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Critique de Cigale17


Comme d'habitude, Yves Ravey s'amuse et se joue de son lecteur : on embarque ou on reste sur le tarmac ! Des vacances qui commencent bien mal… Après trois heures de vol pour la Sicile, un couple loue une voiture et part en direction de Taormine où il a réservé un hôtel quatre étoiles. le mari quitte l'autoroute pour suivre les indications d'un panneau : la plage ne semble pas loin. Mais la route se transforme en un chemin de terre et traverse un chantier. le couple s'arrête pour boire un café dans un snackbar où l'homme oublie une carte de leur hôtel. le temps est maussade, comme le sont les deux personnages qui sortent d'une dispute qui n'a rien réglé. Ils aperçoivent un campement dans lequel vivent un certain nombre de migrants ou de réfugiés. Voilà qu'il se met à pleuvoir des cordes quand le couple repart en voiture, dépité de ne pas avoir trouvé la plage indiquée. La visibilité est très mauvaise et, brutalement, survient un choc violent. La voiture a heurté quelque chose. Quelque chose d'assez gros. Un bloc de béton ? un gros chien ? Ou quelqu'un pense Melvil sans l'avouer. Ni lui ni Luisa ne descendent finalement de voiture et ils repartent en direction de l'hôtel. Vous avez lu une dizaine de pages…
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Bien sûr, on a déjà compris que tout allait mal se passer. Tout se passait déjà mal, d'ailleurs, avant même le départ, et les vacances en Sicile vont empirer la situation. Dans Taormine, Yves Ravey présente une Sicile de guide touristique, minimalement décrite, mais Luisa a activement préparé le voyage par écrit, avec tout ce qu'il faut avoir vu. On sent toute l'ironie de l'auteur pour un certain type de tourisme. Comme dans les autres romans de lui que j'ai lus, Ravey joue sur l'anthroponymie. le nom du narrateur, Hammett, fait allusion à Dashiell Hammett, sans aucun doute. le couple formé par les deux protagonistes ressemble un peu à celui de Dashiell Hammett et Lillian Hellman par l'évidente différence de classe sociale et par la femme pourvoyeuse des finances du couple, même si, dans le cas de Luisa, c'est son père le généreux donateur… le prénom Melvil peut être un clin d'oeil à Jean-Pierre Melville, plutôt qu'à Herman, je crois. On prête au cinéaste un mauvais caractère et une tendance à la mauvaise foi que partage le narrateur. Je me régale toujours du style d'Yves Ravey, aussi minimal que percutant. La psychologie des personnages n'apparaît que par petites touches, brièvement, et c'est au lecteur de la construire grâce aux clés données par les dialogues rapportés au style indirect et les monologues intérieurs du seul narrateur, ce que j'avais trouvé très déroutant dans mes premiers contacts avec cet auteur et qui maintenant m'enchante. On découvre ainsi, en vrac, chez l'un et chez l'autre, la veulerie, l'orgueil, le déni, la lâcheté, la versatilité, la jalousie, la complaisance, la malhonnêteté, etc., et la culpabilité, mais en toute petite quantité… Quant à la fin, eh bien ! comment voudriez-vous que ça se termine ? mal, forcément mal.
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