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Critique de Seraphita


Dans l'actuelle Sibérie orientale russe, au bord de la taïga vaste et rude, des hommes vivent de la pêche et de la chasse. Pourtant, le fruit de leurs récoltes est soumis aux lois arbitraires du pouvoir et de son bras armé, la milice. Quand l'un de ces autochtones ose s'en prendre de manière virulente au chef de la milice et à son adjoint, il déclenche un véritable séisme. Une chasse à l'homme va s'engager dans la taïga, des forces spéciales du pouvoir central venant en renfort. A Rybatchi, l'événement interroge les habitants ; certains décident d'ailleurs de se lancer dans la taïga pour aider l'homme pourchassé.

« Volia volnaïa » est le premier roman de l'écrivain russe Victor Remizov, publié en 2014. le parcours de cet auteur, né en Russie en 1958, navigue entre nature et littérature : il a travaillé comme géomètre expert dans la taïga, puis en tant que journaliste et professeur de littérature russe. Ce roman est un hymne bouleversant à la beauté rude et sauvage de la taïga sibérienne ainsi qu'à ses habitants, tiraillés entre traditions et appel à la modernité.
Dans une écriture portée par une poésie simple et, dès lors, envoûtante, l'auteur fait vivre les grands espaces enneigés, les pins qui s'inclinent face à la puissance du gel, les animaux qui se fraient un chemin pour survivre au sein de ces contrées hostiles. Dans ces territoires, le chasseur ressent de façon accrue la force et la fragilité de sa solitude. C'est ce sentiment que les autochtones viennent chercher, cet appel à la liberté qui se conquiert à la force de la survie. D'ailleurs, une note explique le sens du titre du roman : « Volia volnaïa, « liberté libre », comprend l'idée de grands espaces à parcourir et de risque, souvent associée à la figure du Cosaque, du guerrier, du bandit. Volia signifie à la fois liberté et volonté. » (p. 386.)
Pour autant, la soif de liberté se heurte bien souvent à la soumission à l'autorité. L'un des chasseurs, venu de Moscou, va en faire l'expérience en peu de temps : alors qu'il avait réussi à tuer un ours qui le pourchassait, le voilà qui accepte l'asservissement de représentants de la loi et qui vient trahir des autochtones.
Toute la force du roman de Victor Remizov réside dans cette dialectique entre la quête de la liberté et l'asservissement face au pouvoir, la révolte et la soumission. Les chasseurs ont beau fendre la glace des lacs pour se nourrir, la surface brisée gèlera de nouveau quand les remous auront cessé. Pour autant, la volonté de liberté demeurera au fond des coeurs humains, telle une étincelle prête à embraser un quotidien figé dans la gangue des habitudes.
Malgré quelques longueurs, « Volia volnaïa » est un hymne envoûtant à la liberté des grands espaces, vient conter sa beauté hypnotique et se conclut d'une manière magistrale et époustouflante. Au terme de cette chasse à l'homme, chacun des protagonistes sera amené à revisiter le sens de sa propre existence.
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