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Critique de Xara0523


L'imagination d'un écrivain peut-elle réellement se traduire en réalité concrète ? On se sent rappelé à l' histoire de Pygmalion et Galatée, où le sculpteur Pygmalion tombe amoureux de sa création, Galatée, une statue rendue vivante grâce à Aphrodite, la déesse de l'amour. Tel comme dans la mythologie grecque, dans les « Voyageuses Temporelles » la réalité se conforme aux voeux de Pygmalion :  « De créatures littéraires elles sont devenues femmes vivantes... » (p.102). Mais l'idée de l'écrivain, plus spiritisée, va bien au-delà de ça : « si des êtres spirituels pouvaient influencer des êtres vivants, parfois en leur sauvant la vie, ils pouvaient également influencer des personnes vivant des années plus tard » (p. 106), le temps, en fait, étant « intemporel ». « Un même concept pouvait revenir à travers le temps sans aucun problème car une idée n'appartenait pas forcement à un homme, mais à des forces qui nous étaient infiniment supérieures » (p. 106).
Et « spirituel », pour Denis Ravel, ça veut aussi dire « Dieu », omniprésent à travers des mondes parallèles : « Lydie, Aïda et Madame Xiu, leur création n'était pas forcement la mienne, mais une idée qui m'avait été envoyée car justement ces trois personnes existaient bien réellement » (p. 107). Ainsi, l'écrivain concilie la religion et la science fiction dans son propre univers supra-réel.
Les trois héroïnes du roman, elles, ont toutefois peu à voir avec la Vierge Marie mais tel que pour Pygmalion, il y a un fort aspect érotique dans cette relation créateur–création, et il semble quasi logique que l'écrivain se sente attiré par ces femmes qu'il avait aimées en tant qu'écrivain. Or, séduisamment devenues chair et os les trois héroïnes de ses antérieurs romans possèdent aussi les défauts caractériels imaginés jadis par l'écrivain lui-même : elles sont dominantes, insolentes, jalouses, surtout du fait que l'écrivain n'ait écrit qu'une seule histoire où elles, une par une, étaient la protagoniste, pour ensuite de nouveau les faire tomber dans l'oubli total.
Donc ces rencontres consécutifs, dix ans plus tard, n'ont rien de fortuit, mais les héroïnes de l'écrivain, telles ses muses bien que fictives, reviennent pour lui demander compte. Ou c'est peut-être aussi Denis Ravel lui-même qui revient sur son passé d'écrivain car « Voyageuses Temporelles », bien que fantastique, est aussi une réflexion très personnelle sur l'écriture : l'acte de création, la vie solitaire, les sources d'inspiration et leur vie propre :  « ceux qui rêvent éveillés ont connaissance de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis. Dans leurs brumeuses visions, ils attrapent des échappées de l'éternité et frissonnent, en se réveillant, de voir qu'ils ont été un instant sur le bord du grand secret... » (E. A. Poe, Éléonora ; ici p. 155).
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