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Critique de tiptop92


Erich Maria Remarque - À l'Ouest, rien de nouveau - 1929 : 1914, dernier jour d'école en Bavière ou ailleurs : «Finalement messieurs cette année vous ne passerez pas le bac, vous n'irez pas en vacances non plus, vous prendrez un fusil et vous irez vous battre dans les tranchées». Enfin se battre si on veut car pouvait on appeler des combats cette infâme boucherie dans laquelle fut plongée une génération entière de jeunes hommes qui n'étaient encore pour la plupart que des enfants. Des classes de terminale joyeuses comme celles qu'on connait aujourd'hui furent précipités au milieu du feu par la faute d'un nationalisme abruti qui guida aveuglement toutes les nations d'Europe vers l'apocalypse. Einrich Maria Remarqué lui-même ancien combattant revenu de l'enfer trouvait les mots justes pour décrire avec réalisme l'ignoble quotidien des soldats sur le front. Par la faute d'un professeur exalté une bande de gamins s'engageait dans l'armée allemande dès le début de la guerre bien persuadé d'être rentré dans leurs foyers avant noël couvert de reconnaissance et de gloire. Brève utopie car pendant cinq ans les jours de fête seront aussi cauchemardesques que les autres. Pendant tout ce temps Il faudra survivre alors que la seule raison de cette débauche de feu et de fer était d'anéantir un maximum de jeunes êtres humains comme de minuscules fourmis écrasées sous les pieds d'un géant. le lecteur en apnée vivait la peur et la sauvagerie des combats dans la peau des protagonistes se demandant à chaque page si son existence n'allait pas s'achever percée par une baïonnette ou disloquée par un éclat d'obus. Cette guerre qui a rongé l'humanité comme un cancer trop virulent prenait sous la plume d'Heinrich Maria Remarque l'allure cataclysmique de l'enfer de Dante. Mais ses personnages au lieu de bruler au feu du repentir se tordaient de douleur sous l'effet des gaz de combat et trop souvent aussi sous ceux de la faim et de la soif. Car outre le fait de risquer la mort à chaque seconde, les soldats souffraient des conditions de vie épouvantables quand ils étaient en ligne, le froid, la chaleur, les poux étaient les éléments d'une torture qui n'en finissait jamais. Un semblant d'humanité les faisait tenir debout quand même, le soutien d'un camarade plus âgé qui prenait le rôle d'un père de substitution ou la parole d'un officier bienveillant redonnaient un peu de chaleur dans la froideur désolée du désespoir. Et quand enfin il pouvait rentrer dans leurs familles, la permission ou la convalescence n'apportaient aucun réconfort aux soldats déboussolés par l'insouciance d'une population qui reprochait à ceux du front les privations engendrés par le blocus des alliés. La notion de sécurité n'existait même plus et pour la plupart des combattants la vie à l'arrière était d'un tel dégoût qu'ils préféraient retourner se faire tuer avec leurs camarades. "A l'ouest rien de nouveau" expliquait le chaos avec une précision si frappante que l'Allemagne nazi qui préparait en secret une implacable revanche en interdit la publication. Il reste après les années le plus puissant manifeste contre la guerre jamais écrit... éprouvant
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