personnages, et les intrications entre eux. C'est aussi une plongée dans une culture souvent méconnue avec ses croyances, ses rites et sa langue.
L'écriture est fluide, agréable, avec de nombreux dialogues, et la personnalité de chaque personnage bien cernée. Sur des bases historiques sérieuses, la romancière a construit une intrigue bien ficelée qui m'a tenue en haleine jusqu'à l'épilogue.


Ce roman est traduit du finnois par Sébastien Cagnoli. Spécialiste de culture finno-ougrienne et écrivain, il a traduit entre autres les romans de Sofi Oksanen. On ne souligne pas assez le travail de traduction qui demande des connaissances qui vont au-delà de la langue traduite, et il est dommage que le nom de Sébastien Cagnoli soit absent de la couverture et qu'on ne le trouve que sur la 4e de couv et à l'intérieur du livre.
Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour la découverte de ce premier roman.
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