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Critique de Ingannmic


Octave et Véra vivent depuis vingt ans dans une vaste demeure sans photos ni miroirs, dont ils ont hérité à la mort accidentelle de leurs parents. "Notre Château", comme ils l'appellent, est la bulle qui les coupe du monde, le cocon entourant le couple misanthrope formé par le frère et la soeur, dont la relation fusionnelle exhale de troubles relents.

Leur isolement est volontaire, en accord avec leur décision de consacrer leur temps à lire, occupation à laquelle ils s'adonnent dans l'écrin que constitue "Leur Bibliothèque", et à l'origine de la seule sortie que s'autorise Octave, le narrateur. Ce dernier, tous les jeudis, se rend ainsi en ville, afin de se réapprovisionner en livres.

Un fait insolite, survenu à l'occasion d'une de ces escapades livresques, est le préambule à une série d'événements étranges et déstabilisants qui vont fissurer la quiétude de la routine immuable dans laquelle est figée l'existence des deux habitants du château.

Octave n'oubliera jamais ce jeudi 31 mars au cours duquel il a vu, à 14h32, sa soeur dans le bus 39, qui relie la gare à la cité des trois fontaines, le quartier de leur enfance. Car Véra a une horreur quasi viscérale du bus. D'ailleurs, quand son frère annonce l'avoir aperçue en ville, elle prétend ne pas avoir mis les pieds hors de la maison...

"Notre château" est un texte intrigant, qui emprunte au genre gothique, composé de courts paragraphes dont la succession confère sa vivacité à ce texte original.

J'ai un peu craint au départ de subir un laborieux exercice de style, l'auteur usant de répétitions censées singulariser la parole de son narrateur -Octave-, qui au final alourdissent le style. Heureusement, cela ne dure pas, et l'on se retrouve rapidement envoûté par l'ambiance surnaturelle et de plus en plus angoissante qui plane sur ce singulier château, dont on se demande s'il est réel, ou un fantasme né de l'imagination du héros. Peu à peu la folie affleure, le mystère laisse subtilement la place à une horreur d'autant plus glaçante qu'elle est surtout suggérée...

Un plaisir de lecture prolongé par la découverte, en fin d'ouvrage, de photos publiées à la demande de l'auteur, prises par le peintre anglais Thomas Eakin (1844-1916), dont le caractère à la fois mystérieux et nostalgique, parfois austère, voire lugubre, colle parfaitement à l'atmosphère du roman d'Emmanuel Régniez...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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