De chair et d'os

Tout d'abord il vaut mieux prévenir le futur lecteur qu'il vaut mieux lire ce deuxième volet de la trilogie du Baztan juste après avoir fermé le premier. C'est dommage, car l'intrigue en elle-même pourrait être lue séparément, mais il y a trop d'allusions à des détails du premier volet, sans aucun rappel, ce qui fait qu'on est un peu perdu. Contrairement à beaucoup de lecteurs semble-t-il, j'ai beaucoup plus apprécié la personnalité, plutôt agaçante, de l'inspectrice Amaia Salazar. C'est sûr, elle est énervante avec son obsession à être une mère parfaite, à ne pas voir à quel point son mari lui facilite tout, mais on comprend mieux sa personnalité, typique de quelqu'un de résilient (grâce à sa grand-mère et à sa tante), alors que son passé est bien plus lourd que celui du serial killer qu'elle traque mais qui n'a reçu aucun soutien. Comme dans le premier volet, la nature, les paysages, l'eau de la rivière comme l'eau de pluie, la vallée du Baztan, occupent une place de choix et sont remarquablement rendus. L'auteur nous transporte dans un coin d'Espagne loin de l'imaginaire traditionnel, plus proche d'une vallée vosgienne ou de Brocéliande. Pour ce qui est de l'enquête proprement dite je me suis cru dans un épisode de la série Esprits criminels, avec tout ce mélange des croyances ancestrales et des superstitions,mêlé à de la psychologie et des moyens modernes d'investigation. Tout cela donne un univers très singulier, dans lequel il est parfois difficile de ne pas se perdre. Il y a quand même un peu trop de surnaturel à mon goût, dans l'enquête ça passe, les tirages de carte, c'est limite, mais quand un être mythologique aide Amaia à trouver son chemin dans le noir, c'est franchement de trop! Quel dommage !