Le noir est une couleur

Si on se plonge dans « Le noir est une couleur » avec la vigoureuse innocence de celui qui veut en apprendre plus sur le personnage mythique de Grisélidis Réal, on ne sait en revanche jamais dans quel état on ressort de cette vie battue, choyée, éplorée. Car plus encore que la narratrice, c'est la vie elle-même qui est mise à mal dans ce livre. La narratrice conte son parcours dans l'Allemagne des années 60, dans une relation dangereuse et une situation précaire, où il faut à la fois se mettre soi et ses enfants en bas âge à l'abri. Dans les rues de Munich se liront violences, prostitution, drogue, mais surtout brûlante volonté de rencontres et de passion, où la narratrice se heurte à des épreuves comme autant de figures de style qui viennent composer lettres d'amour, coups de gueule, critiques sociétales et enfin récit de vie, comme un ultime hommage à ce souffle d'existence qu'on tend à chercher de la première à la dernière page.