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sur 53 notes
Dans la Russie de Poutine, où la misère semblerait même faire regretter celle de l'ère communiste, deux cousines, deux belles jeunes filles, quittent Beloretchensk, leur petite ville de Sibérie, où " il n'y avait pas assez de travail pour trois mille âmes. Ceux qui étaient encore jeunes fichaient le camp, la plupart des habitants vivaient des potagers, de la rivière et de la forêt. On payait le pain et l'essence avec la retraite des anciens", pour chercher fortune à Moscou. Moscou, où attiré par l'argent, est envahi par les natives des ex-républiques soviétiques, azéris, tadjiks, kirghizs, ukrainiens, géorgiens.....d'autres coutumes, d'autres croyances qui éveillent le racisme des russes.

C'est l'histoire de ces deux filles, deux caractères, deux tempéraments totalement différents, Katia et Nastia qu'on va suivre sur 400 pages à travers leurs périples moscovites. Katia, la pure, l'intelligente, la rêveuse, amante des livres et de la musique classique, très attachée à ses parents, et Nastia, la vulgaire, la fourbe, l'intrigueuse, l'ambitieuse, l'envieuse, aux intentions douteuses, la poufiasse ! Un duo mal assorti, même très mal et pourtant.....
Mais c'est aussi,
L'histoire d'une famille, celle de Katia, de l'amour filial,
Un état des lieux de la Russie actuelle, avec le manque de travail, la misère , la corruption en province et dans les ex-républiques soviétiques qui disloquent les familles et poussent à l'immigration,
Un clin d'oeil aux riches russes qui claquent des fortunes dans les villes huppées d'Europe, si non déjà chez eux,
Et c'est surtout une belle histoire d'amours......

Aprés son premier roman "Volia Volnaia" que j'avais adoré, me voici subjuguée par ce deuxième livre qui m'a scotchée à l'histoire et à sa belle prose.
Un must pour les amoureux de la littérature russe !
Un Coup de Coeur pour moi !
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Les rêves de Nastia et Katia aurait pu être le titre français de Devouchki qui, je crois, signifie en russe « jeunes filles ».

Nastia est plutôt vulgaire. Elle veut aller à Moscou pour trouver un homme riche qui l'entretiendra et avec lequel elle aura une belle vie.

Katia, sa cousine, est très différente. Elle est non seulement belle mais aussi cultivée, raffinée, elle a une âme pure. Elle se laisse convaincre de quitter Beloretchensk et sa Sibérie natale par Nastia car elle a besoin d'argent pour aider sa famille. À cause d'un accident, son père est paralysé et l'opération qui pourrait lui rendre une partie de sa mobilité coûte très cher.

Comment les deux cousines vont se débrouiller à Moscou? Qui va réaliser ses rêves ou atteindre ses objectifs ?

La première moitié du roman m'a captivée mais la deuxième moitié voire le dernier tiers de Devouchki m'a laissée perplexe pour finir par m'ennuyer et me décevoir.

La première moitié m'a plongée dans un roman réaliste, assez noir. Nastia se sent seule, désespérée et jalouse de sa cousine, à qui, en apparence, tout réussi. Katia arrive à accomplir et obtenir tout ce que désire Nastia. Celle-ci en est empêchée par sa trop grande vulgarité et n'a ainsi d'autre choix pour gagner sa vie que de travailler sur le marché que tient Mourad, un menteur invétéré, un mafieux qui vit de diverses combines. Ils ont l'idée épouvantable de vendre la virginité de Katia alors que celle-ci commence à s'éveiller à l'amour aux côtés d'Alexeï, son colocataire étudiant et fils d'un journaliste.

La tension va crescendo et le drame éclate.

J'ai aimé l'intrigue et l'écriture dans cette première moitié du roman. En revanche, la deuxième moitié de Devouchki m'a nettement moins enthousiasmée. J'ai trouvé affligeant que les conséquences du drame soient si peu traitées, voire assimilées à une fièvre ou une grippe qui terrasse Katia puis tout va beaucoup mieux, il n'y est plus jamais fait allusion. Katia n'en veut même pas à Nastia, qui lui a pourtant fait ce qu'il y a de pire. Il y avait pourtant là matière à une belle réflexion sur la haine et le pardon.

Katia est présentée comme une âme pure mais personne n'est « pur » à ce point-là. Que signifie d'ailleurs ce concept de pureté dont la répétition m'a un peu énervée ?

La suite de l'histoire, les réactions, le comportement de Katia m'ont paru peu crédibles voire invraisemblables, notamment son histoire d'amour avec Andreï, le millionnaire.

Seul Alexeï et les quelques passages qui lui sont consacrés m'ont plu.

J'ai eu du mal à comprendre la vision, les idées de l'auteur. Pour lui, la femme est soit vulgaire (Nastia), soit une prostituée de luxe qui s'ignore et joue la comédie de la pureté ? Les cas de conscience de Katia et ses visites chez le prêtre orthodoxe m'ont laissée perplexe, ainsi que les passages où l'avortement est perçu comme un meurtre d'enfant et semble l'objet d'une condamnation morale. Que dire de cette citation ?... « Nous contribuons au mal du monde, répondit Katia. Un homme doit vivre avec une femme, une femme avec un homme : c'est dans l'ordre des choses. Tout le reste est mal, tu le sais bien. Tout autre principe de conduite est destructeur. »

D'après moi, Victor Remizov a voulu peindre probablement la pensée conservatrice de certains Russes, une sorte de repli sur les valeurs ancestrales de la famille traditionnelle.

Les plus beaux passages sont pour Alexeï et ses réflexions: « Je pensais qu'on ne fait pas assez attention à la pureté qui nous entoure. Les âmes pures, on ne les remarque pas, tandis que les crapules nous sautent aux yeux. […] ça fait longtemps que j'essaie de comprendre… Pourquoi ce n'est pas le contraire ? » Il est la seule âme pure de ce roman et j'ai probablement regretté que Katia reconnaisse si peu ses mérites, à tel point que j'ai eu du mal à croire en la fin. Ce « happy end » sonnait faux mais ce n'est que mon avis.

Plusieurs de mes ami(e)s babelionautes ont beaucoup aimé ce roman que j'ai découvert grâce à leurs avis. Je les en remercie. Même si je ne partage pas l'intégralité de leur enthousiasme, Devouchki offre une description réaliste de la Russie contemporaine et, entre autres, de l'état du journalisme. J'ai regretté que ces éléments soient noyés sous d'autres beaucoup moins intéressants.
Lien : https://laurebarachin.over-b..
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A Beloretchensk, au fin fond de la Sibérie contemporaine, Katia et Nastia ont des caractères diamétralement opposés. Elles ont néanmoins en commun un lien familial et la même petite vingtaine d'années. Toutes deux ont aussi des rêves d'avenir, et un seul moyen pour les réaliser : gagner de l'argent. Mais elles savent parfaitement que ce n'est pas dans leur bled étriqué et miséreux qu'elles feront fortune. Leur eldorado s'appelle Moscou, la ville du travail et de l'argent faciles. En route, donc. Les deux cousines débarquent dans la grande ville brillante et fastueuse, mais le vernis qu'elles imaginaient ne va pas tarder à se craqueler. Travail et logement sont des denrées très convoitées, la demande dépasse l'offre, et les jeunes filles, comme des centaines d'autres migrants des républiques l'ex-empire soviétique, doivent tabler sur la chance et la débrouille pour subsister et éviter un retour perdant dans leur village. Et quand l'amour s'en mêle (ou s'emmêle), il complique ou simplifie les choses, c'est selon...
Devouchki est un roman d'apprentissage tout en contrastes et en paradoxes. Katia et Nastia, d'abord. L'une est pure, innocente, cultivée, intelligente, gentille et désintéressée, l'autre est vulgaire, ignare, calculatrice, jalouse, cupide, mauvaise si nécessaire. L'une qui foire tout et l'autre à qui tout sourit, ou presque. Puis il y a l'opposition entre la province et la ville, la Nature belle et généreuse et l'insalubrité des bas-quartiers, les moscovites et les émigrés, les nouveaux riches et les éternels pauvres, l'abîme entre la droiture et la bonté des uns, et la corruption et la fourberie des autres, entre les hommes prédateurs et les jeunes femmes isolées qu'ils considèrent comme leurs proies légitimes (« ...parce que le plus important chez une femme... c'est l'homme auquel elle appartient »). Dans un pays qui n'échappe pas à la crise et à l'incurie de ses dirigeants au point de donner à certains la nostalgie du communisme (« Nous sommes dirigés par une force stupide qui ne sait rien faire par elle-même, à part confisquer les biens d'autrui »), l'argent et les mâles russes sont encore rois. Mais la chute peut se révéler plus rapide que l'ascension. Et ils ne font pas toujours le poids face à l'amour, à la morale et au respect de soi-même.
Voilà un livre très romanesque, entre noirceur et lumière, écrit avec style et souffle, qui se lit d'une traite. Un portrait de la Russie actuelle, contradictoire et chaotique, qui ne donne pas forcément envie d'aller à Moscou, mais bien de se précipiter sur l'autre roman de l'auteur, Volia Volnaïa.

En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Katia, 20 ans, et Nastia, 24 ans, sont cousines et habitent à Belaretchensk, en Sibérie orientale.
La vie y est dure et l'argent manque. Nastia rêve de partir pour Moscou, échapper à la misère, s'éloigner de sa mère alcoolique et surtout pour y trouver le luxe et un homme riche, elle convainc Katia de l'accompagner, celle-ci voulant trouver l'argent nécessaire pour soigner son père accidenté et aider son frère prisonnier.
Leur arrivée dans l'eldorado rêvé est très difficile, pas d'endroit où se loger, pas de travail, pas d'argent...

Tout sépare ces cousines, autant Nastia est méchante, jalouse, envieuse, vulgaire, paresseuse, inculte et ne cherche qu'un homme riche pour l'entretenir, autant Katia est tout l'opposé, elle est pure, vierge, à beaucoup lu, travailleuse, aime Mozart et ne pense qu'à sa famille qu'elle veut aider, a des scrupules moraux ...
Contraste saisissant donc, un peu forcé peut-être si Victor Remizov ne nuançait pas quelque peu le portrait peu flatteur de Nastia.

Katia trouvera un travail de serveuse dans un restaurant, rencontrera Alexeï qui sera amoureux d'elle (mais partira étudier à Londres) puis après un événement dramatique Andreï, un milliardaire. Nastia vivra aux crochets de Mourad, un caïd.

le roman nous confronte à deux visages différents de la Russie d'aujourd'hui : la pauvreté extrême et le luxe opulent, les Moscovites et leur mépris pour les personnes arrivant des ex-républiques, il y a tout un monde entre les proches du pouvoir ou les oligarques véreux et les autres qui luttent pour simplement survivre, entre Moscou où la corruption règne et où tout peut s'acheter.

L'auteur détaille bien les deux principales protagonistes mais s'attache aussi aux personnages secondaires.

C'est une image cruelle de la Russie actuelle, de sa jeunesse qui rêve d'avenir.
le roman se lit facilement, il est parsemé de dialogues et ses 400 pages sont avalées rapidement


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Deux belles dévouchki (jeunes filles), originaires de Beloretchensk, une petite ville de Sibérie, décident de fuir la pauvreté et tenter leur chance en allant à Moscou.

Katia tente de gagner de l'argent pour aider sa famille : son père, professeur a été victime d'un accident avec une vertèbre brisée, il se retrouve en fauteuil. La mère, qui travaille dans une « usine à poissons », dérobent des poissons pour aller les vendre dans un marché très loin pour ne pas se faire prendre. Katia a aussi un frère, parasite, joueur invétéré, en détention, où il continue ses magouilles avec les surveillants et soutire régulièrement de l'argent à sa famille.

Il faut de l'argent pour tenter une intervention chirurgicale : un million de roubles au moins ! et aussi avoir accès à un bon chirurgien !

Sa cousine, Nastia, a des projets beaucoup plus fumeux : elle rêve d'être célèbre, d'épouser un homme riche, vieux, comme dans les séries télévisées et n'a aucune moralité.

Toutes les deux débarquent à Moscou et vont vivre dans le dénuement, Nastia tombant bien-sûr sur Mourad, un voyou, car elle ne cherche pas vraiment un travail, dépensant le peu d'argent qu'elle a pour des futilités (cf. le sac Gucci !) alors que Katia trouve du travail dans un restaurant et entre son salaire et les pourboires elle peut envoyer de l'argent à ses parents.

Elles finissent par trouver une colocation, qu'elle partage avec Alexeï, un jeune homme sympathique mais très (trop) romantique, timide dont les parents sont plutôt aisés, met il met un point d'honneur à ne pas dépendre d'eux. Il part à l'étranger alors que Katia vient d'être victime d'un viol dans des conditions sordides.

Elle rencontre alors un milliardaire, Andreï, qui a vingt ans de plus qu'elle mais qui va l'aider à surmonter ce drame. Il est différent des autres parvenus, lucide sur ce qui se trafique autour de lui. Il est attentif et prend soin d'elle car il est amoureux.

Avec lui, elle découvre le luxe, Venise, car il est propriétaire d'hôtels de luxe et a ses entrées partout.

Victor Remizov décrit très bien l'écart terrible entre les très riches et les très pauvres, les Moscovites qui méprisent ceux qui vivent à la campagne, qui méprisent aussi tous ceux qui quittent les républiques de l'ancienne URSS pour venir tenter de gagner leur vie à Moscou : Azeri, Tadjiki, Kirghizi, mais aussi Ukrainiens ou Géorgiens, faisant d'eux des émigrés qu'on rejette.

J'ai beaucoup aimé ce roman, où le rêve russe est battu en brèche, dans ce pays où l'argent est devenu roi, les milliardaires (dont l'origine des richesses est plus que douteuse !) pullulent, et la corruption omniprésente. Parfois, on a l'impressions de se retrouver dans un roman de Dostoïevski, mon auteur russe préféré, ou dans les « Bas-Fonds » …

L'auteur dénonce au passage, la presse encore plus muselée qu'à l'époque communiste, la violence omniprésente, ou « les gens qui vingt ans auparavant étaient épris de justice et de liberté et qui sont devenus veules… »

Je connais peu les auteurs russes contemporains, que j'ai longtemps boycottés, par allergie primaire (trop ?) au tsar, mais ce roman m'a beaucoup plu, il faut juste résister aux cinquante premières pages que j'ai trouvées « bébêtes » et un petit bémol aussi concernant les différences entre les deux jeunes filles Nastia et Katia qui sont souvent trop caricaturales à mon goût : le Bien opposé au Mal…

Ce roman est, néanmoins, un coup de coeur, et je remercie vivement les éditions Belfond qui ont accepté ma demande de lecture auprès de NetGalley.

Il est inutile de préciser que j'ai déjà rajouté le premier roman de Victor Remizov, « Volia volnaïa » à ma PAL!

#Devouchki #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Voici un roman brillant et intense, où les paradoxes donnent le ton au coeur de cette Russie moderne si contrastée ...
C'est le deuxième ouvrage de Victor Remizov, dont j'avais lu avec bonheur «-Volnia -Volnaïa  »partagé entre l'opulence trompeuse ——-de la capitale pétrolière orientale Moscou, qui brille de mille feux, ——-de loin dans cet immense pays , livré à l'incurie de ses dirigeants ——et la beauté lumineuse et glacée de la petite ville de Beloretchensk, au coeur de la campagne Sibérienne où les potagers et Les maisons individuelles s'amoncelaient sur la vaste Colline , bordée par la taïga ...
.
On y écoutait , immobile, le silence de la campagne , seules quelques mésanges donnaient une note colorée ,...la rivière était haute, les nuages mouchetés ...

On y pêche et des petites entreprises : usine d'huile de tournesol, de briques, il ne restait pas grand chose ....de l'usine de poissons ni de la « laitière », jadis d'importance régionale ...
Les gens vivaient des potagers , de la rivière et de la forêt....

Deux cousines jeunes et belles, au caractère diamétralement opposés Katia et Nastia , lassées de voir leur quotidien s'embourber dans la misère , rêvent d'avenir et de nouveautés , de bon travail.

Las! Elles débarquent à Moscou, ce qui leur avait semblé un palais chatoyant , la gare , devient inhospitalière et tracassière...

Nous suivrons leur périple durant près de 400 pages...
Katia , la brune , idéaliste , cultivée, passionnée de musique classique,innocente a lu presque tous les classiques,( elle aime plus particulièrement Tolstoi et Mozart ) amoureuse de littérature, elle n'a jamais eu de relation charnelle.

Incroyablement attachée à ses parents et à sa famille, elle leur enverra de l'argent dès qu'elle le pourra ..

Nastia, la blonde, un brin vulgaire, croqueuse d'hommes, intrigante, terre à terre, fourbe parfois, envieuse souvent, amatrice de coups fourrés, s'amendera à la fin,.


Katia tentera de sauvegarder ses valeurs et son fol amour filial ...je n'en dirai pas plus .


L'auteur dresse un constat, un état des lieux de la Russie féroce , «  Nous sommes dirigés par une force stupide qui ne sait rien dire par elle même à part confisquer les biens d'autrui. »

Une jungle urbaine, chaotique où l'argent sale est roi, où la débauche et la misère , la futilité et la corruption , la brutalité, se côtoient au plus près ,...

Un abime entre la beauté de la Nature , généreuse et la ville insalubre ....et dangereuse ...
Un ouvrage d'apprentissage romanesque entre noirceur et lumière contrastant entre l'amour fou et la violence , la naïveté et la droiture, rongé par l'incurie d'un pouvoir détraqué dans un immense pays ..... «  On ne peut pas épouser une âme , on ne peut que l'aimer » .

Un coup de coeur pour moi, lu une grande partie de la nuit.
Merci à ma chère Idil, qui se reconnaîtra ,..


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Les tribulations de deux cousines russes à Moscou
*
L'auteur, Victor Remizov ne m'est pas inconnu. J'avais lu une partie de son 1er roman Volia Volnaia puis abandonné lâchement. Je le regrette. La lenteur du récit m'a dérangé. Puis à l'issue de son second roman (celui-ci), je me suis rendu compte que cette lenteur avait quelque chose de typiquement russe. Une sorte de langueur à forte connotation romantique (dans le sens littéraire).
Autant le premier parlait de la nature contemplative, autant Devouchki raconte une portion de vie dans un Moscou plein de fureur.
Dit comme ça, ils n'ont rien en commun.
*
Focus sur l'immense Sibérie, dans un petit village de pêcheurs, dans une famille pauvre mais aimante. Katia, notre héroïne va devoir aller "à la capitale" pour quitter cet avenir misérable. Sa cousine, la belle et fougueuse Nastia l'accompagnera.
Moscou, ville de toutes les tentations, véritable jungle, les engloutira.
Nous suivons donc deux parcours bien distincts. Deux jeunes filles très différentes qui feront des choix et devront assumer les conséquences.
Pleines d'espoir, elles rêvent d'amour tendre, d'argent gagné facilement (pour envoyer à la famille restée en province). Chacune, à sa manière, devra subir bien des épreuves pour sortir la tête hors de l'eau et préserver ce qu'elle a de plus cher: la liberté.
*
J'ai apprécié ce récit à deux voix, ce parcours non linéaire où chacune débute avec les mêmes chances mais qui, au final aboutit à deux expériences différentes.
Le cliché de la fille capricieuse et "vacharde" me semble un peu trop accentué. D'ailleurs, la caricature de la fille naive et innocente également. Mais cet ensemble fonctionne bien malgré tout.
Le portrait d'une Russie actuelle exsangue avec cette corruption bien présente ainsi que la pauvreté et le manque de travail est réussi. Ainsi que la présence d'oligarques prétentieux et presque maîtres de la vieille Europe.
J'ai aussi appris que les purs Moscovites ont la dent dure avec les "étrangers" frontaliers tels les Azeris, Ukrainiens, Georgiens...
*
Ce roman d'apprentissage s'est lu d'une traite. Il parle d'amour. Cet amour russe qui est insufflé dans chaque geste, chaque parole. Le tout dans une belle écriture lyrique et magnifique. Avec un souffle romanesque (je le reprécise) qui donne envie de visiter non pas la ville (où l'argent est roi) mais bien la campagne qui a encore gardé son charme d'antan.
*
Merci à Netgalley et Belfond pour ce beau roman.
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ZA ZDOROVIE ! [*]

Comment est-il envisageable d'être jeunes, belles, diversement cultivées et intelligentes, indépendantes socialement, financièrement et loin de ses parents d'origines modestes, dans la Russie contemporaine ? C'est un peu à cette quadrature du cercle que le romancier russe Victor Remizov essaie de répondre au fil de ce second roman intitulé (pour sa "traduction" française, mais nous y reviendrons) «Devouchki», à savoir "Les filles".

Nous y rencontrons deux cousines (au second degré nous est-il précisé), la belle Nastia, véritable "croqueuse d'hommes" et l'encore plus belle mais surtout charmante et pure Katia qui vivent dans un des ces gros bourgs reculés du fin fond de la Sibérie, dans l'oblast (plus ou moins l'équivalent de nos régions administratives) d'Irkoutsk, à Beloretchensk au bord de la rivière Angara. (NB : pour info, cette ville russe existe bel et bien mais... se situe en réalité aux abords de la Mer Noire, dans le Nord-Caucase, non loin de la Géorgie. L'auteur a sans aucun doute souhaité brouiller les cartes, rappeler que tout cela est inventé mais pourrait se passer partout ailleurs en Russie). Si les deux jeunes filles partagent un quotidien relativement identique fait de moments difficiles, de vies compliquées (la première n'a pas connu son géniteur et vit avec sa mère alcoolique. le père de la seconde, ancien professeur de mathématiques très aimant, est lourdement handicapé des suites d'un stupide accident de chantier et ne peut plus travailler), d'argent qui manque toujours, celles-ci n'ont guère que leur grands parents en commun tant elles ne se ressemblent psychologiquement et humainement pas. Nastia, vingt-cinq ans, est "délurée", sans culture ni d'une intelligence notable mais maline et sûre d'elle, dure avec ses semblables, déjà très mûre et pour le moins désabusée ; à l'opposé, Katia est l'innocence et la bonté mêmes, la fraîcheur de la jeunesse en sus. Son existence est rébarbative, certes, mais elle garde espoir de pouvoir suivre ces études de médecine que son intelligence vive et sa grande culture - aux dires de sa cousine qui n'en comprend pas l'intérêt, se moquant même auprès de ses conquêtes du fait que Katia a déjà lu tous les classiques russes et prend son pied en écoutant Mozart - sont en droit de lui offrir. Il y a malheureusement un grain de sable, un énorme grain de sable dans cette vie certes âpre mais assurée : le grand frère, emprisonné pour petit trafic de stupéfiant, et que l'incarcération a transformé en monstre d'égoïsme doublé d'un pur profiteur drogué au poker. Sous prétexte d'amélioration de sa condition, de révision de sa peine, ce Fiodor (un clin d'oeil aux terribles Carnet du sous-sol d'un autre Fiodor... Dostoïevski ?) demande sans cesse plus d'argent - quand ce ne sont pas les gardiens corrompus - à cette mère qui peine déjà à joindre les deux bouts pour nourrir cette grande fille, ce père immobilisé et un petit dernier, tard venu mais fierté de la famille, prénommé Andriouchka.

À force de conviction, d'encouragements, Nastia va finir par convaincre Katia de la suivre dans son désir de mettre les voiles pour aller faire fortune, par un moyen ou un autre, dans la lointaine et fascinante capitale moscovite. Mais si la première est sûre de ses charmes - et de se dégoter tôt ou tard un riche millionnaire qui saura l'entretenir comme il faut - la seconde est bien moins certaine de savoir comment se débrouiller dans cette jungle urbaine dont elle ne connait aucune des règles de survie. Malgré une première semaine de galère durant laquelle leurs minces économies filent comme le vent - d'autant que Nastia est un véritable panier percé, fascinée qu'elle est par les lumières de la ville -, la chance semble peu à peu leur sourire, d'abord en la personne d'un jeune tadjik, Sapar, diplômé de médecine dans son pays mais simple serveur au café de la gare ici, et qui les prend sous son aile, d'abord parce qu'il connait la galère de débarquer de province, sans rien ou presque, dans cette capitale impitoyable avec les faibles, ensuite parce qu'il finit par tomber amoureux de Nastia. Mais cela n'est pas assez bien pour cette jeune femme - certes plastiquement superbe mais dont on comprend très vite qu'elle est tout aussi terriblement intéressée qu'elle est... insupportablement vulgaire. Ce qu'un personnage croisé dans le roman ne se gêne d'ailleurs pas pour lui dire - qui préférera s'amouracher d'une petite frappe, surveillant en chef pour le compte de plus gros bonnets que lui d'un marché de quatre saisons, Mourad, l'azéri. de son côté, c'est le hasard le plus parfait qui va faire entrer la timide et réservée Katia dans un restaurant géorgien en vogue : son patron a décidé de confier sa communication à un célèbre photographe qui va tomber en émoi devant la jeune femme assise sur un banc à l'entrée et qu'il prend pour l'une des employées. de fil en aiguille, notre jeune héroïne bien malgré elle va devenir à la fois l'égérie de cette grande table, la "chouchoute" des membres du restaurant, à commencer par son chef, ainsi qu'une serveuse plutôt douée et appréciée. Au grand dam de Nastia qui se voit obligée de faire ce qu'elle faisait déjà en Sibérie - vendre sur des marchés, ce qui semble être une situation assez peu glorieuse en Russie -, n'ayant su convaincre son éventuel employeur de la prendre comme serveuse dans un restaurant un peu chic parce qu'elle s'est trouvée incapable de répondre convenablement à une question posée par ce patron concernant La Guerre et la Paix du grand Léon Tolstoï (ce qui, évidemment, lui paraît parfaitement stupide et incongru pour un tel travail).

Grâce à cet emploi inespéré - et payé au-delà de ses espérances et même de son sens moral - Katia va enfin pouvoir se loger décemment dans un petit immeuble où réside déjà le jeune Alexeï, fils unique d'un célèbre journaliste mais qui souhaite s'en sortir sans l'aide de personne. Ces deux-là vont assez rapidement sympathiser, malgré leur retenue pataude et un peu niaise. C'est dans les mêmes moments qu'elle va aussi croiser la destinée d'Andreï, un richissime quadragénaire, patron d'une chaîne d'hôtels de luxe, à l'occasion de la soirée d'anniversaire organisée dans sa superbe maison d'architecte. de son côté, la cousine Nastia fera le choix de s'installer, sans véritablement le lui demander, chez Mourad. Mais les temps sont durs pour ces deux êtres un peu perdus, d'une violence intérieure à peine contenue et d'un sens moral des plus faibles. Dès lors, une indiscrétion "sur l'oreiller" de la sibérienne, entremêlé d'un vieux fond de jalousie et d'une profonde incompréhension à l'encontre de la trop parfaite Katia (entre autre celle de ne pas "tomber dans les bras" de ce millionnaire pour s'en faire entretenir, situation dont Nastia rêve plus que tout au monde) vont être le déclencheur d'une vente en tout point horrifique et inhumaine, sans que la première concernée en sache bien sûr rien : La virginité de Katia sera vendue comme une vulgaire marchandise par l'entremise de Mourad à l'occasion d'un véritable traquenard festif à un gros azéri obsédé de défloraison, non sans la complicité active de la cousine aînée...

La scène qui en découlera, les moments affreux qui suivront, seront, en quelque sorte, le point d'orgue du roman ainsi que son point de bascule. Plus rien ne pouvant évidemment être "comme avant"... Et le roman, jusqu'ici vraiment prenant, rythmé, intense et parvenu plus ou moins à la fin de sa première moitié de s'enfoncer à son tour dans une cadence un peu plus mollassonne, oscillant entre le mièvre et le ronronnant, entre l'amphigourique et le pathétique, entre l'irréaliste et le déjà-vu, qui met principalement en scène l'histoire d'amour sans avenir entre la jeune femme au bord du suicide (ce que l'on comprend assurément) et le riche homme d'affaire "patient, débonnaire et compréhensif". C'est à partir de ce moment-là que, il nous faut bien l'avouer, le roman a cessé de nous captiver pour ce qu'il était : une peinture sans concession de la société russe - et surtout moscovite - contemporaine. Sans concession, oui, dure aussi, parfois violente, affreusement matérialiste, où l'alcool coule à flot, pour un oui, pour un non, où l'argent est l'alpha et l'omega de presque tout, où les mafias (pas forcément démesurées) règnent en maître là où une police copieusement corrompue n'est pas présente ; un monde à plusieurs vitesse mais sur lequel surnage une petite minorité absolument hors d'atteinte - et porteuse de tant de fantasmes - du reste de la population ; un univers d'un machisme et d'un sexisme épouvantable comparativement au notre, pourtant bien loin de toute perfection en la matière. Pour simple exemple, ces quelques mots lâchés par un des personnages, pourtant pas des pires, mais qui se passent de commentaire : "Je te souhaite un homme comme ça, parce que le plus important chez une femme... c'est l'homme auquel elle appartient" ; un univers largement "aculturé" ou même "déculturé" ne connaissant plus grand chose de sa longue histoire, de sa magnifique littérature - à commencer par son XIXème extraordinaire -, de sa musique, de son théâtre (un des motifs réguliers de moqueries de la part de Nastia envers sa cousine tellement plus "classique") ; un urbanisme et un état social souvent sordides, tristes, délabrés, pauvres... Mais on y croise aussi tout un peuple métissé, bigarré, originaire des quatre coins de la Russie moderne ou de ses anciens états satellites - bien que tous ces petits mondes en miniature ne semblent guère se croiser qu'incidemment au détour d'une rue, d'une place ou d'un restaurant -, société cosmopolite haute en couleur, partageant un goût commun pour le bien manger (et la boisson aussi... beaucoup, en dehors des ressortissants de confession musulmane, et de la "parfaite" Katia, qui ne boit qu'occasionnellement et en faible quantité. Ce qui changera d'ailleurs provisoirement un peu, après "le drame")... On se surprend aussi à y rencontrer de braves gens, plutôt honnêtes, des hommes, surtout - car malgré la présence évidente des deux cousines, c'est un monde très masculin qui est représenté ici - capables de grands mouvements de bonté parfaitement gratuite, que l'on songe au jeune serveur Spar, même si, par la suite, c'est par amour sans espoir pour Nastia qu'il agit, que l'on pense aussi à ce chef débonnaire de cette table géorgienne réputée, ou encore au chauffeur attitré - un homme terriblement secret - de ce restaurant. Il y a bien évidemment le jeune Alexeï, une sorte de Katia au masculin dans sa pureté amoureuse naissante, naïve, innocente, maladroite et sincère. Or, même l'homme d'affaire expérimenté, roué, intraitable en affaire, riche à million et épicurien qu'est Andreï n'échappe pas à ce sentiment qu'il réside du bon dans l'homme. Il a beau arranger les choses uniquement à sa sauce, tout habitué qu'il est à commander et ses ordres immédiatement saisis d'effet, et dans le sens qui arrange le mieux sa conscience (à l'égard de son épouse, de ses enfants, de sa jeune amante), il a beau finir par demander l'impossible à cette jeune femme qu'il aime profondément, même si à sa manière de décideur omnipotent et omniscient, il n'en demeure pas moins profondément humain et doué de grands moments de bonté sans attente réelle de réciprocité.

Cependant, peu à peu, le roman perd de son rythme, perd de son "punch", passe de plus en plus à côté de cette peinture sociale qui en faisait, pour une large part, sa richesse et, il nous semble, son intérêt premier, mais sans jamais tomber dans l'exercice documentaire. Il s'enfonce dans une sorte de huis-clos amoureux avec un peu de Nastia/Mourad et beaucoup de Katia/Andreï, le jeune Alexeï jouant le rôle de trublion satellite dans cette histoire interminable dont on devine pourtant très vite la conclusion presque obligée. Dès lors, et pour reprendre une excellente comparaison trouvée par cette chère Bookycooky au cours d'une passionnante discussion ici-même, la seconde moitié du roman ressemble à l'idée que l'on peut se faire de romans à la Barbara Cartland. Il s'y propage, qui plus est, une succession d'idées, d'idéaux, de thèmes particulièrement réactionnaires sur l'amour, sur la procréation, sur la foi, sur la famille, sur la place des femmes dans la société et dans la sphère privée, sur l'avenir. Il est possible que cela ressemble à ce qu'est la Russie actuelle. Cette tendance à un retour massif aux supposés "valeurs éternelles", traditionnelles (pour ne pas écrire "traditionalistes", expressément familiales (dans sa version la plus renfermée) procède même sans aucun doute d'un vaste mouvement mondial qui ne laisse pas d'être inquiétant (toujours de notre humble point de vue). Il apparaît même un personnage assez inattendu dans cette ultime partie du récit, et qui correspond très certainement à un véritable renouveau de la foi et une certaine renaissance de l'Eglise Orthodoxe Russe en la personne d'un vieux prêtre quasi mystique, présenté comme un véritable saint homme, sage et invariablement bon (sauf dans l'esprit d'Andréï... Force est de reconnaître que nous avons, pour d'autres motifs que lui sans doute, une vision assez proche de la sienne de ce retour en grâce des églises et de ses prosélytes). Une vision malgré tout archaïque qui fait de la femme le support destiné à un but moral et divin ultime : la procréation, l'amour n'étant plus désormais que son vecteur "naturel", non plus un échange possiblement gratuit et sans objet particulier que lui-même, éventuellement érotique, entre deux êtres. Difficile de savoir si l'auteur défend quelque thèse personnelle que ce soit, même si la manière très délicate et respectueuse de présenter les quelques brèves mais fatidiques rencontres entre une Katia (laquelle a d'ailleurs plus ce que l'on surnomme "la foi du charbonnier" qu'elle n'éprouve un sentiment religieux construit de longue date, s'appuyant sur des lectures, des rites, des professions de foi), et ce quasi ermite moderne pourrait faire pencher la balance vers cette théorie, mais c'est tout de même trop ténu pour pouvoir l'affirmer aussi abruptement. D'autant que, nous le dirons plus loin, l'inverse peu s'avéré tout aussi exact.

N'empêche, un léger sentiment de gêne s'est emparé de votre lecteur, assurément laïc, plutôt "progressiste" en matière de moeurs et définitivement agnostique pour ne pas préciser méfiant envers quelque dogme que ce soit : le doute étant suffisamment raisonnable, comme on le dit en matière de justice, pour que votre serviteur se pose quelques questions quant aux intentions de l'auteur. le doute est d'autant plus fort que le titre original de ce roman n'est pas du tout ce "Devouchki" certes sympathique et moderne que l'on peut traduire par "Les Filles", voire "Jeunes filles", mais "Iskushenie" qui prend une tournure bien plus religieuse et morale puisque cela signifie sans hésitation possible : "Tentation" (c'est exactement le mot employé par la version russe du Notre Père dans cette strophe «Et ne nous laisse pas entrer en TENTATION»). Ce titre exact éclaire d'ailleurs l'ensemble du roman d'une manière presque totalement différente de ce "Les Filles" un rien provocateur et naïf à la fois mais toutefois bien plus anodin et plus descriptif qu'analytique. D'où ces interrogations qui nous ont semblé parfaitement justifiées quant à cet aspect très traditionnel du sens de la destinée développé dans la fin de l'ouvrage. Une autre hypothèse serait de se demander à quoi correspond cette tentation si souvent synonyme de péché : L'envie de s'en sortir à n'importe quel prix ? Un certain goût pour le luxe et le sexe sans entrave ? La paresse qui découle d'une vie rendue facile par l'excès d'argent ? Ces insatiables plaisirs gourmands de l'estomac et cette soif alcoolique démesurée ? La colère liée au fait de ne pas parvenir à ses fins, qui vous fait vendre votre plus proche parent ? le fait de se montrer infiniment avare de ses sentiments ? Ou encore l'orgueil de cette petite minorité qui a tant réussi sa "perestroïka" ultra-libérale et qui se suppose tellement au-dessus du commun des mortels qu'elle en devient mortifère ? À moins que l'apparence, véridique ou obsessionnelle, de ces péchés jugés jadis capitaux (certes en terre catholique, mais tout de même : la foi orthodoxe n'est pas à ce point lointaine qu'il ne puisse y avoir le moindre point commun) ne soit rien en comparaison de ce retour en force des idées les plus rétrogrades, sexistes, racistes, religieuses qui parsèment le roman... Ultime interrogation, plus technique celle-ci : le pourquoi de ce choix d'un titre russe pour... un autre titre russe. Est-ce à cause de la prononciation plus hasardeuse, dans notre langue, de l'original ou bien ce terme "tentation", ainsi que tout ce qu'il sous-entend, risquait-il d'être mal perçu par le public français, de condamner le livre à une mauvaise réception et, partant, de mauvaises ventes (après une forcément très longue et très poussée enquête marketing...) ? Nous ne le saurons sans doute jamais : ainsi va la petite cuisine du monde de l'édition et l'univers étrange des droits de traduction !

Il ne fait aucun doute que ces thématiques ont toutes leurs raisons à être, qu'elles sont même essentielles, mais il nous a vraiment semblé que c'était abordé ici avec une certaine maladresse, sans réelle profondeur, avec, même, inconsciemment, l'expression d'un genre d'ennui poli de son auteur qui nous a dès cet instant semblé ne plus tout à fait savoir comment achever son livre sans lasser, se répéter. Les personnages, jusqu'ici modérément archétypaux, échappaient aux modèles courus d'avance, à l'exception, sans doute, de sa Katia, décidément trop parfaite, trop pure, presque éthérée pour être totalement crédible, une sorte de Mlle Candide au pays de Poutine - mais indispensable, pourtant, à la trame du récit -, ainsi que la relation "Bien contre Mal" des deux cousines parfois outrée. Or, dans cette seconde moitié, tout devient manichéen, simpliste, mièvre, attendu, n'échappant à aucun des écueils du genre (des échanges emphatiques mais souvent creux suivis ou précédant des décisions aberrantes ou n'offrant qu'un intérêt limité) et, pour tout dire, un peu plat. Il n'est pas jusqu'à la construction du récit qui se délite : jusque-là, chaque chapitre était équilibré, solide, bien construit... Jusqu'aux deux ultimes. le 18ème étant purement interminable, sautant régulièrement du coq à l'âne (mais surtout de personnages en personnages sans lien logique), tâchant d'accélérer le temps tandis que c'est plutôt l'ennui qui s'installe et plus que jamais ce manque cruel de rythme qui était pourtant si vif dans la première moitié du livre. Quant au dernier, il est réglé en deux t
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À Beloretchensk, en plein coeur de l'immense Sibérie, Katia et Nastia, la vingtaine, lasses de voir leur quotidien s'embourber dans la misère, décident de quitter leur province natale pour les lumières de la capitale.
Elles rêvent d'avenir, d'argent, d'amour ; elles rêvent d'amitié, de joie, de nouveauté. Mais c'est le Moscou de l'argent sale, du mensonge et de la violence qui les accueille. À peine descendues du train, les voici traquant toit, travail, nourriture, craignant à chaque minute de devoir retourner auprès de leurs familles et assumer un échec.
Livrées à elles-mêmes dans une jungle urbaine d'une brutalité inouïe, les deux devouchki se verront contraintes de garder la tête froide pour éviter d'avoir à commettre le pire et de sacrifier ce qu'elles ont de plus cher : l'espoir.

Une petite révélation de la littérature russe contemporaine. Un roman de type initiatique qui narre les tribulations de deux cousines de Sibérie dans la grande ville de Moscou. Tous les ingrédients du roman russe sont présents : le caractère introspectif des personnages, une réflexion sur le bien et le mal et une dose de fatalisme. On explore tour à tour les thématiques du vice, de l'amour, de l'ambition, du sens du devoir. Un bon équilibre entre la noirceur et la lumière. L'écriture est fluide, facile à lire et le roman se lit d'une traite. Je vais m'empresser de découvrir son premier roman. Un de mes coups de cœur 2019.
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J'ai beaucoup aimé le précédent roman de l'auteur « Volia Volnaïa ».
Dans ce nouveau livre, on suit deux jeunes filles qui montent à Moscou.
Les perspectives sont très limitées dans le petit village sibérien qu'elles quittent.
Deux jeunes filles, sans formation, sans point de chute, sans argent… que pourrai t'il mal se passer ?

Une des jeunes filles est assez vulgaire, l'autre cultivée, belle et pure. Ces différences sont sans cesse rappelées. On sent un peu trop le manichéisme du récit.
Oui, les personnages et ce qui va leur arriver perdue à Moscou est très, trop, prévisible.
C'est sordide.
Tout tourne ou presque autour de l'argent.
Les exceptions sont rares, infiniment rares.
Et l'histoire trop convenue ne m'a pas accroché.

Par contre, rappel très utile : il n'y a pas que des Russes en Russie ! On l'oublie trop facilement les Ukrainiens, les Arméniens, les Azéris… le rappel n'est pas inutile. On croit la Russie bien plus homogène quelle n'est.

Autant la taïga était bien décrite, autant la ville de Moscou est un décor discret et quasiment peu décrit.

Vous l'avez compris, l'auteur est bien plus à l'aide pour décrire la nature sauvage que la nature sauvage des humains que l'ont peu croiser dans une ville obnubilée par l'argent.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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