S'il fallait se dire adieu

Comme j’aimerais que la neige remplisse la maison et ensevelisse toute cette histoire, que nous ne sentions plus rien d’autre que son froid lumineux qui, nous aussi, nous adoucirait, nous dissimulerait.

Je t’aime, lui dit-il après leurs ébats. Depuis une éternité. Je le déteste d’avoir gâché tant des si rares jours qu’on avait partager… J’aurais dû te le dire plus tôt.

Ce que j’en pense, c’est que tu voulais m’aimer, mais que tu n’y es pas arrivé ; pas tout à fait. Je ne suis même pas certaine que tu saches ce qu’est l’amour.

Bien sûr que tu ne l’as pas embrassé. C’est juste que j’ai peur que, quand je serais parti, tu embrasses d’autres hommes à en oublier que j’ai existé un jour.

Il lui toucha l’épaule ; quand elle se tourna, elle vit son visage tout près du sien et, sans plus y réfléchir, peut-être parce qu’il partageait avec elle les ténèbres, ou peut-être parce qu’elle voulait éprouver la vérité de sa promesse que son cœur brisé continuerait de battre, elle posa les lèvres contre les siennes.

Moi-même, j’essaye de m’en sortir, avoua-t-il. J’essaie de me dire que la mort donne du sens à nos vies. C’est difficile d…

Vous allez lui dire que vous vous en sortirez parce que c’est vrai. Ce ne sera pas immédiat, bien sûr, mais avec le temps, vous y parviendrez.

Elle avait souffert l’appel de l’hôpital local, son cœur cessant de battre aussitôt et ne se ravivant péniblement que lorsqu’elle avait appris qu’il n’était pas mort. Pas ce soir. Pas encore.

Parfois, il percevait la tristesse qu’elle essayait tant de dissimuler, et ils se prenaient dans les bras en silence, cherchant chacun du réconfort, plus que de l’espoir de jours heureux qui ne viendraient jamais.

« Ne t’implique pas trop, avait-elle eu envie de lui dire. Mets une partie de ton coeur à l’abri, de façon que la douleur, quand elle frappera, ne te tue pas sur le coup »