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Critique de Fauvine


Voici un roman qui permet de plonger à la fois dans la vie dure et aride d'un village de Sibérie et dans l'effervécence et la débrouille de la vie moscovite puisque deux cousines, Katia et Nastia décident un jour de tenter leur chance à Moscou. Il leur faut en effet quitter leur patelin pour pouvoir trouver un travail (qui manque dans leur Sibérie natale) et essayer d'aider au mieux leurs familles pauvres et en difficulté. Ces filles ont des conditions de vie compliquées, la mère de l'une étant alcoolique, le père de l'autre alité à cause d'un accident, et son frère en prison…

Après leur « rêve moscovite », elles découvrent que la vie dans la capitale n'est pas non plus exempte des duretés de la vie, certes elles gagnent mieux mais la vie y est bien plus chère. On se rend compte alors que les deux cousines ont des personnalités et une façon de voir la vie bien différentes. Aux rapports amicaux des débuts se mêlera la jalousie et la cruauté de l'une d'elle, due en majeure partie à sa bêtise car elle semble ne pas se rendre compte de la grande souffrance infligée par ses bas calculs.

Mais on y découvre aussi des personnages attachants, des rapports mi fraternels, mi amoureux se nouent entre Katia et Alexeï puis Andreï, on ne sait pas trop sur quel pied danser, comme les personnages qui s'interrogent sur leurs sentiments, surtout Katia (mais aussi Andreï). Amitié, amour, quelle est la frontière entre les deux, comment savoir si l'on aime plus une personne ou une autre ? Et Nastia s'attache elle aussi en dépit de son attitude détachée et lucide, vit une relation faite de hauts, de bas, de passion physique avec un jeune homme qui lui ressemble. Ce sont essentiellement ces relations qui vont porter le récit à partir du moment où les personnages principaux ont de quoi subvenir à leurs besoins.

Et c'est pour cela que les dialogues sont si présents. À ce sujet, c'est-à-dire le style de l'auteur, j'ai un sentiment étrange car j'ai été parfois conquise par le genre de dialogues qu'il met en place, parfois vraiment agacée. Cela vient du fait qu'en général, dans les romans, seuls les éléments les plus signifiants sont conservés, sont évitées les répétitions, les redites (ou bien conservées mais à titre exceptionnel, et l'on sent une vraie progression dans les échanges au fur et à mesure). Les hésitations renouvelées sont rapportées dans des discours indirects ou narrativisés, pas principalement en discours direct. Ici, c'est différent, c'est l'inverse, l'auteur n'a pas suivi la règle implicite d' «économie du récit », tout est dit, redit, dans chaque dialogue ou bribe d'échange, les personnages se parlent mais ne rebondissent pas toujours sur ce que l'autre dit, laissent parfois des blancs, expliquent une énième fois ce qu'ils ont déjà expliqué à l'autre. Parfois, cette redondance agace fortement (en tout cas, pour ma part je l'ai été), parfois ça aide à mieux sentir les personnages, avoir l'impression d'être vraiment là, avec eux car ça donne une grande impression de réalisme en même temps.

Mais à d'autres moment, on a aussi le sentiment que le narrateur (et l'auteur derrière) cherche à donner l'apparence de discussions poussées et profondes alors qu'en fait non, ce n'en sont pas (par exemple quand Alexei ou Andrei s'émerveillent de l'érudition de Katia mais où ne sont cités que les noms des grands auteurs qu'elle lit, sans vrai début de conversation sur leurs livres eux-mêmes).
Katia elle-même m'a parfois irritée, avec sa naïveté, ses remarques fréquentes sur son gentil papa, sa maman, sa grand-mère, son regret de son petit village où ses seuls amis étaient les membres de sa famille (quel jeune de 25 ans voudrait vraiment vivre uniquement avec papa, maman et les grand-parents toute sa vie ?) et son trop grand angélisme dans certains extraits (je ne compte plus le nombre de fois où j'ai lu dans la même page « regard coupable », « honte », « rougit », « regard gêné » ou « le rouge aux joues » à son propos. Je crois que c'est un tic de langage de l'auteur !) Et l'auteur semble aussi associer la pureté morale, le sens du devoir, la bonté et le fait d'être intellectuel au désintérêt pour la sexualité ou à la virginité tardive (comme si une personne ne pouvait pas aimer les plaisirs charnels tout en étant profondément gentille ou intellectuelle !)

Je mets 3,5 pour les défauts cités (mais je sais que c'est très subjectif), même si j'ai hésité à mettre 4 comme j'ai été happée par le passage après le drame survenu et par la fin du roman.
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