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Critique de Amnezik666


Il est des bouquins qui vous prennent aux tripes par le rythme effréné de leur intrigue, d'autres vous feront tout autant d'effet en misant uniquement sur les personnages. Jake, de Bryan Reardon, s'inscrit incontestablement dans la seconde catégorie ; il m'a rarement été donné de lire un roman dont les personnages dégagent une telle humanité. Impossible de ne pas éprouver une sincère empathie pour la famille Connolly face à l'épreuve qu'ils traversent, en particulier pour Simon.

L'intrigue n'est pas pour autant laissée pour compte, mais elle reste relativement classique et, osons le dire haut fort, tristement banale (c'est d'autant plus vrai qu'elle colle a l'actualité du moment, trois semaines après la fusillade survenue dans un lycée Parkland qui a fait 17 morts). C'est plutôt dans son traitement que l'intrigue se démarque, ici le sensationnalisme ou le voyeurisme n'ont pas leur place, de nouveau c'est le côté humain qui est mis en avant.

Le récit est à la première personne, c'est Simon qui nous raconte le drame que lui et sa famille subissent. Il faut dire que la situation familiale des Connolly est un peu atypique, le couple a en effet décidé, d'un commun accord, que Simon resterait à la maison pour s'occuper des enfants, tandis que Rachel, son épouse, poursuivrait sa brillante carrière professionnelle.

Nul besoin d'être soi-même père de famille pour partager la détresse de Simon, une détresse faite d'inquiétudes pour son fils disparu, mais aussi de doutes et de colère alors que les médias et une partie du voisinage désignent sans la moindre hésitation Jake comme complice et pointent du doigt la responsabilité des parents.

Si l'on s'identifie aisément au personnage de Simon, c'est parce qu'il n'a rien du héros nourri à la testostérone ; ce serait plutôt monsieur Tout-le-Monde, un type réservé qui s'efforce d'élever au mieux ses enfants et qui, du jour au lendemain, se retrouve confronté au plus inconcevable des cauchemars.

Les chapitres alternent entre le présent et les souvenirs de Simon, des flashbacks relatifs à Jake bien entendu, mais qui impliquent aussi Rachel et Laney. En puisant dans le passé, Simon essaye de comprendre le présent.

La grande force du roman reste la formidable écriture de Bryan Reardon, une écriture criante de vérité par son authenticité, mais aussi une écriture chargée d'une énorme intensité émotionnelle. Si vous avez encore ne serait-ce qu'une once d'empathie, impossible que ce roman vous laisse de marbre ! C'est une lecture qui vous prendra au coeur et aux tripes ; je parierai même que vous ne refermerez pas ce bouquin sans avoir versé une larme.

Il me semble donc parfaitement légitime de saluer le travail de la traductrice, Flavia Robin, qui a su retranscrire ce tourbillon d'émotions avec beaucoup de justesse. Une profession de la chaîne du livre trop souvent oubliée malgré son rôle essentiel.

Bon, et Jake dans tout ça ? Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler la clé de l'intrigue. Je dirai juste que j'ai rapidement pressenti le fin mot de l'histoire ; mais ça ne m'a nullement empêché de profiter pleinement de ce bouquin.

Nous ne sommes qu'en mars, mais je peux d'ores et déjà affirmer que Jake sera certainement l'une de mes lectures les plus marquantes de cette année 2018.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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