Regards sur la peinture, n°95 : Juan Gris

Fernande Olivier, la compagne de Picasso de l’époque, disait de lui qu’il n’avait pas beaucoup de talent, mais qu’il était malin, ce qui lui a permis de suivre immédiatement le mouvement cubiste, ou plutôt les « trucs du cubisme » dont il se servit avec intelligence, mais, insistait-elle, sans art !

Pour Apollinaire, Gris n’était qu’un excellent disciple. Picasso lui-même ne l’aimait pas beaucoup. Gertrude Stein racontait que « Gris était la seule personne que Picasso eût volontiers rayée du monde ». C’est pourtant Picasso qui signalera l’artiste espagnol au marchand Kahnweiler, un événement fondamental pour la carrière de Gris.

José Victoriano Gonzales Pérez naît à Madrid le 23 mars 1887… A dix-sept ans, il va étudier la peinture chez José Moreno Carbonero, qui eut entre autres élèves Picasso et Dali et qu’il allait par la suite détester, même si son maître eut le mérite de lui donner une remarquable maîtrise dans la technique du dessin. C’est plus ou moins à cette période qu’il décide de changer de nom : même en Espagne, il est difficile de devenir célèbre avec un nom aussi commun que celui de Gonzales.

... Ses tableaux ne sont pas de savants théorèmes, ni de subtils exercices de raffiné. Il sont sang de son sang, chair de sa chair...Il croyait s'effacer derrière le monde qu'il créait, mais ce monde, c'était lui-même.