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Critique de oiseaulire


Ce roman m'a désorientée et déçue après la lecture des trois premiers romans de Marie Redonnet qui m'avaient plongée dans l'émerveillement : Le Splendid Hôtel, Forever Valley et Rose Mélie Rose.
La narratrice relate dans La Femme au Colt 45 son terrible parcours d'exilée sans papiers d'une façon si explicative qu'elle en semble artificielle.
Exemple :
"Je vais attendre que les hommes soient arrivés au fleuve et qu'ils aient traversé. Ce sont des trafiquants qui profitent de la guerre pour faire des affaires. S'ils m'apercevaient seule sur le sentier descendant en direction du fleuve, ils abuseraient de moi, c'est sûr, et puis ils me tueraient."
Ou :
" Il est temps que je m'éloigne de la rive et que je cherche un gîte avant la nuit. Je suis étrangère et je dois respecter les lois du pays où je viens d'entrer et auquel je veux demander asile."
Comme tout cela est argumenté !
Lora Sanders a certes accompli un pas de géant dans la recherche d'autonomie qui motive les héroïnes de Marie Redonnet. Mais je n'ai pas ressenti la moindre sympathie à son égard : tout glisse sur elle comme sur les plumes d'un canard, elle n'a pas l'air de croire en sa propre aventure. Elle est faite de carton-pâte (ou d'acier inoxydable ).
J'ai préféré de beaucoup les trois romans cités plus haut malgré la mélancolie qui se dégage de toutes ces vies étouffées.
Ecrire de la littérature engagée est un exercice difficile parce que l'art est insensible au bien, au progrès, au bonheur.
Les premiers romans sont de l'art ; La Femme au Colt 45 est une sorte de manifeste selon lequel il est possible d'avoir une prise sur sa propre vie : je veux bien le croire, mais ce n'est pas vraiment mon affaire quand je lis. Mon affaire, c'est l'imaginaire.
Et puis encore un livre sur l'émigration ! Ce thème est intéressant entrecroisé avec d'autres, comme dans les grands livres. Il ne doit pas constituer un argument unique. C'est le défaut de la littérature contemporaine de broder autour d'un sujet "dit" d'actualité parce qu'on se met soudain à en parler frénétiquement : la monoparentalité, le transexualisme, l'émigration, l'inceste, les violences faites aux femmes, le don d'organes, l'homosexualité, le rapport fils/mère, fille/père, la recherche du père, la maltraitance... Cela manque de souffle et c'est un peu rebattu.
Je suis désolée de laisser cette critique car j'aime beaucoup l'auteur. Je relirai souvent des extraits de ses premiers livres empreints d'un charme envoûtant.
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